Rediffusion. Première diffusion le 14 mai 2018
Quand Robert Ménard, élu de la République comme tous les maires, premier magistrat de sa commune, est agressé dans la rue, comment réagissent les principaux médias ? Analyse.
Le 5 mai 2018, l’élu de la République, maire de Béziers, co-fondateur de Reporters Sans Frontières, époux d’une députée de la République et personnalité qui compte dans la vie politique française, Robert Ménard a été agressé en pleine rue à Saint André de Cubzac. L’élu était invité pour un débat. Son tort ? Les images des vidéos sont parlantes à ce propos, il n’est pas de gauche.
Analyse : plusieurs points viennent immédiatement à l’esprit
Notons que durant ce qui est indéniablement une agression politique d’une très grande violence, des élus de gauche regardent et filment au lieu d’intervenir pour empêcher leurs amis militants, tout autant de gauche, de confondre action politique et volonté d’attenter à l’intégrité physique d’un élu de la République. Plus tard, une conseillère municipale de la commune où a eu lieu l’agression s’en félicite même.
La vidéo montre la violence de cette agression : l’élu de la République est bousculé, frappé, jeté à terre aux cris de « facho ! facho ! ». Elle montre aussi la raison de cette agression : il est insupportable aux prétendus apôtres de la « tolérance » de supporter la tenue d’une réunion ayant pour thème le rapprochement d’élus de divers mouvements classés politiquement à droite.
Ainsi, l’aspect violemment antidémocratique de cette agression doit être relevé : il s’agit, au cœur de la République française, d’empêcher un élu, par ailleurs figure importante d’une droite représentant des millions d’électeurs à l’échelle nationale, de bénéficier des droits fondamentaux qui forment pourtant le socle de la République, à commencer par les libertés de réunion, de circulation, d’opinion et d’expression. Notons qu’un autre socle de la République n’est pas respecté : la sécurité du citoyen et élu Robert Ménard
Il y a peu, pour une action placée sous le signe de l’humour, l’entartage de l’élu France Insoumise Éric Coquerel (élu qui par ailleurs appelait à « renverser le président de la République » à l’occasion de la « fête à Macron », un ancien candidat à la présidentielle et député parlait « d’attentat d’extrême droite » (en référence aux attentats qui frappent le territoire, ainsi celui du Bataclan ?) et demandait au ministre de l’intérieur de veiller à la sécurité des élus (de gauche) de la République menacés, de son point de vue, par les actions supposées de « milices » d’extrême droite en France.
Dans cet ordre d’idée, la présentation sur Le Média, télévision proche de la France Insoumise, est révélatrice :
En particulier la conclusion du « spécialiste » invité, « pas persuadé » que les RG ou autres suivent de près « le danger de l’extrême droite ». Pourtant, d’après Libération les services secrets s’intéresseraient de très près aux mouvements qui ne sont pas de gauche, ainsi que l’OJIM l’a expliqué il y a peu.
Ce traitement d’un simple entartage subi par un député de la France Insoumise, pratique à laquelle un BHL par exemple semble s’être parfaitement habitué et ne plus en faire un fromage, est à mettre en relation avec la vidéo de l’agression subie par Robert Ménard : les images prouvent la présence de militants de la France Insoumise lors de cette agression violente (le drapeau de ce parti est clairement visible au premier plan). À ce jour, Jean-Luc Mélenchon n’est pas intervenu à l’Assemblée Nationale et n’a pas évoqué les pratiques d’actions violentes du mouvement qu’il dirige, il ne les a pas plus qualifiées de violences de l’extrême droite, contrairement par exemple à sa récente interprétation de la nature des violences du Black Bloc.
Une question se pose concernant l’avenir : ces images de militants arborant drapeau de la France Insoumise lors d’une agression violente seront-elles resservies à Mélenchon lors de chacune des prochaines élections, sur TF1 et France 2, afin de faire comprendre aux téléspectateurs que Mélenchon dirigerait une organisation ayant à voir avec les Ligues des années 30 ?
Le checknews de Libération, comparant entartage de Coquerel et agression de Ménard, peut sans peine et déjà candidater aux Bobards d’Or 2019.
