Première diffusion le 09/09/2019
Sur le plan social et économique en tout cas, en s’attaquant au portefeuille, car tel est l’objectif de Sleeping Giants, lancé aux Etats-Unis dans la foulée de l’élection de Donald Trump. L’opération de délation de toute pensée autre, visant en même temps à asphyxier les lieux d’expression de cette pensée, et donc la liberté d’expression, a ensuite essaimé en Europe et s’est installée en France.
Vidéo : Les Sleeping Giants, les nouveaux inquisiteurs !
Sleeping Giants France a été lancé en février 2017. Il se présente ainsi : « Actuellement, nous comptons plus de 5000 géants (dont plus de la moitié sont de facto des géantes — le risque de ne pas être paritaire serait trop grand… NDE). Combattre la haine et l’emprise des fake news permet à chacun de se positionner, c’est un combat universel qui ne dépend pas des convictions politiques. Plus de 980 annonceurs ont bloqué Boulevard Voltaire, et des centaines ont retiré leur publicité du site auto-revendiqué fasciste Breizatao, jusqu’à ce que la régie Google Ads se décide enfin à exclure définitivement ce dernier ».
À première vue, le lecteur pourrait croire à une opération de type Gorafi. Il n’en est rien, c’est très sérieux et les acteurs de cette opération ne semblent pas s’apercevoir combien ils combattent pour une vision totalitaire de la politique.
Parce que sans vous, nous ne sommes que peu de choses 🥰#LoveNotHate
nos ami.e.s ici et ailleurs, découvrez leur travail :@slpng_giants @slpng_giants_oz @slpng_giants_ca @slpng_giants_nl @StopFundingHate @stophatemoney @conspiration @MadFckingWitch pic.twitter.com/1inIzQuUw5
— Sleeping Giants FR (@slpng_giants_fr) September 8, 2019
Historique du groupe français
« Les fondateurs de Sleeping Giants ont immédiatement compris que la prolifération d’informations racistes, sexistes, xénophobes, homophobes et antisémites était incontestable. L’information manipulée et/ou fausse (fake news) et les articles prônant la haine semblaient fleurir partout, du jour au lendemain. En recherchant l’origine du financement de ces articles par les encarts publicitaires, Sleeping Giants a découvert que les annonceurs étaient, en fait, extrêmement nombreux. Des gros et des petits, chacun contribuant à reverser des millions à des sites comme Breitbart News — le plus gros poisson du domaine — grâce à leurs publicités. Pourtant, étonnamment, ils n’avaient aucune idée que leurs annonces apparaissaient sur ces sites en raison de ce que l’on appelle « la publicité programmatique », un réseau complexe de placement d’annonces qui cible le consommateur plutôt que des sites spécifiques. Armé de cette information, Sleeping Giants a commencé à avertir les annonceurs de leur présence sur Breitbart News ».
L’objectif est clair : « informer » - mais le terme dénoncer paraît de meilleur aloi — les entreprises que leurs annonces apparaissent sur des sites « racistes, sexistes, xénophobes, homophobes et antisémites ». Les caractéristiques de ces sites étant par avance et nature jugées « incontestables ». Une délation hors de tout procédé judiciaire normal, démocratique, et en dehors de tout Etat de droit. En effet, qui, sinon le droit (et une condamnation) peut déterminer si un organe de presse ou un média répond à ces caractéristiques ? Pour l’opération Sleeping Giants, la question ne se pose pas en ces termes : il y a des pétitions de principe et des évidences.
Les Sleeping Giants Français se sont décidés, disent-ils, en particulier « au vu des plans d’expansion de Breitbart en Europe ». C’est pourquoi ils se disent « déterminés à minimiser l’espace public pour les propos haineux. Les réseaux de propagande tels que Breitbart constituent une véritable menace pour les sociétés ouvertes et le discours démocratique ». Un caractère militant en faveur de la mondialisation sous toutes ses formes, et un aveu : est considérée comme dangereuse toute autre conception politique et sociale.
Les Sleeping Giants, c’est… la liberté par l’interdiction de la liberté.
Sa première obsession est de faire disparaître Boulevard Voltaire.
Du Orwell en sa forme la plus parfaite.
Le système, comme chez Orwell, fonctionne aussi sur la peur. Conséquence : 4000 entreprises américaines ont retiré leurs annonces du site Breitbart et elles sont déjà plus de 1000 à être européennes.
