Rediffusion estivale. Première diffusion le 20 janvier 2021
« Conforter les principes de la République » tel est le titre du projet de loi en discussion au Parlement. Un titre aussi vague que fourre-tout, où justement on peut glisser une nouvelle dose de censure sur les réseaux sociaux.
Coucou, la haine en ligne est de retour
La haine ? C’est mal ! L’amour ? C’est bon ! Entre les deux le cœur ne balance pas, celui du gouvernement non plus qui introduit en douce un nouvel amendement pour censurer les réseaux sociaux après l’échec de la loi Avia, retoquée en juin 2020. L’exemple de Jack Dorsey le patron de Twitter supprimant d’un froncement de sourcil le compte de Trump et ses 88 millions d’abonnés doit faire rêver Cédric O, obscur secrétaire d’État au numérique.
Course contre la montre avec l’Union Européenne
Qu’on se rassure l’Union Européenne n’est pas en reste et prépare son règlement mais pas avant 2022. Mais la lutte contre la haine (et notez-le bien, avant l’élection présidentielle de 2022) c’est tout de suite, dit le ministre O : « La seule urgence, c’est celle de l’efficacité contre la haine en ligne, qui explose dans toutes les démocraties ». Pour mener à bien une politique de censure efficace, les réseaux sociaux devront déployer une obligation de moyens convenable : nombre de censeurs, définition des algorithmes, rapports réguliers sur le nombre de messages haineux supprimés, leurs profils, la vitesse de suppression, etc…
Histoire d’O, surveiller et punir
Non, il ne s’agit pas du roman érotique brillamment écrit par Pauline Réage (pseudonyme de Dominique Aury, qui l’écrivit en hommage à Jean Paulhan) et qui fit scandale en 1954, mais des fantasmes régulateurs de Cédric O. Si l’obligation de supprimer dans les 24 heures les messages dits « de haine » est supprimée – car risquant de jeter le bon grain avec l’ivraie – une nouvelle liste à établir est au programme : la liste des fauteurs de haine.
Les réseaux sociaux devront conserver de manière temporaire les identités des auteurs de messages « haineux » pour pouvoir les mettre à la disposition de la justice. Pour lutter contre « l’impunité » dit la charmante députée Laetitia Avia. Autrement dit, des phrases comme « le grand remplacement est en marche », ou « Omar Sy en Arsène Lupin c’est le comble du grotesque » ou « ceux qui aident les migrants clandestins sont des complices des passeurs » pourraient non seulement être supprimées illico presto mais leurs auteurs déférés devant la justice. Le CSA serait chargé du suivi. Merci Cédric.