L’ONG Reporters sans frontières (RSF) vient de publier son classement annuel mondial de la liberté de la presse 2019, concernant l’année précédente.
Ce classement cherche à mesurer le “degré de liberté dont jouissent les journalistes” en regardant le “pluralisme, l’indépendance des médias, l’environnement et l’autocensure, le cadre légal, la transparence et la qualité des infrastructures soutenant la production de l’information” dans 180 pays du monde (RSF.org).
Une liberté de la presse qui se dégrade…
Le premier constat qui ressort de ce rapport est que “la haine des journalistes a dégénéré en violence” mais aussi que “le nombre de pays considérés comme sûrs, où les journalistes peuvent exercer leur métier en toute sécurité, continue de se réduire, tandis que les régimes autoritaires renforcent leur emprise sur les médias”. 24% des pays étudiés peuvent être perçus comme ayant une situation “bonne” ou “plutôt bonne” pour la liberté de la presse dans leur pays (LCI). Ce pourcentage ayant été de 26% en 2018.
L’Europe figure parmi les pays les mieux classés, et plus particulièrement, la Norvège (1ère), la Finlande (2e), la Suède (3e), les Pays-Bas (4e) et le Danemark (5e).
La fin du classement est quant à elle occupée par le Vietnam (176e), la Chine (177e), l’Érythrée (178e), la Corée du Nord (179e) et le Turkménistan (180).
Concernant la France, le rapport mentionne l’épisode des manifestations des gilets jaunes, lors desquelles la presse a été la cible de violences. Cela n’empêche cependant pas la France de gagner une petite place dans le classement pour se hisser à la 32e, les manifestations ayant commencé en fin d’année 2018.
…Mais dont la mesure reste relative comme le montre l’indice Libertex
En novembre dernier, la fondation Polémia a sorti son indice sur la liberté d’expression qui s’intéresse aussi à la censure médiatique. Cet indice ne prend actuellement en compte que sept pays : Danemark, États-Unis, France, Hongrie, Italie, Royaume-Uni, Russie mais prend en compte d’autres informations comme la censure sur les réseaux sociaux ou les lois contre les « propos haineux ».
Ce classement permet de relativiser celui de RSF, on y découvre finalement que les États-Unis sont mieux classés que le Danemark ou la Hongrie par rapport à la France, contrairement à celui de RSF, vous trouverez notre article et le classement ici.
Un classement de RSF qui souffre de lacunes
Tout d’abord, on peut constater que selon les critères pris en compte, le résultat peut ne pas être le même pour des mêmes pays concernés. Surtout, ce classement omet de comprendre les causes profondes de la dégradation de « la liberté de la presse » dans certaines zones. En France, par exemple, si la presse joue véritablement son rôle d’information et de défense du pluralisme, pourquoi les violences et la haine contre les journalistes de la part d’une bonne partie de la population sont elles en augmentation ?