L’utilisation des réseaux virtuels est en train d’exploser, et avec cela la concurrence entre les outils de messagerie et de vidéo. Ces derniers font tout pour séduire les utilisateurs et se voir préférer à d’autres. Dans cette course, l’application Telegram semble tirer son épingle du jeu.
Telegram se définit comme « une application de messagerie axée sur la vitesse et la sécurité, simple et gratuite. » Le 24 avril 2020, le blog officiel du réseau annonce franchir le cap des 400 millions d’utilisateurs par mois, contre 300 millions un an plus tôt ; 1,5 million de personnes s’inscriraient chaque jour. Cette hausse en flèche place l’application en concurrence directe avec les « grands » comme Facebook Messenger ou WhatsApp (racheté par Facebook en 2014).
Ce sont deux frères russes, Nicolaï et Pavel Dourov, qui ont créé Telegram en 2013. Pavel était déjà connu pour être à l’origine du réseau VKontakte (VK, créé en 2006), qui avait rapidement devancé Facebook en Russie et avait valu à son créateur le surnom de « Marc Zuckerberg russe ». En 2014, il vend l’affaire et quitte le pays, non sans affronter l’ire du gouvernement pour avoir refusé de remettre les données de militants ukrainiens pro-européens.
À couteaux tirés avec WhatsApp / Facebook
Telegram revendique une entière indépendance, tant idéologique que financière, qui se résume de façon assez lapidaire sur son site : « Telegram est soutenu par Pavel Dourov et son frère Nikolaï. Pavel soutient Telegram financièrement et idéologiquement, tandis que l’apport de Nikolaï est technologique (…) Pavel Dourov a fourni à Telegram un généreux don, nous avons donc assez d’argent pour le moment.» Un créateur assez puissant pour se permettre de critiquer le plus souvent possible le réseau WhatsApp.
Dourov lorgne vers les habitués de son concurrent (qui compte 2 milliards d’utilisateurs mensuels en février 2020) et estime dans un texte publié sur son blog en mai 2019 qu’ « il n’y a pas eu un seul jour en dix ans d’existence de WhatsApp où ce service a été sûr ». Il va plus loin, estimant qu’il « n’est pas étonnant que les dictateurs semblent adorer WhatsApp. Son manque de sécurité leur permet d’espionner leurs peuples et donc WhatsApp reste disponible dans des endroits comme la Russie ou l’Iran où Telegram est interdit (…) Pour que WhatsApp devienne un service attentif à la sécurité, il devrait risquer de perdre des marchés entiers et de se confronter aux autorités de leur pays. »
Selon le lanceur d’alerte Edward Snowden « Facebook est propriétaire de WhatsApp qui lui enlève, couche après couche, ses différents niveaux de protection, depuis qu’ils ont racheté l’entreprise. » Telegram fait de la confidentialité sa priorité numéro un… qui lui vaut aussi des retours de bâtons, en particulier lorsqu’il est épinglé dans des affaires de terrorisme djihadiste.
Côté surveillance — et censure — de contenus, le patron de Facebook confirme régulièrement que les détecteurs du réseau peuvent bloquer certains échanges sur Messenger. L’Ojim a déjà été victime de censures sur Facebook (vous en trouverez un exemple ici et un autre là). Laurent Solly, Président de Facebook France, a d’ailleurs annoncé le 24 février 2020 au micro de FranceInfo un renforcement de la censure sur le réseau social. Une pratique qui ne semble pas d’actualité pour Telegram.
Et maintenant des appels vidéo
Le 24 avril 2020, Telegram a annoncé travailler à rendre le réseau encore plus performant, grâce à l’ajout d’une possibilité pour les utilisateurs de passer des appels vidéo. À voir si le nombre d’utilisateurs va encore augmenter.
« Lorsque nous avons lancé Telegram il y a sept ans, nous pensions que les gens choisiraient toujours la liberté et la qualité plutôt que les restrictions et la médiocrité. À mesure que l’écart de popularité entre Telegram et ses concurrents plus anciens se resserre, nous trouvons de plus en plus de validité dans cette hypothèse originale ».
Combien encore seront tentés par la sécurité jurée de Telegram ? Un match à suivre de près.