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Sleeping Giants ou le totalitarisme « soft » qui veut tuer

30 juillet 2020

Temps de lecture : 7 minutes
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Sleeping Giants ou le totalitarisme « soft » qui veut tuer

Temps de lecture : 7 minutes

Pre­mière dif­fu­sion le 09/09/2019

Sur le plan social et économique en tout cas, en s’attaquant au portefeuille, car tel est l’objectif de Sleeping Giants, lancé aux Etats-Unis dans la foulée de l’élection de Donald Trump. L’opération de délation de toute pensée autre, visant en même temps à asphyxier les lieux d’expression de cette pensée, et donc la liberté d’expression, a ensuite essaimé en Europe et s’est installée en France.

Vidéo : Les Sleeping Giants, les nouveaux inquisiteurs !

Sleep­ing Giants France a été lancé en févri­er 2017. Il se présente ain­si : « Actuelle­ment, nous comp­tons plus de 5000 géants (dont plus de la moitié sont de fac­to des géantes — le risque de ne pas être par­i­taire serait trop grand… NDE). Com­bat­tre la haine et l’emprise des fake news per­met à cha­cun de se posi­tion­ner, c’est un com­bat uni­versel qui ne dépend pas des con­vic­tions poli­tiques. Plus de 980 annon­ceurs ont blo­qué Boule­vard Voltaire, et des cen­taines ont retiré leur pub­lic­ité du site auto-revendiqué fas­ciste Breizatao, jusqu’à ce que la régie Google Ads se décide enfin à exclure défini­tive­ment ce dernier ». 

À pre­mière vue, le lecteur pour­rait croire à une opéra­tion de type Gorafi. Il n’en est rien, c’est très sérieux et les acteurs de cette opéra­tion ne sem­blent pas s’apercevoir com­bi­en ils com­bat­tent pour une vision total­i­taire de la politique.

Historique du groupe français

« Les fon­da­teurs de Sleep­ing Giants ont immé­di­ate­ment com­pris que la pro­liféra­tion d’informations racistes, sex­istes, xéno­phobes, homo­phobes et anti­sémites était incon­testable. L’information manip­ulée et/ou fausse (fake news) et les arti­cles prô­nant la haine sem­blaient fleurir partout, du jour au lende­main. En recher­chant l’o­rig­ine du finance­ment de ces arti­cles par les encar­ts pub­lic­i­taires, Sleep­ing Giants a décou­vert que les annon­ceurs étaient, en fait, extrême­ment nom­breux. Des gros et des petits, cha­cun con­tribuant à revers­er des mil­lions à des sites comme Bre­it­bart News — le plus gros pois­son du domaine — grâce à leurs pub­lic­ités. Pour­tant, éton­nam­ment, ils n’avaient aucune idée que leurs annonces appa­rais­saient sur ces sites en rai­son de ce que l’on appelle « la pub­lic­ité pro­gram­ma­tique », un réseau com­plexe de place­ment d’an­nonces qui cible le con­som­ma­teur plutôt que des sites spé­ci­fiques. Armé de cette infor­ma­tion, Sleep­ing Giants a com­mencé à aver­tir les annon­ceurs de leur présence sur Bre­it­bart News ».

L’objectif est clair : « informer » - mais le terme dénon­cer paraît de meilleur aloi — les entre­pris­es que leurs annonces appa­rais­sent sur des sites « racistes, sex­istes, xéno­phobes, homo­phobes et anti­sémites ». Les car­ac­téris­tiques de ces sites étant par avance et nature jugées « incon­testa­bles ». Une déla­tion hors de tout procédé judi­ci­aire nor­mal, démoc­ra­tique, et en dehors de tout Etat de droit. En effet, qui, sinon le droit (et une con­damna­tion) peut déter­min­er si un organe de presse ou un média répond à ces car­ac­téris­tiques ? Pour l’opération Sleep­ing Giants, la ques­tion ne se pose pas en ces ter­mes : il y a des péti­tions de principe et des évidences.

Les Sleep­ing Giants Français se sont décidés, dis­ent-ils, en par­ti­c­uli­er « au vu des plans d’expansion de Bre­it­bart en Europe ». C’est pourquoi ils se dis­ent « déter­minés à min­imiser l’espace pub­lic pour les pro­pos haineux. Les réseaux de pro­pa­gande tels que Bre­it­bart con­stituent une véri­ta­ble men­ace pour les sociétés ouvertes et le dis­cours démoc­ra­tique ». Un car­ac­tère mil­i­tant en faveur de la mon­di­al­i­sa­tion sous toutes ses formes, et un aveu : est con­sid­érée comme dan­gereuse toute autre con­cep­tion poli­tique et sociale.

Les Sleep­ing Giants, c’est… la lib­erté par l’interdiction de la liberté.

Sa pre­mière obses­sion est de faire dis­paraître Boule­vard Voltaire.

Du Orwell en sa forme la plus parfaite.

Le sys­tème, comme chez Orwell, fonc­tionne aus­si sur la peur. Con­séquence : 4000 entre­pris­es améri­caines ont retiré leurs annonces du site Bre­it­bart et elles sont déjà plus de 1000 à être européennes.

