On prête à l’artiste américain Andy Warhol d’avoir dit que chacun allait avoir droit dans sa vie à un quart d’heure de gloire. L’avènement du smartphone et des réseaux sociaux permet de concrétiser cette prédiction, parfois pour le meilleur, souvent pour le pire. Agression d’Éric Zemmour, virée punitive communautariste : de récents exemples illustrent de façon éclatante le pire que la recherche maladive de notoriété médiatique peut entrainer.
Le 30 avril, une vidéo mise en ligne sur le réseau social Snapchat mettait en scène un jeune issu de l’immigration en train de vilipender Éric Zemmour. Bien que les médias aient été longs au démarrage à couvrir cette agression verbale, le fait qu’elle ait fait le tour des réseaux sociaux et qu’elle concerne le journaliste vedette de CNews a amené le Président de la République à s’entretenir longuement avec l’écrivain et journaliste à la suite de cet événement.
Agressions filmées diffusées sur les réseaux sociaux : un phénomène en pleine expansion
Ce fait n’est pas isolé. Signe d’un ensauvagement de la société, les agressions filmées diffusées sur les réseaux sociaux sont de plus en plus en nombreuses. On peut même parler d’un phénomène de société et d’un nouveau genre d’« informations » sans autres explications que celles données par son auteur.
Meurtres, viols, agressions en tous genres, c’est autant le plaisir gratuit de la violence qui est recherché que la gloire éphémère d’être un héros pour sa communauté ou son réseau. Les médias regorgent de ces mises en scène sordides où l’abject côtoie la bêtise la plus crasse. Le genre est maintenant si développé qu’il porte un nom, le « happy slapping ». L’expression française est plus large : « vidéos agressions ».
Dès 2015, face à l’ampleur grandissante du phénomène, la Police nationale communiquait sur les risques encourus par ceux qui s’en rendent coupables. La page internet dédiée nous le montre : les peines réprimant ces faits pouvant être prononcées à l’issue d’une procédure pénale sont lourdes.
Les vidéos agressions et l’emprise des réseaux communautaristes
Ces avertissements ne semblent pas freiner les ardeurs de certains, bien au contraire. Trois vidéos d’agressions viennent coup sur coup illustrer la bêtise qui se propage au sein d’une frange de la population.
Le 18 avril, un jeune homme tentant d’échapper à un contrôle de la police à Villeneuve-la-Garenne chute de sa moto. Très rapidement, de nombreux comparses venaient filmer l’intervention de la police. Un jeune homme accompagnait l’une ces vidéos vite mise en ligne sur les réseaux sociaux par des explications toutes personnelles de l’accident, qui aurait été causé selon lui par une agression des policiers. Il n’en fallait pas plus pour mettre en émoi l’amicale des quartiers. Et qui dit émoi dit aussi tirs de mortiers, incendies, agressions de policiers et autres joyeusetés. Des émeutes qui ont concerné de très nombreuses banlieues selon une source policière qui se confiait au Figaro, loin d’évènements maitrisés comme le laissait entendre le ministre de l’intérieur. Qu’importe si comme le relate Actu17 les premiers éléments de l’enquête affaiblissent l’hypothèse de la bavure. Les racailles n’allaient pas rater une si belle occasion de s’amuser nuitamment…
Le 30 avril, c’est Éric Zemmour qui est victime d’une agression verbale très rapidement diffusée sur Snapchat. Un torrent d’insultes qui n’ont pas eu l’heur d’émouvoir l’écrivain qui affirme avoir le cuir dur.
Le 17 mai, c’est un jeune noir dont le visage plein d’ecchymoses vraisemblablement suite à un tabassage en règle qui est filmé et mis en ligne sur Twitter, nous informe le site de revue de presse Fdesouche. La raison : il se serait fait passer pour un musulman pour draguer des maghrébines. Certains invoqueront la défense de la oumma, la communauté des croyants musulmans, d’autres accusent le jeune tabassé d’avoir dragué des mineures. Il n’en fallait pas plus pour qu’une association communautariste réagisse immédiatement à l’agression d’un des leurs. L’affaire n’a cette fois-ci pas eu plus de retentissement que les réseaux sociaux. Un règlement de compte communautariste, quoi de plus banal.
Le point commun à toutes ces histoires : les auteurs des faits relatés ne se contentent pas d’agresser verbalement ou physiquement leur victime. Ils les mettent en scène et les font partager dans la recherche d’une reconnaissance de « la communauté ». La recherche de l’exposition médiatique est également évidente. Au-delà du côté spectaculaire de ces affaires, c’est une justice parallèle et une partition de la société française en communautés qui se dessinent en creux, et dont les médias traditionnels ne saisissent pas toujours les enjeux. Toujours aucune réaction de Laetitia Avia à ce jour face à ce torrent de haine…