Première diffusion le 09/09/2022.
Le rodéo urbain est-il en passe de devenir le nouveau « sport » favori d’une certaine gauche libérale libertaire cherchant à séduire les banlieues ? Cette question se pose quand on observe la manière dont certains médias, comme Konbini pour ne citer que lui, mettent en avant cette pratique parfois mortelle.
Une pratique qui explose
Rappelons d’abord quelques chiffres donnés par le ministère de l’Intérieur. En 2020, le nombre d’interventions policières pour des rodéos urbains était de 23 881. L’année suivante, en 2021, il est passé à 26 912, soit une augmentation de plus de 3000 en une année. Autre élément, plus parlant celui-ci, en 2018 la justice a prononcé 92 condamnations pour des rodéos urbains. Trois ans plus tard, en 2021, elle en prononça 1 383, soit une augmentation de 1400% en l’espace de trois années. Des statistiques éloquentes sur la propagation de ce phénomène qui, au-delà de la nuisance sonore qu’il engendre, reste dangereux. On ne compte plus le nombre de blessés provoqués par cette pratique.
Une police désarmée
Notons enfin que la police française est assez limitée lors de ses interventions. Elle ne peut pas percuter les véhicules incriminés afin d’éviter de créer un sur-accident. Elle se limite donc souvent à la poursuite, lorsqu’elle est possible, ou à l’interpellation des conducteurs a posteriori. Ce manque de moyens a mis sur la table le débat concernant le « tampon », une méthode employée par la police britannique.
Le ton complice de Konbini
Au-delà cette réalité, nous observons depuis quelque temps une promotion de cette pratique dans certains médias dont les penchants pour l’antiracisme et la « tolérance » (pour les voyous seulement) sont bien connus. Parmi eux, Konbini tient une bonne place. Il y a deux ans déjà, leurs équipes avaient suivi un « crew » de « cow-boys du bitume ». Sans surprise, nous voyons les motards se victimiser avec une ligne de défense : « nous cherchons simplement des endroits privés et une bande de bitume pour faire nos figures rien de plus. Au fond la rue importe peu. » Un axe qui se tient jusqu’à 5 minutes 50, moment où l’un des interrogés déclare : « Après t’auras toujours la rue. La rue ça reste la rue, et moi-même je vais continuer un peu dans la rue, c’est le charme. »[1]. Si certains de nos lecteurs visionnent sur ce reportage, ils verront à la toute fin un moment de diplomatie entre les motards et les forces de l’ordre.
Libération sympathise
D’autres médias, comme Libération, vont un peu plus loin en voulant nuancer ou nier les rodéos urbains. Fin août 2022, à Colmar, un réfugié afghan est tué par un groupe d’individus après avoir protesté contre un rodéo urbain[2]. Le 19 août 2022, CheckNews, cellule de fact-checking de Libération, titre sur le fait divers : « Un jeune afghan a‑t-il été vraiment tué à Colmar pour s’être opposé à un rodéo urbain ? ». Alors que la majorité de la presse admet la présence d’un rodéo, le journal ironise : « La presse voit-elle des rodéos urbains partout ? »[3]. Une question sarcastique, montrant assez bien le mépris des rédacteurs de Libération pour les questions de sécurité. La ligne de l’article est celle-ci : il est attesté que des vas-et-viens en scooter ont lieu, mais rien n’indique qu’il s’agit d’un rodéo. Une ligne qui pourrait se tenir si l’on omet que le motard roulait sur le trottoir, ce qui est une des conditions qui qualifie le rodéo, ne pas rouler sur la voie publique. L’autre étant la réalisation d’acrobaties.
Le cinéma aussi
Néanmoins, cette discrète promotion ne serait pas complète sans un film. Certains d’entre eux restent comme des symboles générationnels. C’est sur cet échelon que Léa Salamé place Rodéo, un film consacré au cross-bitume (différent du rodéo, car il n’a pas lieu dans la rue), réalisé par Lola Quivoron et présenté au Festival de Cannes.
La réalisatrice s’est déjà fait remarquer en déclarant sur Konbini : « Les riders sont poussés vers la mort par les flics qui les poursuivent. »[4]. Une inversion accusatoire qui a fait parler d’elle. Sur cette polémique elle déclare, en toute modestie, « la polémique va disparaître, le film va rester. »[5]. Sur ce film, Léa Salamé déclare avec complaisance au micro de France Inter : « C’est la fureur de vivre en 2022 », clin d’œil évident au film de James Dean.
Cette promotion pour la sortie du film (en septembre 2022) s’est vue complétée par un portrait de Libération. Après le fact-checking sur le rodéo, la promotion d’une réalisatrice qui fait dans l’hagiographie du phénomène. Dans ce portrait, la réalisatrice déclare sur la police : « Elle me fait peur, et elle fait peur à d’autres personnes notamment aux personnes racisées. Je trouve qu’il n’y a pas de mauvais endroit pour parler des violences policières. »[6]. Dans la suite, elle se déclare « anticolonialiste et antiraciste », avoue avoir voté à gauche « bien sûr », voire à l’extrême gauche, et enfin elle nous apprend son homosexualité. Autant de critères qui font de Quivoron une synthèse du quotidien comme de notre époque.
Notes
[1] youtube.com
[2] Dernières nouvelles d’Alsace, 15 août 2022
[3] Libération, 19 août 2022
[4] Konbini, 22 mai 2022
[5] Le Figaro, 1er septembre 2022
[6] Libération, 2 septembre 2022