Le fonds d’investissement diversifié KKR Khloberg, Kravis, Roberts a déjà investi dans les médias dans les Balkans avec pour bras armé David Petraeus, ex chef de la CIA devenu empereur local des médias. Il s’apprête à prendre le contrôle de l’allemand Springer Verlag.
Axel Springer, du papier et surtout du digital
Springer règne sur la presse proche de la CDU, le tabloïd populaire Bild et le quotidien conservateur Welt. En 2006 (source Les Echos), alors que la presse écrite représente la quasi-totalité de ses revenus, il tente d’acheter un bouquet de chaines télévisées privées ProSiebenSat.1, achat refusé par l’office de la concurrence allemand. Il rachète l’année suivante Pin Group un service privé de distribution postale. Il se dirige alors vers le digital, n’hésitant pas à créer une équipe en Californie pour profiter du décalage horaire et diffuser des informations 24h/24. La formule est gagnante pour Bild qui compte en 2018 plus de cinq cent mille abonnés à sa formule digitale.
Le groupe investit ensuite massivement sur les places de marchés. Après avoir vendu ses quotidiens régionaux allemands en 2013, il prend le contrôle de Business Insider qui ambitionne d’être le Wall Street journal du digital pour 450M de dollars puis se lance sur le marché des petites annonces en ligne, immobilier et emploi. Un secteur qui représente plus de 80% de son résultat d’exploitation en 2018.
KKR alléché financièrement et politiquement
Axel Springer c’est un peu plus de 3 milliards d’euros de revenus et plus de 750M€ de bénéfices, de quoi intéresser un groupe américain diversifié. Le groupe est détenu à 44% par Friede Springer, la veuve du fondateur qui souhaiterait dans un premier temps conserver ses actions. Les petits enfants qui possèdent 10% seront certainement intéressés ainsi que des actionnaires minoritaires qui ont vu l’action baisser de 40% ces derniers mois. L’action a d’ailleurs pris 20% après l’annonce de l’intérêt de KKR. KKR n’a certainement pas vocation à rester minoritaire, le groupe pourrait être retiré de la bourse de Francfort. Springer conserve encore de jolis actifs médias dans les pays d’Europe centrale où George Soros est actif. De quoi accentuer l’influence américaine dans une région qui joue le rôle de pivot en Europe.