En Italie comme en France les grands quotidiens nationaux sont – avec des nuances – dans l’orbite libérale libertaire. La Repubblica ressemble au Monde, Il Corriere della sera est une sorte d’hybride (un peu de Figaro sur le plan économique, un peu de La Croix et de Libération sur le plan sociétal), La Stampa est plus proche des milieux économiques mais plutôt libertaire sur le plan sociétal. Cette relative proximité n’empêche pas les querelles de famille.
Il était une fois La Repubblica
Simplifions, le journal est propriété du groupe GEDI (comme la Stampa et l’hebdomadaire Espresso) financé au départ par Carlo de Benedetti (fondateur d’Olivetti et bien d’autres sociétés). Carlo cède GEDI à ses trois fils en 2012 avant de se raviser quelques années plus tard, les considérant comme des incapables, et leur demande de leur racheter la société. Les fistons refusent et en 2020 envoient paître papa, 86 ans mais bon pied bon œil. Entretemps Carlo et Eugenio Scalfari gourou de la Repubblica échangent des noms d’oiseau.
Demain est aujourd’hui
Carlo envoyé aux pelotes ne reste pas inactif il lance le 15 septembre 2020 Domani (demain en français) édité par une société qu’il contrôle. Le rédacteur en chef en est Stefano Feltri ex Fatto quotidiano (d’abord très favorable au mouvement 5 Etoiles, puis ferme soutien de l’alliance bizarre 5 Etoiles/Partito Democratico ex communiste). Plus intéressant, le directeur de publication sera l’avocat Luigi Zanda. Zanda est un vieux cheval de retour, élu sénateur (PD) depuis 2003, trésorier du PD entre mars 2019 et mai 2020, moment où il démissionne de sa charge pour rejoindre de Benedetti. Il s’opposera à son parti en votant non au référendum de septembre 2020 qui réduit le nombre de parlementaires
La ligne de Domani ? Sans doute pas très différente de La Repubblica, peut-être avec un peu plus d’ouverture d’esprit (ce ne sera pas très difficile) avec l’arrivée de Feltri réputé moins intolérant et plus soucieux d’équilibres culturels et idéologiques. Comme on dit en italien, Il tempo lo dirà !
Voir notre premier article sur Carlo de Benedetti et Repubblica.