Télérama écrit que la chaîne de télévision en continu CNews est l’équivalent de la chaîne américaine Fox News, dans un article qui est un cas d’école du journalisme de propagande. Démonstration.
Dans son numéro 3693, daté du 24 au 30 octobre 2020, le magazine hebdomadaire Télérama publiait un fort long article (trois pages) signé Samuel Gontier et Richard Sénéjoux. Un article de propagande et de dénonciation dont le caractère journalistique est, à la lecture, plus que discutable.
Moins d’une semaine après la décapitation du professeur Samuel Paty pour avoir fait un cours sur la liberté d’expression auprès d’élèves de 4e, appliquant ainsi scrupuleusement les programmes de l’Éducation nationale, cet article à charge de Télérama à propos de l’un de ses confrères fait tache. La liberté d’expression, mais pas pour tout le monde, semble-t-il.
Le titre : « Comment CNews est devenue la Fox News française »
L’accroche : « En 2016, quand Vincent Bolloré reprend I‑Télé et la rebaptise, beaucoup s’inquiètent. À raison. Chroniqueurs relayant des thèses extrémistes, présentateurs passifs… Enquête sur une chaîne devenue un outil de propagande où les fake news et les opinions ont remplacé l’information. »
Les mots destinés à « tuer » symboliquement sont lâchés : « thèses extrémistes », « outil de propagande », « fake news » en lieu et place de l’information. Un danger pèserait donc sur la liberté en France et CNews en serait l’outil ?
Les arguments (sic) de départ, si l’on peut dire, des journalistes (resic)
Les premiers invités de CNews évoqués dans cette « enquête » sont présentés comme « quatre septuagénaires » (Télérama envisagerait de limiter la libre expression d’opinions dans les médias en fonction de l’âge des intervenants ?).
Ces quatre intervenants de la chaine privée parlent du projet de loi sur le « séparatisme », exposant les réalités que Télérama met, ou a mis, sous le tapis depuis 30 ans : ce séparatisme est islamiste, les séparatistes islamistes sont nombreux, s’insèrent dans les structures associatives, envahissent l’espace public, bénéficient d’écoles financés par des pays musulmans et le port du voile est souvent une provocation volontaire. L’un des invités explique que la loi sur le séparatisme devrait intégrer l’immigration. Une évidence : les tueurs et les séparatistes sont des immigrés ou des descendants d’immigrés, pas des retraités du quartier de la Bastille.
Pour Télérama, affirmer ces réalités en direct, ce n’est pas possible. Pourquoi ? Car « c’est précisément ce que vient de déclarer Marine Le Pen à l’antenne ». CNews fait donc le jeu de ce que Télérama considère comme étant « l’extrême-droite ». On attend une enquête du magazine pour expliquer clairement ce dont il s’agit, en France.
Plus intéressant : Télérama demande que les propos et idées de l’une des principales responsables politiques du pays ne soient pas répercutés sur les chaînes de télévision. Il y a un mot pour cela : appel à la censure.
CNews, ce danger qui pèserait sur la France
La preuve (sans preuves, sinon de vagues mots) ? Il y aurait « promotion des thèses d’extrême-droite, informations erronées, complotisme… ». Le tout ne se limitant pas « aux délires racistes de sa tête de gondole, Eric Zemmour ».
Retour aux sources. Télérama fait ensuite l’historique de la naissance de CNews, née d’I‑Télé, mais sans dire qu’une égérie des anti Zemmour d’aujourd’hui, Léa Salamé, défendant actuellement les mêmes idées que Télérama sur France Inter, à coups d’opinions et d’informations tenant souvent de la légende urbaine, était la présentatrice qui animait les débats auxquels participait quotidiennement Zemmour. Un Zemmour sur le dos duquel elle a finalement fabriqué en partie sa carrière.
