Suite aux attentats de Boston, largement couverts par nos médias, Daniel Schneidermann a, dans un billet remarquable, souligné leur traitement occidentalo-centré.
Le fondateur d’Arrêt sur Images reconnaît avoir été « informé », « parfaitement informé » même des événements de Boston et les héros qui s’y sont illustrés. En revanche, il regrette ne rien savoir « des blessés et des morts des attentats de Bagdad qui, le même jour, ont fait 23 morts et près de 200 blessés en Irak ». « Pas grand-chose des morts du tremblement de terre iranien. Je ne sais pas s’il y avait sur place des héros, ou des enfants morts en embrassant leurs parents. Personne n’a pris soin de me le préciser », poursuit-il dans un billet publié sur le site d’@SI.
Et ce dernier de constater l’emballement médiatique habituel à ce genre de drame : « Rien de neuf dans cette disproportion des médiatisations. On connaît le making of de la fabrication d’une saga ici, et de l’occultation là. On sait bien le tropisme du système médiatique US à fabriquer mécaniquement des histoires, avec leurs faits-divers, leurs tempêtes et leurs carnages. Des histoires avec des personnages solides, étonnants, émouvants, tout prêts pour la transposition ciné. »
Il conclut : « Et on connaît bien l’engrenage qui amène les médias occidentaux, appuyés sur leur bataillon de correspondants et d’envoyés spéciaux à Washington et à New York, à raconter ces histoires à tous les peuples vassaux, et à quelques autres. Et à nous transformer tous, pendant quelques heures, en marathoniens de Boston. »
Nous ne pouvons que saluer cette critique tout à fait justifiée à l’égard de ces œillères qui occultent bien souvent le reste du monde.
Crédit photo : capture d’écran vidéo The Boston Globe via Youtube (DR)