Depuis la fin de la saison 2022/2023, plusieurs têtes d’affiche ont quitté la chaîne d’information dirigée par Marc-Olivier Fogiel. Cycle naturel ou hémorragie inquiétante ?
Pour certains des salariés de BFMTV, « ce n’est que la partie visible de l’iceberg » : jeudi 5 octobre dernier, l’annonce du départ du présentateur Bruce Toussaint a suscité quelques remous au sein de la rédaction. Un départ important, puisque le journaliste animait, du lundi au vendredi, la tranche 9h-12h (le Live Toussaint). L’animateur a annoncé au directeur de la chaîne, Marc-Olivier Fogiel, son départ pour la chaîne TF1 quelques heures avant seulement que la chaîne concurrente ne l’annonce dans un communiqué.
Une « pépinière de talents » …qui se vide
Si le départ de Bruce Toussaint, un mois après la rentrée, aurait suscité la colère de « Marco », c’est peut-être parce qu’elle fait suite à une cascade de départs. De Jean-Baptiste Boursier, parti en mai pour animer la matinale de LCI à Aurélie Casse, qui a rejoint France Télévision, en passant par Pascale de La Tour du Pin, partie pour rejoindre le PAF de Cyril Hanouna, les têtes d’affiche de BFMTV se font la malle les uns après les autres. Fogiel se veut rassurant : « Business as usual, a‑t-il déclaré au Point. C’est le cours logique des choses. […] L’idée est de continuer à faire grandir d’autres personnes, car BFMTV est une pépinière de talents ». Pour autant, un autre son de cloche se fait entendre du côté des salariés, qui admettent sous couvert d’anonymat : « L’ambiance est catastrophique ! Mais c’est Fogiel le responsable. Quand on ne fait que du people, il ne faut pas s’étonner que tout le monde parte ». « Que des visages d’antenne partent, c’est le jeu du mercato. Mais autant d’un coup, ça raconte quelque chose », commente un autre journaliste au nom tu.
Aux origines des départs : mauvaise ambiance, mauvais salaires
Est-ce donc à la direction que l’on doit une telle hémorragie ? Certains déplorent l’ambiance difficile au sein de la chaîne : « Il y a des congés sabbatiques, avec parfois l’autorisation d’aller bosser sur d’autres chaînes et médias. Donc les gens ne partent pas pour d’autres projets ou pour souffler, mais pour fuir une ambiance et le manque de reconnaissance », souligne une source. Çà et là, on point aussi la certaine appréhension que Fogiel suscite parmi ses troupes : « il concentre tout autour de lui. Il a tout repris en main, la ligne éditoriale, la communication ou même l’habillage de la chaîne. Au point de provoquer une sorte de crise de confiance. Il décide, on exécute. Ce qui n’était pas l’ADN de BFMTV à l’origine ».
Un problème de salaires pourrait aussi être à l’origine de telles fuites : face aux efforts financiers de CNEWS qui espère encore accroître ses audiences, les salaires des présentateurs de BFMTV ne compteraient pas parmi les postes les mieux rémunérés. La question pécuniaire serait donc en partie à l’origine de cette vague de départs.
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« Star system » : la méthode Fogiel en question
Depuis l’arrivée de Marc-Olivier Fogiel, en 2019, BFMTV a changé de perspectives : « avant mon arrivée, la star de la chaîne, c’était l’info », confiait le directeur général. « J’en ai fait une vraie chaîne de télé, et nos présentateurs sont devenus des stars. C’est normal qu’ils soient débauchés. C’est la vie des médias ! » Face au déferlement, le DG veut présenter une image d’apparente confiance en lui. En recrutant Laurent Ruquier (dont les premières audiences ne sont pas encourageantes) et Julie Hamett, il tente de garder la dynamique de la sixième antenne nationale (septembre 2023) alors même que les hausses des chiffres de CNews et LCI laissent présager une féroce bataille d’audience à venir…
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