Quand Hypocrisy International se prend les pieds dans le tapis
Amnesty International (AI), c’est ce mastodonte au budget annuel de plus 300 millions d’euros distribuant les bons et les mauvais points sur la scène internationale en matière de droits de l’homme et gardant les totems de la bien-pensance. En Hongrie, cette ONG est très active aux cotés de l’ambassade des États-Unis à Budapest contre le gouvernement de Viktor Orbán. En toute indépendance et au nom de la Démocratie, bien sûr ! Aujourd’hui, la branche hongroise de cette organisation est accusée par d’anciennes employées de discrimination et de harcèlement.
Une ONG parfaite
AI se veut évidemment un parangon de vertu sur le terrain du respect et de l’émancipation des femmes. L’ONG d’obédience anglo-américaine est de tous les combats féministes, toujours aux avants-postes pour prendre la défense des opprimées aux quatre coins de la terre.
L’actuelle secrétaire générale d’AI, la Française Agnès Callamard, a d’ailleurs eu en charge le travail de l’ONG sur les droits humains des femmes par le passé. Madame Callamard dirige aussi le projet Global Freedom of Expression à l’université Columbia depuis 2013. Voilà qui plante bien le décor permettant de se faire une idée de quel bois se chauffe une des ONG les plus réputées au monde. En tout cas si l’on en juge le nombre de récompenses qu’elle a reçues : prix Nobel de la paix, prix Érasme, prix des droits de l’homme de l’ONU, prix Olof-Palme (en 1991, un an après Harlem Désir et SOS Racisme, deux décennies avant Black Lives Matter), prix des quatre libertés de Roosevelt (liberté d’expression), etc.
Des Hongroises se rebiffent
Elles ont cinq à avoir raconté leurs déboires à l’organisation OpenDemocracy, qui est, ironie du sort, elle aussi un pseudopode des réseaux Soros. Peut-être s’agit-il d’ailleurs d’un règlement de compte entre chapelles sorosiennes, mais ne boudons pas notre plaisir pour autant. En pleine rédaction d’un rapport sur les discriminations contre les femmes au travail en Hongrie (publié le 3 juin 2020), les bureaux d’AI Budapest auraient été le théâtre de scènes peu reluisantes.
Ces Hongroises se plaignent en effet d’avoir subi toute une série de brimades en raison de leur condition de jeunes femmes. La direction d’AI Budapest aurait discriminé et harcelé ces femmes parce qu’elles se seraient permis de fomenter l’horrible crime consistant à vouloir accoucher d’un enfant, ou pire encore, une fois ce dernier né, de vouloir allaiter ! C’est ce qu’une de ces femmes racontent : un des dirigeants d’AI lui aurait demandé d’arrêter l’allaitement pour être en mesure de se remettre convenablement au travail.
Et ce n’est pas tout : alors que l’organisation plaide pour la fin des discriminations au travail sur des critères liés à la maternité, AI aurait tout fait pour forcer ces femmes à signer des contrats de courte durée (une pratique contre laquelle la gauche hongroise et AI sont vent debout depuis des années). Cerise sur le gâteau : la direction d’AI aurait aussi demandé de manière très insistante à une des employées licenciées de signer une déclaration de confidentialité indiquant que son départ n’avait rien à voir avec une quelconque discrimination. En cas de rupture de cette confidentialité, cette déclaration aurait aussi prévu une indemnité de 2500 euros à verser par l’ex-employée et à son ex-employeur. Elle est belle, la morale gauchiste !
Wokisme et maternité : termes incompatibles ?
L’une des ex-employées s’estimant harcelées et discriminées avait en charge le programme et la coordination des questions liées au genre au sein d’AI Budapest, autant dire un rôle de premier dans le travail de sape contre le gouvernement Orbán. Aujourd’hui, elle s’insurge et laisse entendre que finalement AI ne se distingue pas des autres entreprises dans leur gestion du personnel féminin en âge de procréer.
Cette affaire a le mérite de mettre en lumière une contradiction interne à la marche du féminisme moralisateur : avoir la défense des femmes sans arrêt à la bouche, sauf quand il s’agit de maternité. Quand la nature reprend ses droits, les dirigeants du wokisme perdent le nord et deviennent agressifs.
Malgré la progression de lames de fonds wokistes, la société hongroise — manifestement même au sein d’AI Budapest — n’en est pas encore arriver au point où la maternité est dénigrée par les femmes à grande échelle. Il faut donc saluer ces mini-amazones hongroises au passé lourdement wokiste. D’ailleurs, l’affaire a pris de telles proportions que les médias hongrois orbano-critiques n’ont eu d’autres choix que de la relayer (y compris le média 444, qui a pourtant un blog en partenariat avec AI), alors que les médias pro-Orbán la présentent évidemment comme un bel exemple de l’hypocrisie de la gauche bien-pensante.
D’autres affaires bien plus sordides
Cette affaire hongroise n’est presque rien en comparaison d’autres plus anciennes ayant plongé AI dans des scandales à l’écho international. En 2018, un chercheur d’AI chargé de l’Afrique de l’Ouest, Gaëtan Moto, se donne la mort, et l’enquête interne révèle des histoires de harcèlement, de sexisme, d’intimidation et de racisme au sein de l’organisation. Deux mois après le suicide de Gaëtan Mootoo, c’est la stagiaire Rosalind McGregor qui se suicide à son tour. Bien décidé à sauver son honneur, AI fait démissionner cinq membres de la direction en février 2019, mais n’oublie pas au passage de leur accorder une indemnité conséquente, un geste vu comme de l’huile jetée sur le feu. En matière d’indemnités, AI s’y connaît : en 2011, la secrétaire générale Irene Zubaida Khan avait reçu pour prime de départ la modique somme de 533 000 livres sterling, 630 000 euros de l’époque.
Et pour finir : en avril 2021, le Guardian rapporte qu’AI a une culture du privilège blanc comprenant dans ses rangs des cadres s’adonnant copieusement à des propos racistes et discriminatoires envers des employés de l’ONG appartenant à des minorités ethniques. Décidément, ces donneurs de leçon ne sont pas tout propre ont manifestement des soucis avec les principes dont ils nous rebattent inlassablement les oreilles.