L’absence de présence policière ou de gendarmes est remarquable. De même que la discrétion de l’État républicain suite à l’agression, ce qui a contraint la députée Emmanuelle Ménard, épouse du maire de Béziers, à intervenir.
Robert Ménard est régulièrement l’objet d’un traitement partial dans les médias, ce que l’OJIM montrait il y a peu au sujet d’un reportage diffusé sur Arte.
Un traitement médiatique indigne d’une démocratie
Alors que les médias officiels peuvent parfois gloser des heures durant, ainsi sur BFM au creux de l’hiver 2018, de l’éventuelle perruque portée par le président des États-Unis Donald Trump, qu’ont-ils à nous dire de l’agression d’un élu de la République ? Pas grand-chose, à vrai dire.
Un pas grand-chose au sujet duquel il faut garder en mémoire l’hystérie médiatique et politique qui avait suivi l’agression subie par NKM en 2017, cette image parlant d’elle-même.
C’est le ton général des médias au sujet de l’agression subie par Robert Ménard. Il ne serait pas victime d’une violente agression, contrairement à NKM ou à Coquerel, mais d’une simple « bousculade » :
‣ La réaction majoritaire minimise les faits, consistant ainsi à écrire et dire que Robert Ménard n’aurait pas été agressé mais « bousculé » (Sud-Ouest, quotidien qui met de plus le mot « agression » entre guillemets dans le corps de son article), « légèrement bousculé », chahuté » ou « pris à partie », les verbes étant parfois (mais pas toujours) précédés du mot « violemment » : Libération, Huffington post, Le Midi Libre, Oumma.com, France 3 Nouvelle Aquitaine, 20 Minutes, Francebleu parle d’une « visite sous haute tension », RTL, Le Journal Du Dimanche, Les Inrocks, Le Figaro, Francetvinfo, Le Monde utilise le verbe « chahuté », tout comme Le Point, LCP, L’Obs, M6…
‣ Dans un premier temps, de rares médias osent employer le verbe « agresser » : LCI, RMC, Sud Radio et BFM (mais par la bouche de la victime, invitée à s’exprimer), L’express, Sputnik, RT France… Sur CNews, la question de « l’agression » a entraîné un débat plus que vif :
https://www.youtube.com/watch?v=ykXU9xwic_Y
‣ Dans un second temps, l’intervention de la députée de la République Emmanuelle Ménard conduit une partie des médias à utiliser le verbe « agresser » car ce verbe est utilisé par la députée dans son communiqué, et uniquement pour cette raison : Paris Match, Europe 1, Le Parisien, BFM, Valeurs Actuelles (qui parlait aussi étonnement d’un Ménard « pris à partie » dans un premier temps), Franceinfo… Cette tendance se développe un peu à partir du 10 mai, soit 5 jours après l’agression.
Ainsi, le 10 mai au matin Les Grandes Gueules s’interrogent :
#Ménard @emenard34, la femme de @RobertMenardFR, dénonce l’omerta autour de l’agression de son mari. “Toute la classe politique se serait indignée si c’était un maire d’une autre sensibilité politique qui avait été agressé !” A‑t-elle raison ? #GGRMC pic.twitter.com/JFgi2RutL9
— Les Grandes Gueules (@GG_RMC) May 10, 2018
Que conclure ?
‣ La partialité des médias officiels est caricaturale
‣ Les élus de la république de droite ne semblent pas être des élus de la République au même titre que ceux des autres familles politiques
‣ Contrairement à ce qu’affirment certains députés de gauche à l’Assemblée Nationale ou un quotidien de gauche libérale libertaire comme Libération, ce ne sont pas les hommes politiques de gauche qui voient concrètement leur vie être aujourd’hui menacée en France.
‣ Aucun média ne remarque ce fait pourtant extraordinaire : le 10 mai 2018, alors qu’un maire d’une commune de la République française a été violemment agressé, aucun membre du gouvernement n’avait encore réagi.
Partialité et absence de réaction du pouvoir entraînent une conséquence claire : qui a une autre conception du monde et de la politique que le pouvoir médiatique et politique officiel n’est plus ni en sécurité ni protégé sur le territoire national. De même, les droits fondamentaux d’un élu de droite ne sont plus garantis par la République française ni par la réaction des médias officiels.
Photo : capture d’écran Sud-Ouest