Dimanche 6 octobre, Le Figaro faisait part du résultat d’un sondage qu’il avait commandé à l’Ifop : « À la question “pensez-vous que le projet de loi présenté par Christiane Taubira permettra de lutter efficacement contre la délinquance?” 75 % des personnes interrogées par l’Ifop pour Le Figaro ont répondu par la négative. »
Et le quotidien de se targuer : « C’est un “non” franc et massif. » Sauf que Rue89, qui est allé lire le sondage en question, a pu constater 1) la complexité technique des questions 2) le manque de fiabilité d’un sondage en ligne.
En effet, pour une question toute simple telle que la sévérité à l’égard des délinquants, voilà la formulation qu’en fait le sondage : « Diriez-vous que vous êtes favorable au fait que la possibilité d’éviter la prison ne soit plus ouverte qu’aux seuls condamnés à des peines d’un an maximum et non plus aux condamnés à des peines allant jusqu’à deux ans, comme c’est le cas actuellement ? »
Et ceci n’est qu’un exemple. « Pour répondre au sondage du Figaro, master en droit exigé », titre Rue89 qui relève aussi que « le sondé, pour l’Ifop, doit forcément être favorable ou défavorable. Il n’y a pas de case “ne se prononce pas” », ce qui serait la moindre des choses pour des problématiques aussi techniques.
Un exemple qui remet en question la fiabilité des sondages mais également la capacité des gens à s’exprimer sur des questions aussi techniques. Ce qui n’a pas l’air de déranger le Figaro, les réponses aléatoires allant dans son sens… « Les chiffres sont des êtres fragiles qui, à force d’être torturés, finissent par avouer tout ce qu’on veut leur faire dire », disait Alfred Sauvy.
Crédit photo : capture d’écran site LeFigaro.fr