Le 13 novembre 2018, Serge Mercier, photographe et élu SNJ au comité social et économique de la Provence où il travaille dans la rédaction depuis 36 ans, a reçu un mail du PDG Jean-Christophe Serfati qui l’informait de sa « mise à pied à titre conservatoire » en vue d’un « licenciement pour faute grave ». En effet la veille il avait enregistré les discussions du conseil d’administration du journal qui s’était tenu à Paris, et où il représentait les salariés.
Mesure exceptionnelle
« Cette décision, brutale sur le plan humain et rarissime dans l’histoire de la société, est disproportionnée et inacceptable eu égard à « la faute » invoquée et au parcours professionnel exemplaire de notre confrère dans l’entreprise. Dès qu’il a été connu, le choix de la direction a provoqué beaucoup d’incompréhension et un fort malaise », relève l’intersyndicale (FO, SNJ, CFDT, CGT, STC, CFE-CGC) dans une adresse commune.
Les syndicats ont demandé la levée des sanctions à la direction le 16 novembre. Celle-ci s’est fendue d’un communiqué où elle dénonce de sa part « des méthodes scandaleuses et un comportement méprisant, honteux, vis-à-vis de notre journal […] un comportement inadmissible qui a […] outré les commissaires aux comptes de la Provence ».
Enregistrer les discussions d’un conseil d’administration est loin d’être anodin selon la direction et est réprimé par l’article L225-37 du code du Commerce ainsi que l’article 226–1 du Code Pénal qui réprime, lui, l’atteinte à la vie privée. Cependant, « nous n’entendons pas porter cette affaire au pénal », botte en touche la direction, qui met en cause la « violente campagne de dénigrement orchestrée par un site et reprise avec complaisance par ses relais dans les médias. Il y avait dedans un peu de vrai pour habiller beaucoup de mensonges, calomnies, diffamations, le but étant de pousser l’entreprise à la liquidation judiciaire ».
Recul de la direction et avenir incertain
L’intersyndicale a alors appelé à une assemblée générale le 19 novembre suivant. Un préavis de grève a été voté par les syndicats de journalistes et le Filpac-CGT, tandis que « les autres sections syndicales ont préféré hélas voter contre », regrette ce dernier. Résultat des courses, « la direction a finalement reculé ».
Sans que cela puisse ramener la confiance dans un journal très fortement malmené et dont l’avenir reste flou, lié qu’il est au groupe Bernard Tapie. Ce dernier envisage entre autres de vendre le siège de la Provence, selon le journal d’investigation marseillais Marsactu – il est vrai lié par un partenariat au journal d’investigation national Mediapart. Toujours selon Marsactu, les relations entre Bernard Tapie et l’élu syndical Serge Mercier – chef de file des syndicalistes de la Provence – ont déjà été tendues par le passé.