L’Observatoire du journalisme vous a déjà parlé du groupe Reworld media (voir notre infographie) qui est au journalisme ce que McDo est à un restaurant gastronomique. Illustration parfaite de la société de marché où les « articles » sont réalisés par des pigistes et des « chargés de communication ».
Reworld et le rachat des titres de Mondadori
Après le rachat à l’été 2019 des titres de l’italien Mondadori (qui a pris un pourcentage du capital de Reworld) le groupe rassemble 53 titres de presse sous environ 48 marques médias. Les pôles s’adressent aussi bien à la télévision (Télé Star, Télé Poche), au féminin (Grazia, Marie France), au sport (Auto Plus, Football.fr), à la santé (Top Santé, Dr Good), qu’à l’univers de la maison (Maisons et Travaux) qu’à la science (Science et Vie et ses différentes déclinaisons).
Le journalisme sans journalistes
Reworld s’est lancé en 2013, rachetant des titres en difficulté en les digitalisant. Tour à tour des titres d’Axel Springer, Lagardère ou Mondadori ont été rachetés pour un euro symbolique, contre une participation ou même avec une soulte versée à l’acquéreur dans le cadre de Lagardère. Le modèle est simple : pas ou peu de journalistes, le contenu est sous-traité à des agences externes. Certains contenus digitaux sont rédigés par des « chargés de contenus » et le publi-reportage (payé par un client) est une norme acceptée voire recommandée.
Science et Vie vidé de sa substance
C’est dans ce contexte que la quasi-totalité des rédacteurs titulaires de Science et Vie ont démissionné au printemps 2021. Le rédacteur en chef Hervé Poirier était déjà parti à l’automne 2020. Les départs ne seraient pas remplacés par des journalistes mais par des « chargés de contenus » sans expérience scientifique. Les hors-séries avaient été auparavant externalisés à une agence, Com’Press. Une illustration parfaite du journalisme remplacé par la communication, cette dernière entretenant la confusion entre publicité et contenu rédactionnel.