Le Times et Paris Match ont décidé de publier des photographies choquantes en provenance de Syrie. Tout d’abord, pour rappeler la rareté des photos certifiées émanant de ce conflit, car les deux camps se livrent à la propagande et à la manipulation. Ensuite, pour montrer que « l’horreur est dans les deux camps ».
Les photos montrent des exécutions sommaires, par décapitation, réalisées par les « rebelles » sur des individus jugés favorables au régime de Bachar el-Assad.
« Ce qui rend ces images différentes, c’est qu’elles n’ont pas été prises par un soldat ou un rebelle, mais par un observateur neutre, qui n’est pas Syrien. C’est un journaliste », écrit le Times pour justifier son choix. Aussi, le journal américain donne la parole au photographe concerné, anonymement, « pour le protéger de toutes représailles quand il retournera en Syrie » :
[blockquote align=“left” variation=“orange”]« J’ai assisté à une scène d’une cruauté totale : un être humain traité d’une manière dont aucun être humain ne devrait être traité. Je pense qu’en deux ans et demi, la guerre a dégradé l’humanité des gens. Le jour de l’exécution, les gens n’avaient plus le contrôle de leurs émotions, leurs désirs, leur colère. C’était impossible de les arrêter (…) Cette scène en Syrie, ce moment, était comme issu du Moyen-âge, le genre de choses que vous lisez dans les livres d’histoire. La guerre en Syrie a atteint un point où une personne peut être tuée sans pitié devant des centaines d’autres – qui s’en réjouissent. En tant qu’être humain, j’aurais préféré n’avoir jamais vu ce à quoi j’ai assisté. Mais en tant que journaliste avec un appareil photo, j’ai une responsabilité. J’ai la responsabilité de partager ce que j’ai vu ce jour-là. C’est pour ça que j’écris ce témoignage, et c’est pour ça que j’ai pris ces photos. »[/blockquote]
De son côté, Paris Match s’est également justifié auprès de ses lecteurs dans son édition du jeudi 12 septembre : « Il n’est pas question de comparer les ravages de la répression sans merci exercée à grande échelle par le gouvernement de Damas contre sa population avec les exactions de djihadistes hallucinés. Mais ces images d’assassinats injustifiables viennent se superposer à celles tout aussi abominables des massacres à l’arme chimique. »
« En Syrie, l’horreur est dans les deux camps. C’est une réalité qu’il est impossible d’ignorer », ajoute le magazine français.
Crédit photo : Paris Match