Le groupe belge Rossel réorganise ses titres dans le Nord, la Picardie et la Champagne-Ardenne. Cette réorganisation se fera sous l’égide du quotidien nordiste La Voix du Nord, ce qui n’est pas sans inquiéter les salariés concernés.
Le groupe Rossel va ainsi rassembler ses titres au sein d’une société appelée la Voix du Nord SA. Elle sera détenue à 96 % par la société Voix du Nord Investissement - qui prendra prochainement le nom de Groupe Rossel La Voix — elle-même détenue à près de 75% par Rossel France Investissement et à 25% par la Caisse régionale de Crédit Agricole Nord de France. Dans sa nouvelle configuration, le futur Groupe Rossel La Voix revendique 265,2 millions € de chiffre d’affaires (2014) pour 1 700 collaborateurs dont 700 journalistes. Il couvre une zone de 7,5 millions d’habitants sur 8 départements. Le groupe Rossel réunit, en France et outre-Quiévrain, près de 5,5 millions de lecteurs, réalise un CA de 530 millions d’€ et emploie plus de 3000 personnes.
Il y a aura trois pôles régionaux, correspondants aux grands quotidiens du groupe. À l’est, entre la Marne, l’Aisne et les Ardennes, le pôle de L’Union, dont la diffusion France payée (DFP) est de 86 025 exemplaires et qui emploie 352 personnes dont 134 journalistes. Ensuite un pôle picard qui regroupe Le Courrier Picard et L’Aisne nouvelle. Le premier a une DFP de 54 343 exemplaires en 2014 et fut une SCOP jusqu’à sa reprise par La Voix du Nord en 2009. Le second est un quadrihebdomadaire dont la DFP est de 17 222 exemplaires. Il s’agit d’un ancien titre du groupe Hersant repris en 2013 par Rossel. Le dernier pôle est évidemment constituée par La Voix du Nord dont la DFP était de 231 066 exemplaires en 2014.
Le regroupement permet de mutualiser les activités générales en quatre pôles, celui dédié au Commerce (activité de vente au grand public), celui de la publicité (trois régies, à raison d’une par pôle), celui des systèmes d’information & process et le dernier pour les ressources (finances, production, RH, juridique, services généraux). La nouvelle organisation sera opérationnelle en 2016.
Une nouvelle alliance Ouest-France – Rossel
Par ailleurs le groupe nordiste se lance sur un autre créneau. Il devrait prendre le contrôle de 20 Minutes France à la suite du groupe norvégien Schibsted. Promis à la fusion avec ses rivaux voire à la disparition, le gratuit, fort de 19 millions de lecteurs par mois selon Audipresse – dont 66% le lisent sur le web ou leur mobile –, d’un CA de 46,5 millions d’€ et d’un résultat d’exploitation de 900 000 € en 2014, se voit conforté par l’arrêt de la diffusion de son concurrent Metro dont le dernier numéro papier est paru le 3 juillet dernier. Pourtant, les recettes de 20 Minutes – 200 salariés dont 100 journalistes – devraient reculer en 2015 de 4 millions d’€.
Dans son communiqué de presse Bernard Marchant, administrateur-délégué du groupe explique que l’entrée de Rossel au capital de 20 Minutes « est un projet qui s’intègre totalement dans la stratégie de notre groupe, qui vise à gérer et développer des médias leaders d’information capables de s’appuyer sur les opportunités offertes par les nouvelles plateformes digitales ». Il s’agit donc selon lui d’un projet « parfaitement complémentaire avec nos activités existantes en France ». Les négociations avec Schibsted devraient durer jusqu’à l’automne 2015. En revanche, Rossel, qui coédite à Lille un gratuit avec Bolloré Médias – Direct matin Lille plus – devrait du coup le céder entièrement à son partenaire. Ce gratuit est diffusé à 60 000 exemplaires et emploie une quinzaine de personnes. Là encore, le rapprochement inquiète les syndicats, qui pensent que l’union entre les deux groupes de presse régionale, confrontés à des défis similaires, pourrait s’étendre au digital, à la diffusion et à la pub.