Jugé dans l’affaire des « fadettes » du Monde, Bernard Squarcini a été condamné mardi dernier à une amende de 8 000 euros ainsi que 7 000 euros à verser aux parties civiles, parmi lesquelles Le Monde et le Syndicat national des journalistes (SNJ).
L’ancien patron de la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) était jugé pour « collecte de données à caractère personnel par un moyen frauduleux, déloyal ou illicite ». D’après le procureur, Jean Quintard, ce dernier a commis des actes illégaux en invoquant la sûreté de l’État (alors qu’il s’agissait, en réalité, d’éviter des fuites dans la presse). Pourtant, M. Quintard n’avait requis qu’une peine de 5 000 euros d’amende afin de « tenir compte des services rendus par M. Squarcini à la République ».
Bernard Squarcini avait, de son côté, reconnu en février dernier avoir requis les fadettes (factures téléphoniques détaillées) d’un journaliste du Monde au sujet de ses informations sur l’affaire Bettencourt. Mais il « s’agissait de débusquer une fuite, un traître dans un cabinet ministériel », s’était-il justifié devant le tribunal correctionnel de Paris. Et d’invoquer une exception à la loi dans le cas d’une atteinte à la sûreté de l’État…
Pour les parties civiles, dont Le Monde, ce proche de Nicolas Sarkozy a surtout voulu protéger l’exécutif et Éric Woerth, alors en cause dans l’affaire Bettencourt. « Ces informations gênent le pouvoir politique, on se rend compte qu’il y a un système de collusion », avait estimé Gérard Davet, le journaliste du Monde visé par la recherche des fadettes.
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Dessin : © Milady de Winter pour l’Ojim