Pour démontrer que CNews serait une Fox News à la française, depuis le début, l’article fait appel à l’opinion de journalistes certainement au-dessus de tout soupçon de parti pris comme… Claude Askolovitch, lui-aussi, le monde est petit, à France Inter. Ce qui est reproché à la chaîne qui a remplacé i>Télé ? D’avoir doublé l’audience en réduisant les moyens presque de moitié (c’est affirmé sans preuves) et d’avoir créé une « chaîne de débats et d’opinion ». Pour Askolovitch, CNews « c’est une secte, il y a un côté totalitaire très stalinien », on l’imagine se souvenant de sa jeunesse et de celle de ses meilleurs amis. Serge Nedjar, le patron de CNews, serait « un petit Trump .
Réussir, gagner de l’argent, débattre, avoir des opinions sans être de gauche… c’est mal. Et c’est cela qui fonde la raison d’être de cette enquête à charge, ne comportant aucun fait concret.
Télérama a un Pascal Praud en travers de la gorge
La cible est alors « L’heure des pros », l’émission de Pascal Praud, « figure de proue de cette extrême-droitisation. Praud parlerait comme « la fachosphère ». Allô, Télérama, c’est quoi la « fachosphère » ? Il y a un parti fasciste en France ? Mussolini is back ?
Outre l’émission de Zemmour, « l’heure des pros » est l’émission phare parmi les émissions de débat de la chaîne. Or, Télérama est obligé de l’admettre : la chaîne donne la parole à de nombreuses personnalités de gauche. Mais ce ne serait que par… « obligation légale ». Une obligation éthique dont Télérama n’a cure. Une personnalité de droite dans Télérama, c’était quand la dernière fois ?
Les journalistes continuent. Praud n’est pas le seul. Il faut dénoncer, dans la plus pure tradition du « journalisme » de chiens de garde , justement, biberonnés à la Plenel époque Le Monde. On donne des noms en pâture : Goldnadel (qui serait « de Valeurs Actuelles ), Charlotte d’Ornellas, Jean-Claude Dassier, Elizabeth Lévy, Ludivine de La Rochère, Eugénie Bastié, Gabrielle Cluzel, Ivan Rioufol…. Ils ont un seul point commun : ne pas penser en mode libéral-libertaire.
Autre reproche ? Le fait de rechercher « le clash » ? Exactement ce que fait aussi Télérama, comme tous les médias actuels, que ce soit au sujet de Zemmour, CNews ou récemment Donald Trump, annoncé comme destiné à être pulvérisé tant il incarnerait un Mal dont l’Amérique allait se débarrasser. Cela n’a pas été aussi simple que ne le voudraient les médias de grand chemin.
Télérama veut sérieusement un peu de police
« Mais que fait la police », conclut l’article. Il en appelle au CSA. Il demande aussi que CNews soit « attaquée comme acteur politique », précisant : « Logique pour un média qui, aujourd’hui, relève plus de l’outil de propagande que de la chaîne d’information ».
Un peu comme cet article de Télérama en somme, qui n’a rien de journalistique mais tout de la propagande et de l’outil de combat. Par contre, Télérama ne se plaint jamais quand, entre les deux tours des élections présidentielles en France, tous les médias sans exception choisissent un candidat contre l’autre, toujours le même choix d’ailleurs, sur le plan idéologique.
Apparemment, cette propagande et cette uniformité d’idées, pour Télérama, c’est normal. Par contre, qu’une chaîne de télévision ne soit pas entièrement libéral-libertaire, serait une atteinte à la liberté d’expression. Autrefois, avant l’invention des médias, quelqu’un l’aurait sans doute dit : pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. Sauf que les auteurs de cet article savent précisément ce qu’ils font : du militantisme politique sous couvert de journalisme.
Le souci pour Télérama, c’est que l’islamisme a encore tué en France il y a peu. Un professeur en premier lieu, Samuel Paty, parce qu’il était Français et enseignait la liberté d’expression, trois chrétiens ensuite. L’islam est ce qui tue en France. Un peu ce qui est parfois dit « sans preuves » sur CNews. Pendant ce temps-là, ce dont CNews débat quotidiennement tue toujours, sous le silence pesant de journalistes de Télérama qui préfèrent voir un danger d’extrême-droite en France.