Ojim.fr
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Tempête dans la mare des canards !

2 avril 2023

Temps de lecture : 3 minutes
Accueil | Veille médias | Tempête dans la mare des canards !

Tempête dans la mare des canards !

Temps de lecture : 3 minutes

Le Canard enchaîné, habitué à dévoiler des scandales, est lui-même depuis quelques semaines au cœur du grabuge. Depuis l’été 2022, le bipède est éclaboussé par une affaire d’emplois fictifs… Une enquête pour « abus de bien sociaux » et « recel » a même été ouverte. Depuis, l’ambiance se détériore dans la rédaction et celle-ci refuserait de transmettre le courrier des lecteurs aux journalistes. Ambiance. 

La pénélope enchaînée

C’est un scan­dale dont se serait bien passé le Canard. Titre his­torique et réputé dans le paysage français, cette véri­ta­ble machine à infor­ma­tions et à polémiques, réputée pour son sérieux, aurait les mêmes tares que cer­taines de ses cibles. En pointe dans l’affaire Péné­lope Fil­lon dans le cadre du scan­dale d’emplois fic­tifs qui avait frap­pé la femme du can­di­dat mal­heureux de la droite à la prési­den­tielle, le jour­nal se trou­ve aux pris­es avec une affaire sem­blable sur le dos.

Une jour­nal­iste incon­nue de l’effectif, déten­trice d’une carte de presse affil­iée, a ain­si été débusquée par un mem­bre de la rédac­tion, Christophe Nobili, qui en a écrit un livre : Cher Canard. L’information révélée au grand pub­lic par France Inter évoque l’emploi, incon­nu de la ving­taine de jour­nal­istes du titre, d’une com­pagne d’un dessi­na­teur his­torique du jour­nal. Un emploi pré­sumé fic­tif qui aurait duré quelques vingt années, au point que cer­tains anciens col­lègues évo­quent même une « magouille entre copains ».

Pas de courrier pour les canards

Paru début mars, le livre Cher Canard a vive­ment inquiété la direc­tion qui entend désor­mais ser­rer la vis ! La Let­tre A affirme même que les patrons refusent de trans­met­tre le cour­ri­er des lecteurs aux jour­nal­istes. Apparem­ment sec­oués par cette affaire, les lecteurs n’ont pas appré­cié l’affaire. Comme dit le dic­ton : « Quand le singe veut mon­ter au cocoti­er, il faut qu’il ait les fess­es pro­pres » et ce scan­dale prou­ve que le Canard n’avait pas l’arrière-train bien propre.

Le con­flit latent serait en par­tie dû au fameux con­flit généra­tionnel : une quin­zaine de jour­nal­istes a demandé à la direc­tion de trans­met­tre à la rédac­tion tous les mes­sages ayant traits au livre de Christophe Nobili. La demande de trans­mis­sion du cour­ri­er con­cerne égale­ment un arti­cle des rédac­teurs en chef Erik Emp­taz et Jean-François Jul­liard qui avaient util­isé un tiers de la dernière page du jour­nal pour qual­i­fi­er leur con­frère de « fourbe », l’accusant de « vouloir met­tre à mal le jour­nal pas tous les moyens », et deman­dant son départ de l’hebdomadaire. Une majorité de jour­nal­istes a répon­du à cette let­tre sous forme d’une réponse dif­fusée dans la rédac­tion et que Téléra­ma a pu con­sul­ter. Ceux-ci exi­gent plus de trans­parence de la direc­tion et récla­ment qu’il leur soit remis les cour­ri­ers des lecteurs, ce à quoi le prési­dent du Canard, Michel Gail­lard, et le directeur général délégué, Nico­las Brimo, ont répon­du par la néga­tive. Revenus à la charge mer­cre­di 22 mars à l’occasion d’une con­férence de rédac­tion par l’intermédiaire du jour­nal­iste David Fontaine, les Canards énervés n’ont tou­jours pas eu gain de cause.

Quand le Canard rit jaune

Réputé comme fiable, peu per­méable à la crise de la presse en dépit de l’absence d’annonceurs, le Canard enchaîné va-t-il pren­dre l’eau ? La direc­tion du jour­nal sem­ble vouloir tenir bon sur sa ligne de défense et prend soin de répon­dre à tous ses lecteurs en démen­tant tout détourne­ment de fonds et abus de biens soci­aux. Une réponse iden­tique pour tous les cour­ri­ers envoyés à ce sujet.

Quelle que soit la con­clu­sion de cette vilaine petite affaire, l’image du titre en sor­ti­ra entachée. En révélant le côté obscur du Canard, Christophe Nobili expose le jour­nal à se voir pris à son pro­pre piège.

Voir aussi

Vidéos à la une

Derniers portraits ajoutés