Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, a encore frappé. Cette fois, c’est par le biais d’un tweet du 30 avril 2020 où elle annonce la création d’un espace dédié à la lutte contre “la propagation des fake news” dans le cadre du coronavirus, directement sur le site du Gouvernement.
La crise du #COVID19 favorise la propagation de #fakenews. Plus que jamais, il est nécessaire de se fier à des sources d’informations sûres et vérifiées. C’est pourquoi le site du @gouvernementFR propose désormais un espace dédié. https://t.co/ZY8ddU8234
— Sibeth Ndiaye (@SibethNdiaye) April 30, 2020
Le gouvernement dresse sa liste des médias “sûrs”
Intitulé “s’informer sur la désinformation”, l’espace du Gouvernement entend recenser toutes les “sources d’informations sûres et vérifiées” donnant “accès aux articles de médias français luttant, dans le cadre de la crise sanitaire, contre la désinformation”.
Plus précisément, pour être ce média « digne de confiance » contre la désinformation, il faut disposer d’une rubrique de “fact checking” (sic) depuis au moins 2 ans et d’une équipe “fact checking” (re-sic) spécialisée.
Les heureux élus accrédités par le Miniver (souvenir de 1984 d’Orwell) sont finalement au nombre de cinq. On retrouve Checknews de Libération, “Vrai ou fake” de FranceInfo, “Fake off” de 20 Minutes, “Le fact-checking” par l’AFP et Les Décodeurs du Monde. Un entre-soi charmant et confortable.
Levée de boucliers dans le milieu médiatique et tribune pour demander la suppression immédiate de la rubrique
Face à cette initiative, le milieu journalistique ne semble pas faire preuve d’un grand enthousiasme. Différents médias se sont élevés contre ce nouvel espace par le biais d’articles, que ce soit L’Incorrect, Valeurs Actuelles ou Le Figaro.
Même Gala a évoqué le sujet, en parlant des nombreuses attaques d’internautes que l’on peut retrouver en réponse à son tweet, rappelant que c’est une “habituée des scandales” et mentionnant cette fameuse phrase prononcée par l’intéressée, “J’assume parfaitement de mentir pour protéger le président”, qui fait encore plus grincer des dents avec ces nouvelles déclarations.
Du côté des journaux officiellement validés et estampillés « Ministère de la Vérité » par le pouvoir, les critiques fleurissent aussi. Laurent Joffrin de Libération a regretté cette initiative dans un long article. Enfin, Le Monde s’est fait le principal relais d’une tribune intitulée “L’État n’est pas l’arbitre de l’information” et co-signée par les sociétés des journalistes (SDJ) et sociétés des rédacteurs (SDR) de la quasi-totalité des médias français (BFMTV, Europe 1, Les Échos, L’Obs, etc.), demandant la suppression sans délai de la rubrique gouvernementale.
Un temps difficile pour le Gouvernement. Au-delà de sa dérive douteuse vis-à-vis de l’indépendance de la presse telle que la création mort née d’un conseil déontologique des médias, celui-ci est assez mal placé pour démêler le vrai du faux, quand on connaît sa tendance à diffuser des bobards. Et le vote futur de la sinistre et liberticide loi Avia n’est pas fait pour rassurer.
DERNIÈRE MINUTE
Devant les réactions très négatives, le ministre de la Culture, Franck Riester a annoncé retirer le projet, précisant que l’initiative « ne représentait évidemment pas un objectif de tri d’articles ou d’informations, pour autant je peux comprendre les inquiétudes qui ont été suscitées par ce service dans les rédactions », ajoutant avoir « pris la décision de retirer cette page du site du gouvernement ».