Que celui qui n’a jamais piraté un site payant fournissant un film, une information cryptée d’un journal, une photo, un catalogue, lève la main ? Personne ? Vous n’êtes pas seuls, la prolifération des vidéos et films uniquement fournis par abonnement encourage une nouvelle vague de piratage.
15% de la bande-passante mondiale consacrée à Netflix
C’est une étude de l’institut américain d’observation d’internet Sandvine qui nous l’apprend : si les vidéos (celles concernant la pornographie incluses) représentent 58% du trafic descendant de la toile, Netflix en occupe à lui seul 15%. La navigation classique (informations par mots clés, lecture de documents, etc…) n’en occupe qu’à peine un peu plus, soit 17%. Si YouTube dépasse les 11% de la bande passante descendante, les jeux à eux seuls sont proches de 8%, Amazon en forte croissance est déjà à 3%.
Retour du piratage
Une analyse du trafic ascendant révèle que BitTorrent (qui permet dans certains cas de pirater des sites payants) qui avait fortement chuté renaît de ses cendres en s’adjugeant 22% du trafic ascendant mondial. Pourquoi ? L’immense succès de Netflix, que nous avons analysé ici dès 2014 et encore plus récemment ici a créé des émules. Hulu, Amazon, HBO, BBC iPlayer proposent – tout comme leur principal concurrent — des programmes à la demande, sur abonnement payant bien entendu. Alors que plus de la moitié des contenus descendants sont maintenant cryptés (pour prévenir la fraude) sur la toile, les coûts pour l’utilisateur honnête ne sont pas négligeables. L’abonnement simple à Netflix en France coût près de 100 € par an, celui pour HBO dépasse les 150 €, alors que Hulu propose des prix allant de 70 € annuels (avec acceptation des publicités) à plus de 350 € (avec plusieurs chaines câblées). La plupart des abonnés sont prêts à payer pour une chaîne, quelques uns pour deux, pour le supplément le piratage est bien tentant et BitTorrent n’a pas fini de ruisseler.
Mais une donnée semble sortir du lot. Alors que BitTorrent voyait lentement mais sûrement son utilisation chuter avec l’arrivée des offres de streaming, le protocole revient sur le devant de la scène. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 22% du trafic ascendant mondial est consacré à BitTorrent. En Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA) cette part monte à 31%.
Le piratage renaît de ses cendres
Comment expliquer ce regain d’intérêt pour les plateformes de torrents ? La complexité des offres des multiples plateformes streaming et la prolifération de contenus exclusifs.
« De plus en plus de sources produisent du contenu « exclusif » disponible sur un seul service de diffusion : pensez à Game of Thrones pour HBO, à House of Cards pour Netflix, à The Handmaid’s Tale pour Hulu ou à Jack Ryan pour Amazon », énumère Cam Cullen de Sandvine. Pour avoir accès à tous ces services, le coût est très élevé. Les consommateurs s’abonnent à à un ou deux services maximum et piratent le reste. »