Comment cela fonctionne-t-il ? Ce sont « des milliers de géants qui travaillent nuit et jour pour les informer de leur présence sur ce site à leur insu ». De géants ? Voici :
« Tout le monde peut aider. C’est simple. Suivez simplement les instructions sur le tweet épinglé sur notre page Twitter :
- Visitez le site ciblé, prenez la capture d’écran d’une annonce à côté d’une partie de leur contenu.
- Tweetez l’image avec une note polie à destination du compte twitter de la société, tout en nous taguant !
- Si la société répond, demandez-leur de confirmer le retrait de leurs annonces du site.
- Une fois la confirmation obtenue, retweetez-nous en indiquant CONFIRMÉ »
Il y a des personnalités condamnées à Nuremberg ou adulées à Moscou à la bonne époque qui auraient adoré ce mode de fonctionnement.
Comment dénoncer ?
Et si un délateur n’est pas sur Twitter ?
« Pas de problème. Vous pouvez toujours être un géant.
Nous avons une page Facebook qui est également une excellente ressource. Vous pouvez entrer en contact avec les entreprises sur Facebook.
Vous pouvez également envoyer l’image et le texte d’information par courrier électronique ou appeler les entreprises directement. Faites-leur savoir qu’elles font de la publicité sur le site ciblé, et que vous vous demandez si elles seraient prêtes à retirer leurs annonces.
Si elles confirment, essayez d’obtenir la confirmation dans un e‑mail ou même un sms et publiez cela sur notre compte Facebook. »
Nous sommes dans une époque où, au mépris de l’Etat de droit, c’est-à-dire de ce qui fonde un véritable « vivre ensemble » depuis plusieurs siècles, n’importe quel individu peut décider de ce qui est illégal ou non concernant l’expression publique, en contribuant à provoquer la faillite d’entreprises médiatiques dont il ne partage pas les idées politiques.
Le menu propose un tutoriel afin « d’exclure une annonce d’un site ciblé ».
Avec l’entreprise/annonceur concernée, le contact se fait donc par un tweet prédéfini, suivant la consigne du tweet épinglé sur le compte de Sleeping Giants :
« Votre campagne publicitaire apparaît sur le site Boulevard Voltaire qui promeut fake news et idées sexiste/raciste
Cela ne correspond pas à vos valeurs ?
Pas de soucis il vous suffit d’un clic pour le retirer de votre listing »
Et quand un annonceur, sous la pression, de peur de perdre des clients, accède à l’injonction, cela se termine ainsi, toujours sur twitter :
« CONFIRMÉ
Depuis plus de 110 ans en France, @SwissLife_Fr construit l’avenir sur la solidité. Le respect de tous leurs client.e.s et employé.e.s, la neutralité et expertise sont à la base de la qualité de l’assurance qu’ils fournissent. »
Sleeping Giants est clairement une opération militante menée par des activistes. Exactement le type d’opération qui bénéficiera de la loi Avia, laquelle favorise les groupes organisés spécifiquement pour détruire la visibilité de leurs adversaires politiques.
Des soutiens de la presse de grand chemin
Les Sleeping Giants reçoivent le soutien de médias officiels, au nombre desquels : BFM, Slate, Télérama, Les Inrocks, Médiapart, Le Monde, L’Expansion, etc…
France Inter en pointe
L’exemple le plus clair de soutien à l’action d’activistes, est (surprenant ?) venu de France Inter. Le 12 août 2019, la radio publique, censée être attachée à la liberté d’expression comme à l’Etat de droit, évoquant l’action d’un « collectif de citoyens », comprendre des personnes membres du « camp du Bien », écrit que leur but est de « prévenir les annonceurs que leurs publicités arrivent sur des sites d’extrême droite ». L’émission est à la gloire des activistes et clairement délatrice de Boulevard Voltaire, média initialement fondé par Robert Ménard. France Inter prend clairement parti pour cette initiative « citoyenne », forcément citoyenne.
Presse officielle, médias publics, pouvoir politique par le biais de la loi, activistes et simples citoyens unis : tout le politiquement correct s’organise afin de « lutter » contre toute opposition. L’enjeu ? Le contrôle de la parole publique, de la vérité et, de là, de ce qui peut et doit être pensé. Plus de tribunaux, plus de droit, plus de séparation des pouvoirs mais des autodafés. Préparez vos extincteurs.