La question était à l’ordre du jour du Salon Presse & Médias au Futur : le renouvellement de la confiance dans la presse passerait par « l’incarnation des journalistes » et la présence des médias sur les réseaux sociaux.
La presse n’attire plus la confiance : ce constat implacable, notamment souligné fin novembre par le baromètre de La Croix qui indiquait que « 57% [des Français estimaient] qu’il faut se méfier de ce que disent les médias sur les grands sujets d’actualité » a invité les journalistes à se remettre en question. C’est ce qu’ils ont tenté de faire, à l’occasion de l’ouverture du salon Presse & Médias au futur, organisé le 3 décembre à Paris.
Presse et numérique : un modèle économique difficile à trouver
Durant une table ronde, différents acteurs du monde médiatique ont désespérément cherché les causes de la désaffection. « Chaque journaliste doit être influenceur de sa marque », s’est cru bon d’indiquer Isabelle André, directrice exécutive du groupe Infopro Digital. « On n’explique pas assez ce qu’est le métier de journaliste », abonde la directrice générale du Parisien/Aujourd’hui en France. D’autres pointent le manque d’argent et de rentabilité pour justifier la difficulté des journalistes à assurer leur mission et, de ce fait, à regagner la confiance des lecteurs. Or, le modèle économique relatif à l’inscription de la presse sur les réseaux sociaux serait, si l’on en croit la directrice du Parisien / Aujourd’hui en France, compliqué. L’absence de rémunération des plateformes constitue l’un des problèmes soulevés par le DG du Parisien / Aujourd’hui en France, Sophie Gourmelen. À titre d’exemple, une vidéo YouTube rapporterait dix fois moins qu’une vidéo publiée directement sur le site du Parisien. Par ailleurs, la directrice déplore les perpétuels changements d’algorithmes, qui engendrent une nécessité pour les éditeurs de s’adapter. Selon elle, « il faut trouver un équilibre entre continuer d’investir et gérer les charges qui augmentent ».
Incarner son média ?
« Mais comment être performant en termes de production et trouver un business model ? », s’inquiète Pascale Socquet, directrice générale de Prisma Média. Pour cette responsable du pôle Femmes, TV, ludique / découverte et économique, marketing et business development (sic) du groupe, il faut « s’entourer de jeunes » qui « savent trouver des formats qui performent ». L’incarnation de la presse pourrait être selon elle également une manière de promouvoir la marque : « On parle désormais de « personal branding » avant de parler de fond […] On n’est pas très bon là-dessus dans nos anciens médias ». Et si la présence des journalistes sur les réseaux sociaux était la clef pour conquérir le public ? se sont ensuite demandé les intervenants.
Vers de nouvelles technologies
Du côté de Prisma Media, filiale du groupe Vivendi passé numéro un notamment dans la presse féminine en ligne, on entend continuer « d’innover sur le print [et] poursuivre la dynamique sur le numérique et sur les réseaux sociaux ». Pour sa directrice générale, Pascale Socquet, la question à laquelle devra répondre le groupe est surtout celle des « relais de croissance, dans un marché où le print est en baisse et le numérique atteint un plafond ». Se disant « enthousiastes mais prudents » quant à l’intelligence artificielle, la cheffe de Prisma Média a indiqué que son groupe s’était doté d’un comité éditorial sur la question et élaboré une charte de bon usage. Une manière de développer de nouveaux marchés difficiles à effectuer de main d’homme.