Le quotidien libéral-conservateur polonais Rzeczpospolita (La République), sur lequel George Soros a récemment étendu son influence par une opération de rachat de parts dans le groupe de presse propriétaire de ce journal, notamment à travers le Media Development Investment Fund, a publié le 3 mars un article intitulé « La Russie attaque l’Ukraine, et Orbán poignarde la Pologne dans le dos » signé par le rédacteur en chef adjoint Michał Szułdrzyński. Un épisode de la guerre de l’information.
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« Orbán est plus proche de Moscou que de Varsovie »
Selon Michał Szułdrzyński, le Premier ministre hongrois aurait accusé la Pologne d’avoir provoqué l’intervention militaire russe en Ukraine. Or, les propos tenus par Viktor Orbán dans un entretien accordé à l’hebdomadaire Mandiner (pro-gouvernemental), auxquels fait référence le journaliste polonais sont les suivants :
« Les Polonais veulent pousser la frontière du monde occidental jusqu’à la frontière du monde russe. Ils se sentiront en sécurité quand cela se réalisera et quand l’OTAN — et la Pologne — pourront mettre les forces adaptées dans la partie occidentale de cette frontière. C’est pourquoi ils soutiennent de manière insistante l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. »
Pas à un seul instant dans cet entretien, le Premier ministre hongrois ne porte la Pologne responsable de l’agression russe. Il n’évoque d’ailleurs pas la Pologne dans sa réponse qu’il consacre aux causes de la guerre. Le passage ayant éveillé l’attention du rédacteur en chef adjoint de Rzeczpospolita concerne les différences de tactique (et non de stratégie) entre Varsovie et Budapest sur la question russe. Selon Viktor Orbán, à la différence de la tactique polonaise, « l’essentiel de la tactique hongroise consiste en un large et profond espace entre les Russes et la Hongrie, ce territoire étant aujourd’hui l’Ukraine. »
Le Premier ministre hongrois a d’ailleurs tenu à rappeler dans cet entretien que les Hongrois voulaient, comme les Polonais, maintenir les Russes à distance, et que les Polonais pouvaient compter sur la Hongrois, les Hongrois étant convaincus que cela était réciproque.
Ces déclarations nuancées sur les différences tactiques entre la Hongrie et la Pologne n’ont pas empêché Michał Szułdrzyński d’affirmer que Viktor Orbán pensait que la Hongrie ne s’identifiait à aucun des deux blocs et qu’elle ne se sentait plus comme faisant partie de l’Ouest. Et d’accuser le chef du gouvernement d« avoir planté un couteau rouillé dans le dos de la Pologne », avant d’expliquer qu’Orbán était plus proche de Moscou que de Varsovie.
« Orbán construit la version hongroise du poutinisme »
Michał Szułdrzyński tient ensuite le même discours que l’opposition hongroise :
« Orbán construit la version hongroise du poutinisme, et, dans cette partie de l’Europe, il est devenu le représentant de l’influence russe. » Dans son article, le journaliste polonais explique que le Premier ministre polonais s’est empressé de sauver les meubles concernant son ami hongrois en rappelant que la Hongrie soutenait les sanctions contre la Russie — ce qui, malgré les fausses informations colportées par Donald Tusk sur le prétendu véto de la Hongrie sur l’exclusion de la Russie du système SWIFT, n’a jamais fait de doute.
Pour Szułdrzyński, cela n’est pas satisfaisant car Viktor Orbán a évoqué l’arme à double-tranchant que pouvaient potentiellement représenter ces sanctions, les Européens risquant de payer le prix de ces mesures. Selon ce journaliste de Rzeczpospolita, le fait que le Premier ministre polonais s’associe à la Hongrie ces derniers jours serait une menace pour la raison d’État polonaise. Szułdrzyński met en cause la droite polonaise et critique l’alliance forgée par le parti Droit et justice (PiS) de Jarosław Kaczyński avec la Hongrie de Viktor Orbán.
Michał Szułdrzyński, membre des milieux sorosiens polonais
Ces déformations de propos ne sont pas une surprise, lorsqu’on sait que Michał Szułdrzyński travaille pour un quotidien récemment en partie repris en main par le milliardaire américain George Soros, et qu’il est aussi membre du club Pologne-Russie de la Fondation Stefan Batory, la branche polonaise des réseaux Soros financée par les Open Society Foundations, Transparency International et la Commission européenne.
L’actuel président du comité de la Fondation Stefan Batory est le journaliste Edwin Bendyk, éditorialiste à Polityka, un hebdomadaire fondé en 1957 sous le communisme. Polityka est aujourd’hui un magazine de centre-gauche à la ligne libérale et est le premier hebdomadaire de Pologne en termes de tirages.
Parmi les membres du conseil de la Fondation Stefan Batory, on trouve aussi la réalisatrice Agnieszka Holland, qui, en 2016 s’était opposée à la politique pro-vie du gouvernement polonais. À ce sujet, elle avait évoqué « un retour au Moyen-Âge » et la main de « la contre-révolution culturelle menée par l’axe Orbán-Kaczyński. »