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Society vient titiller Les Inrocks

10 mars 2015

Temps de lecture : 3 minutes
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Society vient titiller Les Inrocks

Temps de lecture : 3 minutes

Avec Society, la presse d’informations pour les “bobos” parisiens n’est plus orpheline. Elle qui ne comptait que Les Inrockuptibles depuis 1986 s’est enrichie d’un nouveau quinzomadaire le 6 mars. Le nouveau venu, édité par So Press (So Foot, So Film, etc…), pourrait faire très mal à l’hebdomadaire déclinant (OJD DSH 2014 : 36 440 exemplaires, ‑13,1%), détenu par Les Éditions indépendantes du banquier d’affaires, Matthieu Pigasse. Le co-actionnaire du groupe Le Monde trouve face à lui un éditeur, Essec, trentaine, Franck Annese, à qui tout réussi depuis 2003.

Pour tranch­er avec son aîné, mais aus­si avec la famille des news­magazines en général (Le Point, L’Ex­press, L’Obs), Soci­ety utilise les deux recettes qui ont fait le suc­cès So Foot (DSH OJD 2014 : 49 988 exem­plaires, +1,8%), con­cer­nant l’ac­tu­al­ité du foot­ball. Le quin­zomadaire pro­posera des arti­cles longs et au ton léger et dis­tan­cié. Les rubriques clas­siques des news­magazines y seront traitées : poli­tique, économie, sci­ences, cul­ture, faits divers, sport. So Press a basé son busi­ness plan sur des ventes de 60 000 exem­plaires la sec­onde année. Un objec­tif ambitieux lorsqu’on scrute les ventes de son prin­ci­pal con­cur­rent, Les Inrocks. L’heb­do­madaire a encore per­du plus de 13% de sa dif­fu­sion en 2014. Il ne doit son relatif équili­bre financier qu’à l’événe­men­tiel (con­certs). Soci­ety compte juste­ment renou­vel­er large­ment le genre de la presse branchée pour, d’une part récupér­er des lecteurs des Inrocks, et d’autre part en con­quérir de nouveaux.

Cette incer­ti­tude quant à la cible — les fameux bour­geois-bohèmes de la cap­i­tale — qui reste lim­itée, n’empêche par So Press d’avoir investi près de huit mil­lions d’eu­ros dans le lance­ment de Soci­ety. Le groupe a pu en financer la majeure par­tie sur des fonds pro­pres grâce à ses bons résul­tats (500 000 euros de résul­tat net pour cinq mil­lions d’eu­ros de chiffre d’af­faires en 2014). Il a aus­si effec­tué un emprunt de 600 000 euros et procédé à une ouver­ture de cap­i­tal de 852 000 euros. Les qua­tre fon­da­teurs de So Press, Guil­laume Bonamy, Franck Annese, Stéphane Régy et Syl­vain Hervé, n’en déti­en­nent plus que 80% tout en restant large­ment majoritaires.

L’im­por­tance de l’in­vestisse­ment est à la mesure du change­ment d’ère qu’im­pulse Soci­ety au sein de So Press. Le groupe, qui comp­tait une dizaine de CDI en 2014, est passé à 43 salariés en févri­er. Il a recruté une ving­taine de jour­nal­istes pour men­er à bien son nou­veau pro­jet, piloté en direct par trois rédac­teurs en chef, Franck Annese, Stéphane Régy et Marc Beaugé (ex Inrocks). Un directeur général, Eric Karn­bauer (ex Radio Nova) et un directeur du développe­ment, Brieux Férot (ex cadre à l’u­ni­ver­sité de Saint Denis) ont été recrutés. Bap­tiste Lam­bert (ex KM pro­duc­tion) avait déjà pris la direc­tion admin­is­tra­tive et finan­cière de So Press à la ren­trée de sep­tem­bre. Il a suc­cédé à Javier Pri­eto-San­tos, devenu rédac­teur en chef de So Foot. Le groupe, désor­mais sérieuse­ment staffé veut mul­ti­pli­er par presque trois ses recettes en 2015 et attein­dre 13 mil­lions d’eu­ros. Un sacré défi !

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