Depuis l’élection de Donald Trump et le Brexit, les éditorialistes de la presse dominante en cherchent avec désespoir les causes et enfin croient avoir trouvé : ce sont les « fausses nouvelles » (fake news) qui ont induit le bon peuple en erreur. Ces fausses nouvelles ne sont que le recyclage des bons vieux bobards d’antan. Bobards de guerre (les Allemands mangent les petits enfants), de science-fiction (les reptiliens sont parmi nous) ou de pure fantaisie (le pape est devenu vegan). Nous ne résistons pas au plaisir d’emprunter à notre confrère d’antipresse un joli bobard suisse.
Chacun sait ou croit savoir que la Suisse est neutre ce qui lui a permis d’échapper aux deux guerres civiles européennes du siècle dernier et à leur massacre. Mais cette neutralité est toute relative depuis les conflits dans les Balkans. Interrogé par la radio suisse le 9 novembre 2017, Guy Parmelin (UDC, droite conservatrice), équivalent de notre ministre de la défense, justifiait le prochain renouvellement de la flotte aérienne suisse (avions américains) par de nouveaux avions, américains eux aussi :
« lors de la «guerre du Kosovo ou de la guerre du Golfe, nos avions ont dû intervenir pour faire respecter notre neutralité en interdisant à des avions armés étrangers de survoler notre État.»
Une aimable pantalonnade, car quels sont les avions susceptibles d’avoir survolé la Suisse ou de la survoler dans le futur ? Sinon ceux de l’OTAN. Lors des conflits en Bosnie les avions de l’OTAN avaient bien l’autorisation de survoler la Suisse, il en fût de même lors de la guerre contre la Libye quelques années plus tard. On imagine mal l’aviation suisse équipée d’avions américains interdire le survol du territoire national à d’autres avions eux aussi américains ou provenant de puissances liées à l’OTAN. Alors ? Alors le bobard est double et doublement par omission. Tout d’abord Monsieur Parmelin excipe d’une menace imaginaire qui ne peut venir que de la Russie même si ce n’est pas exprimé. L’influence des Inrocks peut-être ? On voit mal l’intérêt du grand méchant Poutine à envahir la Suisse. Ensuite sa réponse embarrassée ne cache qu’un très grand désir d’obéir à l’État profond américain qui somme via Donald Trump (nolens volens) les alliés de participer plus à leur effort de guerre… et de passer des commandes.