Reuters, la vieille agence de presse anglo-saxonne fondée à Londres en 1851 est devenue en réalité nord américaine depuis son rachat par le groupe canadien Thomson en 2008, pour 17 milliards de dollars. Le groupe qui emploie près de 50.000 personnes est coté à New York et Toronto, son quartier général se trouvant dans cette dernière ville.
Suppressions d’emplois en Europe
Déjà fin 2018, la quasi totalité des implantations non directement anglophones avaient été impactées par des licenciements. Regroupement prévu des bureaux de Madrid et Lisbonne en 2019, suppression d’un tiers des effectifs en Italie et de près de 10% en Allemagne. Au même moment le bureau de Pologne était en expansion : les journalistes polyglottes y sont moins payés et rédigent des dépêches au kilomètre sans sortir de leurs bureaux.
C’est au tour de la France d’être touchée : un plan de sauvegarde de l’emploi (aimable néologisme pour qualifier un licenciement collectif) est en cours pour 25 postes, soit la moitié des effectifs, rédigeant et traduisant en français.
Grève, robots et profits
Les journalistes francophones se sont mis en grève pour 24 heures du mercredi 6 mars minuit au lendemain même heure. Ils dénoncent à la fois l’usage de robots de traduction automatique qui font perdre les dépêches en qualité et veulent “contester les raisons économiques mises en avant par la direction pour justifier ces départs”.
Un peu avant Thomson Reuters avait annoncé de bons résultats pour le dernier trimestre 2018 comme pour l’année entière. Le chiffre d’affaires organique était en croissance de 2,5% à 5,5 milliards de dollars et le profit avant amortissements, intérêts et taxes s’établissait à un très respectable 1,36 milliards de dollars. Le dividende versé aux actionnaires était légèrement supérieur à celui de l’année précédente.