Avec l’arrivée des plateformes de vidéos à la demande par abonnement, le paysage audiovisuel français a été soumis à de nombreux changements dont la législation en vigueur n’a pas pris l’entière mesure. C’est dans cette perspective que l’ancien journaliste, désormais député RN de l’Oise Philippe Ballard, a déposé une proposition de loi visant à « défendre la souveraineté audiovisuelle française ».
Une puissance publique « en retrait »
Lorsque les plateformes étrangères se sont insinuées en France, aucune réglementation ne venait clairement définir leurs obligations. Le rapporteur de la proposition de loi regrette ainsi que les obligations d’investissement dans la « production à hauteur de 20 % de leur chiffre d’affaires » ne leur ait été demandée que récemment. En parallèle, Philippe Ballard souligne que les tentatives de rapprochement permettant un meilleur développement en la matière soient freinées par la réglementation concernant les concentrations. Il en découle un traitement inéquitable entre les acteurs français, qui proposent des services linéaires essentiellement, et des concurrents étrangers délinéarisés.
Quelles solutions ?
Afin de régler cette asymétrie, le rapporteur propose de mettre fin à la distorsion de concurrence en adaptant la réglementation, de manière à « promouvoir l’exception culturelle française et favoriser à terme l’émergence de grands groupes français pour peser sur la scène internationale. » Une manière de se conformer aux recommandations de l’Inspection générale des finances et l’Inspection générale des affaires culturelles, qui en appelaient à établir des « stratégies visant à constituer des « champions » audiovisuels nationaux ou européens, à même de rivaliser avec les plateformes numériques américaines. »
Accélération des projets
Avec cinquante-huit cosignataires RN, le député Ballard a donc proposé une loi en deux articles : le premier consiste à réduire la durée (de cinq à un an) durant laquelle le détenteur d’une autorisation d’émettre ne peut pas céder le contrôle à l’entreprise éditant les programmes. Une manière selon lui de ne « pas retarder inutilement la mise en œuvre de projets permettant d’adapter les entreprises du secteur face aux grandes plateformes tout en évitant d’éventuelles dérives spéculatives ». D’autres part, il envisage de supprimer la limite de sept autorisations d’émettre par la voie hertzienne en mode numérique, afin de ne pas créer de situations de blocage pour les différents opérateurs du secteur. Une proposition de loi qui ne sera pas examinée par la présente législature après la dissolution de l’Assemblée nationale. Peut-être le sera-t-elle dans la suivante où le nombre de députés RN selon les pronostics pourrait passer de 88 à plus de 200 représentants.