L’hebdomadaire catholique progressiste Témoignage Chrétien (TC) est à nouveau en crise. Son nouveau président, Jacques Maillot, à peine élu, a démissionné. Le rédacteur en chef, Jean-Michel Dumay, arrivé depuis trois mois, a été mis à pied.
La bagarre est rude au sein du titre créé en 1941, sous l’occupation allemande, et qui a été de tous les combats anti-colonialistes depuis. Dans les faits, il s’agit d’une véritable guerre de tranchée (fort éloignée des préceptes de paix chrétienne !) qui est livrée en interne sur fond de difficultés économiques. Deux visions s’opposent au sein de TC. D’un côté les deux co-directeurs de la rédaction, Bernard Stéphan, et l’avocat socialiste, Jean-Pierre Mignard, prônent une organisation comprenant, à côté de la rédaction, un comité éditorial composé de “plumes” bénévoles. Les journalistes, dont le nombre a été réduit début 2013 à six ou sept, dénoncent cette organisation rédactionnelle parallèle. Bancale, elle aurait provoqué le départ de plusieurs rédacteurs en chef depuis deux ans, notamment Jérôme Anciberro, et Christine Pedotti au premier semestre. S’estimant court-circuités au plan professionnel, ils mettent de surcroît en avant des questions déontologiques. En raison de la proximité de Mignard avec François Hollande, plusieurs sujets gênants pour le gouvernement auraient été écartés par les co-dirigeants de la rédaction. Ces derniers parlent de leur côté de prétexte, accusant les journalistes de remettre en cause la ligne éditoriale de TC qu’ils jugeraient pas assez à gauche.
La situation a brusquement empiré au mois de juillet, à l’occasion de la fin du mandat du président de TC, Bernard Stéphan. Une lutte interne a cette fois eu lieu au sein même du conseil d’administration. Jacques Maillot, ancien patron de Nouvelles frontières et actionnaire du journal à hauteur de 16%, est finalement parvenu à reprendre la présidence quatre mois plus tard, début novembre. Il a démissionné de ses mandats à peine un mois après, le 4 décembre, lassé, semble-t-il, par la poursuite des hostilités entre les journalistes et le duo Stephan-Mignard. Le point d’orgue a été la dénonciation d’un parc d’actionnaires secrets qui lierait Stéphan-Mignard et Maillot, par le rédacteur en chef de Témoignage Chrétien, Jean-Michel Dumay. Cet ancien journaliste du Monde, recruté en octobre a lui aussi été mis à pied le 8 décembre.
Le nouveau président, Bernard Stephan lèguera une situation économique mitigée à son successeur. Ce dernier sera élu en janvier. Patron des Éditions de l’atelier, Stéphan avait largement réduit la masse salariale fin 2012, alors que Témoignage Chrétien était au bord de la faillite. Il avait supprimé cinq postes sur une douzaine. L’hebdomadaire avait été transformé en une lettre et un mensuel pour réduire les coûts. Si les comptes ont été remis à l’équilibre en deux ans, le journal a perdu 16% de sa diffusion à l’occasion de sa nouvelle formule.
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— Claude Chollet (@ClaudeChollet) 12 Décembre 2014