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Suppressions de postes en Pays de la Loire, Ouest-France en grève

19 septembre 2018

Temps de lecture : 4 minutes
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Suppressions de postes en Pays de la Loire, Ouest-France en grève

Temps de lecture : 4 minutes

À peine neuf mois après la mort de François-Régis Hutin, Ouest-France – qui emploie à ce jour 576 journalistes dans l’ensemble de son empire de presse – met en œuvre un plan de rationalisation qui tire une croix sur les engagements du défunt patron à maintenir l’emprise et les effectifs des journaux de Loire : Presse-Océan (Nantes, Saint-Nazaire), Le Courrier de l’Ouest (Anjou, Mauges) et Le Maine Libre (Sarthe, Mayenne). Une grève a été lancée ce 17 septembre à Ouest-France et chez les journaux précités contre les 56 suppressions de postes projetées.

Unification ou uniformisation de l’information

« L’a­ban­don des ter­ri­toires et des lecteurs — dans la Sarthe, le Maine-et-Loire, la Loire-Atlan­tique, le Fin­istère ou le Cal­va­dos — risque fort, mal­heureuse­ment, de n’être qu’une pre­mière marche vers d’autres reculs et renon­ce­ments », explique l’intersyndicale. Le pro­jet prévoit aus­si une uni­formi­sa­tion de l’information : en Maine et Anjou, Ouest-France repren­dra une par­tie des arti­cles pub­liés par Le Cour­ri­er de l’Ouest et Le Maine Libre, tan­dis qu’en Loire-Atlan­tique, Presse-Océan repren­dra ceux de Ouest-France.

Dans le détail, une dizaine de jour­nal­istes seront con­servés en poste en Sarthe et Anjou sur une trentaine au total. Trois agences, Cho­let, Sablé-sur-Sarthe et La Flèche seront fer­mées et un doc­u­ment d’orientation de la direc­tion annonçait 76 postes en moins, révèle la CGT Ouest-Médias. En Sarthe, ne seront main­tenus que « 8 postes sur les 28 Équiv­a­lents temps plein actuels : 2,5 postes de reporters, 3,5 postes de secré­taires de rédac­tion et deux aux sports », pré­cise la motion des rédac­tions du Maine libre en Sarthe.

La moitié des lecteurs perdus en dix ans, Presse-Océan bientôt rayé de la carte ?

Des réduc­tions d’effectifs sont aus­si prévues en Fin­istère et Nor­mandie. Côté Presse-Océan, 12 à 18 postes seront sup­primés et la rédac­tion de Saint-Nazaire fer­mée. Les jour­nal­istes d’Ouest-France fourniront le quo­ti­di­en de Presse-Océan là où il sera fer­mé. Si les fer­me­tures en Anjou, Mauges et Maine n’ont pas sus­cité de réac­tions – et devraient même plutôt réjouir dans les Mauges où le Cour­ri­er de l’Ouest ne s’est pas mon­tré avare en par­ti-pris ces dernières années, il n’en est pas de même en Loire-Atlan­tique. Cette fer­me­ture a déjà sus­cité divers­es réac­tions à Saint-Nazaire, dont, celle, assez inat­ten­due du Rassem­ble­ment Nation­al local qui regrette un « coup dur pour le plu­ral­isme ».

« Sans nous faire d’il­lu­sions sur la manière dont notre for­ma­tion était traitée depuis ces dernières années, surtout depuis notre entrée au con­seil munic­i­pal de Saint-Nazaire, nous devions bien con­stater qu’au sein du groupe SIPA (égale­ment pro­prié­taire de Ouest-France) le traite­ment réservé par Presse Océan aux mou­ve­ments poli­tique en général, et au FN-RN en par­ti­c­uli­er, était notoire­ment plus pro­fes­sion­nel, déon­tologique et impar­tial que ce à quoi nous étions habitués. L’on peut même par­ler de neu­tral­ité poli­tique de Presse Océan, par rap­port à Ouest-France ».

Enjeux financiers

Cepen­dant l’enjeu est aus­si compt­able. En dix ans, Presse-Océan a per­du 20.514 exem­plaires, soit la moitié de ses lecteurs, tan­dis que Ouest-France a per­du 108.694 exem­plaires, soit un lecteur sur 7. Au point que Presse-Océan soit men­acé de dis­pari­tion ? « C’est assez fla­grant à Nantes, par exem­ple avec les travaux de l’ancienne mai­son d’arrêt, pour­tant sous les fenêtres de Presse‑O, rue Deshoulières. Ce sont les jour­nal­istes d’Ouest-France basés sur l’île Beaulieu, à 2 kilo­mètres de là, qui s’en occu­pent », relève un lecteur habitué à Nantes.

Depuis le départ fra­cas­sant du rédac-chef de Presse-Océan Hervé Louboutin lors du rachat par Ouest-France, le pre­mier titre, jadis numéro 1 en Loire-Atlan­tique et Vendée (aban­don­née) a beau­coup décliné. Il avait lancé Le Nou­v­el Ouest pour le rem­plac­er et s’était finale­ment replié dans la presse économique en Bre­tagne et Pays de la Loire.

« Presse-Océan est beau­coup plus men­acé que le Cour­ri­er de l’Ouest et le Maine Libre », relève un proche du dossier. « Il est à la traîne et en fort déclin sur sa zone de dif­fu­sion alors que les deux autres sont restés prépondérants. Même du vivant de François-Régis Hutin Presse-Océan a déjà été beau­coup vidé de sa sub­stance. Il ne reste qu’à l’achever ».

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