Com­ment cela fonc­tionne-t-il ? Ce sont « des mil­liers de géants qui tra­vail­lent nuit et jour pour les informer de leur présence sur ce site à leur insu ». De géants ? Voici :

« Tout le monde peut aider. C’est sim­ple. Suiv­ez sim­ple­ment les instruc­tions sur le tweet épinglé sur notre page Twitter :

  1. Vis­itez le site ciblé, prenez la cap­ture d’écran d’une annonce à côté d’une par­tie de leur contenu.
  2. Tweet­ez l’image avec une note polie à des­ti­na­tion du compte twit­ter de la société, tout en nous taguant !
  3. Si la société répond, deman­dez-leur de con­firmer le retrait de leurs annonces du site.
  4. Une fois la con­fir­ma­tion obtenue, retweet­ez-nous en indi­quant CONFIRMÉ »

Il y a des per­son­nal­ités con­damnées à Nurem­berg ou adulées à Moscou à la bonne époque qui auraient adoré ce mode de fonctionnement.

Comment dénoncer ?

Et si un déla­teur n’est pas sur Twitter ?

« Pas de prob­lème. Vous pou­vez tou­jours être un géant.
Nous avons une page Face­book qui est égale­ment une excel­lente ressource. Vous pou­vez entr­er en con­tact avec les entre­pris­es sur Facebook.
Vous pou­vez égale­ment envoy­er l’image et le texte d’information par cour­ri­er élec­tron­ique ou appel­er les entre­pris­es directe­ment. Faites-leur savoir qu’elles font de la pub­lic­ité sur le site ciblé, et que vous vous deman­dez si elles seraient prêtes à retir­er leurs annonces.
Si elles con­fir­ment, essayez d’obtenir la con­fir­ma­tion dans un e‑mail ou même un sms et pub­liez cela sur notre compte Facebook. »

Nous sommes dans une époque où, au mépris de l’Etat de droit, c’est-à-dire de ce qui fonde un véri­ta­ble « vivre ensem­ble » depuis plusieurs siè­cles, n’importe quel indi­vidu peut décider de ce qui est illé­gal ou non con­cer­nant l’expression publique, en con­tribuant à provo­quer la fail­lite d’entreprises médi­a­tiques dont il ne partage pas les idées politiques.

Le menu pro­pose un tuto­riel afin « d’exclure une annonce d’un site ciblé ».

Avec l’entreprise/annonceur con­cernée, le con­tact se fait donc par un tweet prédéfi­ni, suiv­ant la con­signe du tweet épinglé sur le compte de Sleep­ing Giants :

« Votre cam­pagne pub­lic­i­taire appa­raît sur le site Boule­vard Voltaire qui promeut fake news et idées sexiste/raciste
Cela ne cor­re­spond pas à vos valeurs ?
Pas de soucis il vous suf­fit d’un clic pour le retir­er de votre listing »

Et quand un annon­ceur, sous la pres­sion, de peur de per­dre des clients, accède à l’injonction, cela se ter­mine ain­si, tou­jours sur twitter :

« CONFIRMÉ
Depuis plus de 110 ans en France, @SwissLife_Fr con­stru­it l’avenir sur la solid­ité. Le respect de tous leurs client.e.s et employé.e.s, la neu­tral­ité et exper­tise sont à la base de la qualité de l’assurance qu’ils fournissent. »

Sleep­ing Giants est claire­ment une opéra­tion mil­i­tante menée par des activistes. Exacte­ment le type d’opération qui béné­ficiera de la loi Avia, laque­lle favorise les groupes organ­isés spé­ci­fique­ment pour détru­ire la vis­i­bil­ité de leurs adver­saires politiques.

Des soutiens de la presse de grand chemin

Les Sleep­ing Giants reçoivent le sou­tien de médias offi­ciels, au nom­bre desquels : BFM, Slate, Téléra­ma, Les Inrocks, Médi­a­part, Le Monde, L’Expansion, etc…

France Inter en pointe

L’exemple le plus clair de sou­tien à l’action d’activistes, est (sur­prenant ?) venu de France Inter. Le 12 août 2019, la radio publique, cen­sée être attachée à la lib­erté d’expression comme à l’Etat de droit, évo­quant l’action d’un « col­lec­tif de citoyens », com­pren­dre des per­son­nes mem­bres du « camp du Bien », écrit que leur but est de « prévenir les annon­ceurs que leurs pub­lic­ités arrivent sur des sites d’extrême droite ». L’émission est à la gloire des activistes et claire­ment déla­trice de Boule­vard Voltaire, média ini­tiale­ment fondé par Robert Ménard. France Inter prend claire­ment par­ti pour cette ini­tia­tive « citoyenne », for­cé­ment citoyenne.

Presse offi­cielle, médias publics, pou­voir poli­tique par le biais de la loi, activistes et sim­ples citoyens unis : tout le poli­tique­ment cor­rect s’organise afin de « lut­ter » con­tre toute oppo­si­tion. L’enjeu ? Le con­trôle de la parole publique, de la vérité et, de là, de ce qui peut et doit être pen­sé. Plus de tri­bunaux, plus de droit, plus de sépa­ra­tion des pou­voirs mais des autodafés. Pré­parez vos extincteurs.

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