La nomination d’Olivier Schrameck à la tête du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) par François Hollande, ainsi que celle des deux autres membres nommés par le président de l’Assemblée et du Sénat, suscitent certaines interrogations.
Les trois nouveaux membres sont en effet sans expérience dans le domaine et ont des profils plutôt inadaptés :
- Olivier Schrameck, nommé président du CSA par François Hollande, n’a jamais mis un pied dans le monde de l’audiovisuel et sa légitimité reste donc à prouver. Haut-fonctionnaire, énarque, ancien directeur de cabinet de Lionel Jospin, ancien Conseiller d’État, membre de la Commission sur la rénovation et la déontologie de la vie publique, il n’a pas vraiment le profil idéal pour présider le CSA.
- Memona Hintermann-Afféjee, nommée par Jean-Pierre Bel, le président du Sénat, est journaliste à France 3 spécialiste des questions internationales et cataloguée à gauche. Si cette dernière connait parfaitement la maison France 3, y ayant passé toute sa carrière, son domaine de prédilection se limite aux questions internationales. Son utilité au CSA est donc également sujete à caution.
- Sylvie Pierre-Brossolette, nommée par Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, est directrice-adjointe de la rédaction du Point. Sa nomination n’ayant aucune raison fonctionnelle – elle est journaliste politique –, on parle d’un choix stratégique de la majorité qui, en nommant une personnalité de droite, se protège d’éventuelles critiques de l’opposition. Mauvais calcul du reste puisque celles-ci fusent depuis plusieurs jours…
Mais surtout, avec ces trois nominations, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel compte désormais 5 journalistes sur 9 membres et aucun représentant des usagers.
« Faites entrer les citoyens ! » avaient pourtant demandé Les Indignés du paf. Ce mouvement, lancé il y a un an à la suite du bidouillage de trop d’un reportage de Tf1, souhaite associer les citoyens au fonctionnement des médias. En mars 2012, il a lancé l’« Appel des Indignés du PAF et des médias pour une meilleure qualité de l’information » qui contient des propositions visant à « réconcilier le public et les médias » sur lesquelles le CSA aurait tout intérêt à se pencher.
Les Indignés du Paf avaient présenté la candidature de leur co-fondateur pour une nomination au CSA. « Interface avec la société civile », il aurait eu pour mission « de contribuer à créer les conditions d’une information plus fiable et plus responsable ». « Depuis plusieurs mois, le collectif rencontre des centaines de personnes, associations, syndicats, élus, conseillers… Tous ou presque souhaitent un profond changement des pratiques. A l’occasion des renouvellements de mandats au CSA, les Indignés du PAF proposent donc la candidature de leur cofondateur Philippe Guihéneuf, pour remplir un rôle de médiateur citoyen actif, défenseur de l’intérêt général », indiquaient-ils dans un communiqué.
Un autre candidat n’a pas été retenu : Christian Combaz. Dans une tribune enlevée parue en décembre 2012, l’écrivain fustigeait la nouvelle « barbarie télévisuelle » qui s’est, selon lui développée, avec la complicité du CSA, et posait sa candidature avec panache.
Le pouvoir socialiste a préféré les délices du haut-fonctionnariat et de l’entre-soi. Le changement, ce n’est donc pas maintenant en la matière.
Notons enfin que l’OJIM travaille activement à un projet de réforme du CSA et de l’ARCEP (l’autorité de régulation des communications électroniques et des postes) et qu’il sera prochainement candidat, par la voix de son président Claude Chollet, à une nomination au CSA.
Photo : La Tour Mirabeau, siège du CSA. Crédit : h de c via Flickr (cc)