Au lendemain du vote populaire qui a vu la proposition de l’UDC rejetée, les médias suisses, et particulièrement la RTS, s’en sont donnés à cœur joie.
Pour la Radio Télévision Suisse, en effet, l’UDC, qui proposait un référendum sur l’expulsion des délinquants étrangers, n’a pas seulement perdu au vote mais également face à « la société civile ». Qu’importe si le parti qui avait face à lui les cantons, les Églises, toutes les formations politiques, le Conseil fédéral, le Conseil national, est tout de même parvenu à un score de 41,1 %.
Qu’importe que ce score soit 11,7 % plus important qu’aux dernières élections. L’heure est à la fête : l’UDC a été rejetée par la « société civile ». En parallèle, seules 48 secondes ont été consacrées à la violente défaite des Jeunesses socialistes dans leur combat contre la spéculation sur les denrées alimentaires.
« La société civile s’oppose à la société barbare, une société dans laquelle il n’y aurait pas de règle pour vivre ensemble […] Jeu d’opposition à l’État, à l’autorité, en soulignant la dimension de contre-pouvoir de la société civile », pouvait-on entendre sur la RTS.
Derrière cette insistance sur le mot « société civile », le site Bafweb voit une volonté de « gommer toute référence visible à la notion de système » et à ce « verrouillage central » qui conduit, à terme, à « la même désagréable impression de détournement de la démocratie que dans les pays voisins ». Une situation similaire à celle du Front National en France. Aux dernières régionales, le parti est parvenu, seul contre tous, à atteindre parfois des scores de 45 %. Et comme en Suisse, au lendemain de sa courte défaite, les médias se sont amplement satisfaits de leurs œuvres… confortablement assis (pour combien de temps encore ?) sur la cocotte-minute.