Le monde de l’édition, comme celui du journalisme, n’est pas un modèle de pluralisme, ni en France ni en Allemagne. Un exemple supplémentaire au dernier salon du livre de Francfort, où certains auteurs et éditeurs se sont décommandés en raison de la présence d’éditeurs dits « de droite ».
Obscurantisme et liberté d’expression
Selon la critique littéraire Elke Heidenreich, la façon dont sont traités les éditeurs de droite au Salon du livre de Francfort laisse à désirer ; y supprimer la liberté d ‘expression serait impensable.
« Ce qu’on pourrait faire, par contre, c’est ignorer strictement ces éditeurs, prendre leur présence comme un exercice de sérénité. Mais en les boycottant, comme Jasmina Kuhnke l’a fait, on attire encore plus l’attention des médias sur eux », a‑t-elle expliqué dans une interview avec Die Welt.
L’écrivain Jasmina Kuhnke avait annulé sa prestation au Salon du livre de Francfort par crainte des éditeurs de droite. Pour Heidenreich l’agitation autour des exposants de droite serait l’expression d’une culture de l’excitation et contribuerait à une sorte d’obscurantisme.
Dans ce contexte, elle a également critiqué le langage dégenré, qui, selon elle, « ne contribue pas du tout à l’égalité, c’est au contraire un pas en arrière qui réduit à nouveau la pensée aux catégories hommes et femmes. Pour moi, ce langage n’est pas progressiste, mais réactionnaire. »
Pour les Verts et le SPD, les déclarations de Heidenreich seraient malveillantes
La critique littéraire a récemment été confrontée à des accusations de racisme après s’être exprimée dans une émission télévisée sur l’incompétence linguistique de la porte-parole fédérale des Jeunes du Parti vert, Sarah Lee-Heinrich. Heidenreich est attaquée pour ses déclarations à ce sujet entre autres par les Verts et le SPD (n.d.t. : parti socialiste).
La vice-présidente du Land de Schleswig-Holstein, Aminata Touré, a souligné sur Twitter que les propos de Heidenreich étaient méchants, rejointe par la politicienne berlinoise Sawsan Chebli, qui commente l’intervention en disant qu’elle espérait que la majorité de la société allemande ne pense pas comme Heidenreich. Jasmina Kuhnke a elle aussi attaqué la critique littéraire en s’indignant sur Twitter : « Maintenant, Heidenreich révèle son racisme ».
Sarah Lee-Heinrich n’est pas à la hauteur de sa charge
Interrogée à ce sujet, Heidenreich a renouvelé ses critiques à l’encontre de la porte-parole fédérale des Jeunes du Parti vert. “Pour moi à ce moment-là, elle était la représentante d’une génération en majorité linguistiquement assez pauvre qui traîne sur Internet, mais pas en littérature — est-ce raciste ?” Elle aurait choisi les mêmes mots si les bouclettes de Lee-Heinrich avaient été blondes. La jeune femme ne serait tout simplement pas à la hauteur de sa position.
Source : Junge Freiheit, 29/10/2021. Traduction : AC