La bien-pensance libérale-libertaire a créé le terme fake news. D’abord pour se consoler d’évènements politiques qui ne seraient pas arrivés (le Brexit, l’élection de Trump, le changement politique en Italie) si le peuple avait été bien informé et non égaré par les fausses nouvelles. Ensuite et surtout pour censurer à tout va afin que de tels faits regrettables ne se reproduisent pas.
Un numéro de la lettre Retronews de la Bibliothèque Nationale de France du 25 juin 2018 nous rappelle que le phénomène des fausses nouvelles, bobards, bouteillons ne date pas d’hier. En 1800 la Clef du cabinet des souverains glosait :
« … le nouvelliste qui veut se distinguer ne doit dire que des mensonges d’une utilité réelle, et dont les effets ne puissent jamais devenir nuisibles. La patrie vient-elle d’essayer quelque revers ? a‑t-on perdu une bataille ? Le nouvelliste patriote et éclairé ne tait pas un fait déjà connu, mais il accompagne son récit de circonstances qui en diminuent l’impression.
Nous avons cédé, dira-t-il, le champ de bataille, il est vrai ; mais l’ennemi a fait une perte plus considérable que la nôtre, et il est perdu sans ressource, s’il obtient encore une semblable victoire. Se piquer d’être exact et sincère dans les relations des malheurs récents, c’est faire un étrange abus de la fidélité historique, et se montrer mauvais citoyen. »
En 1849 le ministre de l’intérieur de l’époque, Jules Dufaure prend des mesures :
« Jusqu’à ce jour, nos lois n’avaient point prévu, par une disposition spéciale et précise, la publication ou reproduction de nouvelles fausses, de pièces fabriquées ou mensongères, lorsque cette publication ou cette reproduction est faite de mauvaise foi ou dans le but de troubler la paix publique.
Depuis quelques mois ces détestables expédients ont été trop souvent employés ; on a publié ou reproduit de prétendues dépêches télégraphiques, des lettres fausses ou renfermant des détails mensongers et calomnieux, cherchant ainsi à soulever la haine contre le gouvernement et à fomenter des séditions. »
S’attirant deux ans plus tard l’ironie du Journal de Saint Quentin :
« En quoi consiste une nouvelle fausse ? Une simple erreur de fait, comme il en échappe nécessairement à tous les journaux, constitue-t-elle un délit ? […]
La reproduction du bruit le plus insignifiant, le plus étranger à tout intérêt politique, le plus innocent aux yeux du public sera-t-elle coupable aux yeux de l’autorité ? »
Un rappel utile pour nos autorités qui veulent, comme la pétillante ministre de la culture Françoise Nyssen, changer les mentalités en utilisant les médias du service public payés par la redevance.
L’article complet et bien illustré de Pierre Ancery se trouve ici.