Il y a belle lurette que l’objet principal des dirigeants de Reporters sans frontières (RSF) n’est plus la défense des journalistes, du journalisme, de la liberté d’informer, mais bel et bien de sauvegarder le pré carré libéral libertaire de gauche d’un monde journalistique souvent clos sur lui-même. Leur réaction à l’élection de Trump va encore plus loin, elle veut mettre en place une politique d’information préventive contre tout un secteur politique considéré comme le diable.
« Le journalisme américain n’a pas réussi à convaincre une majorité d’américains de sa mission d’intérêt public… »
Le rapport Jost/RSF anti-Bolloré comme première salve
François Jost est l’auteur du rapport – commandé par RSF — contre CNews qui a conduit de manière indirecte l’ARCOM à supprimer la fréquence de la chaîne C8 sur la TNT. Il était un peu gros de supprimer CNews, la plus petite C8 a servi de victime par procuration, comme le montre le mécanisme qui suit.
Le Rapport Jost a permis à RSF de saisir le Conseil d’État qui à son tour a saisi l’ARCOM pour enquêter sur CNews déjà dans le collimateur de l’ARCOM. Le rapport avait été écrit en 2022 et est sorti en 2024, fort opportunément l’année du renouvellement de certaines fréquences de la TNT dont celles de CNews et C8. On connaît la suite, le rapport Jost — sorti au bon moment — enfonce le groupe Bolloré, le Conseil d’État et l’ARCOM suivent avec empressement, C8 passe à la trappe, RSF se frotte les mains la mission est accomplie partiellement en France. Mais pas complètement et pas aux US.
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Trump, Trump, Trump voilà l’ennemi
C’est peu dire que l’élection de Donald Trump a mis le microcosme libéral libertaire en émoi. Ils sont médusés, asphyxiés, interloqués, choqués, mais pas anéantis. Et ils ressortent la vieille baderne des infox alias les fake news : si Trump a été élu c’est avec la complicité des mauvais réseaux sociaux (X Twitter), des mauvais médias (Fox News) et des médias qui ne se sont pas assez engagés pour Kamala Harris (le Washington Post par exemple).
Si les réseaux sociaux avaient été « contrôlés » au même titre que certains médias, si comme CNN et NBC l’ont fait massivement, les radios et télévisions avaient fait leur devoir – décréter Kamala Harris sainte de l’année 2024 – eh bien le bon peuple n’aurait eu que les bonnes informations, il aurait été préservé des mauvaises et bien entendu il aurait élu Kamala. Hourrah !
RSF appelle à la mobilisation générale
C’est Thibault Bruttin, nouveau directeur général de RSF qui sonne le tocsin dans une tribune du Monde du 9 novembre 2024. Il appelle « les médias d’information à repenser leur rôle ». Il constate que le quatrième pouvoir qui avait permis l’élection de Joe Sleeping Biden en 2020 en cachant avec soin le scandale des turpitudes de son fils Hunter et encore avec plus de soin l’état de santé défaillant du malheureux Joe, ce quatrième pouvoir a failli, il « sort grand perdant de cette séquence politique ».
Voir aussi : États-Unis : comment les médias de gauche ont menti sur l’état de santé de Biden
Il constate pour le déplorer que X Twitter a joué un rôle majeur dans l’élection. Il passe sous silence que Mark Zuckerberg de Meta (Facebook, Instagram etc) a fait amende honorable pour la campagne de 2020 ayant vu la victoire de Biden. Zuckerberg a révélé qu’il avait suivi les suggestions du FBI pour censurer toute information sur le fils Biden et qu’il ne recommencerait pas. De fait, Meta qui s’était engagé à fond du côté démocrate en 2020 a été plus réservé quatre ans plus tard, sans cacher un fond de sympathie démocrate mais plus calmement.
Désinformation et marc de café
Un peu plus loin l’ami Bruttin revêt sa tenue de tireuse de cartes, atmosphère un peu sombre, une chouette empaillée sur le bureau, odeur d’encens, un, deux, trois, quatre, cinq, je vois un président blond de 78 ans. Je regarde son horoscope et je vois que le grand blond « a esquissé une politique publique des médias répressive… Désormais, les nominations au sein du régulateur de l’audiovisuel, la Federal Communications Commission (FCC), pourraient être au cœur du combat institutionnel, tant Trump a appelé à retirer les autorisations d’émettre aux chaînes qui lui déplaisent ». C’est épatant, le responsable de RSF voit dans l’avenir, ce doit être une compétence requise pour accéder à son poste. Au passage, RSF n’a pas l’air de regretter que l’autorisation d’émettre de C8 lui ait été retirée…
RSF part en croisade
« Le journalisme américain n’a pas réussi à convaincre une majorité d’américains de sa mission d’intérêt public » – comprenez assurer l’élection de Kamala Harris – et comme « ceux qui devraient représenter la norme en termes de véracité, de confiance et de crédibilité », à savoir les journalistes de la gauche libérale libertaire, sont marginalisés, il faut réagir. Et le tribun Bruttin d’annoncer la couleur :
« L’organisation plaidera contre toutes les législations et les régulations fédérales ou fédérées qui contreviendraient aux standards internationaux en termes de liberté de la presse ».
Les standards internationaux seront définis par CNN, Le Monde, El Pais, le New-York Times et RSF réunis en concile.
« RSF soutiendra enfin la régulation des plateformes dans tous les pays démocratiques pour opposer à l’impérialisme muskien de la désinformation, la primauté des sources fiables d’information, journalistiques au premier chef ».
On peut penser que cette régulation sera opérée par les réseaux de George et Alexandre Soros avec l’appui financier de leur Open Society, RSF faisant office de relais et de caisse de résonance. Si vous entendez parler de RSF comme défenseur des libertés, vous avez le droit d’éclater de rire, pour les plus timides un sourire suffira.
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