Alors que régnerait au Parisien un climat de « terreur » lié à un plan de départs en cours, des vives tensions se sont cristallisées autour d’une pratique honteuse : le publi-reportage dissimulé.
Dans un communiqué interne envoyé mercredi 4 décembre, la Société des journalistes (SDJ) du Parisien/Aujourd’hui en France dénonce une série de publi-reportages non-identifiés comme tel et faisant la promotion de sociétés, rapporte Libération. La série « Histoire de marque » chantait, fin décembre, la gloire d’EDF dans un article intitulé « EDF, l’énergie d’un géant ». Dans son communiqué, la SDJ critique un « cahier tout à la gloire d’EDF (…) pas clairement identifié comme un publireportage » et interpelle le directeur des rédactions, Thierry Bossa. La pub reprenait en effet la même charte rédactionnelle que le quotidien : « Pourquoi, alors que nous t’avions fait part de cette exigence, n’est-il pas clairement indiqué sur le supplément, par une typographie et un étiquetage ad hoc, qu’il s’agit d’un publireportage ? », demande la SDJ.
En réaction Thierry Bossa, jugé « glacial », « incompétent » et « complétement coupé de la rédaction », dénonce « un concentré de malhonnêteté intellectuelle, ou personnelle ». Il va jusqu’à menacer à demi-mots Elisabeth Fleury, présidente de la SDJ : « Je vais donc désormais devoir évaluer la qualité de tes informations et du traitement que tu en présentes dans le journal à l’aune de ce que ce communiqué de la SDJ que tu portes donne à connaître de ton respect de l’exactitude des faits et de la rigueur avec laquelle tu rapportes des propos tenus par tes interlocuteurs. Je dois t’avouer que cela fait naître en moi quelques inquiétudes. »
Jugeant ce procédé inacceptable, la SDJ déplore cette « manœuvre d’intimidation ». « Cette réaction montre l’incompréhension totale qu’a le directeur des rédactions de ce qu’est une SDJ. On est dans notre rôle absolu en lui posant ces questions-là ! », écrivent les journalistes. Dans un contexte tendu rythmé par un plan de départ, une journaliste explique à Libération qu’« au Parisien en ce moment, c’est un peu la Terreur. La réaction de Borsa l’illustre bien ».
Rappelons qu’un publi-reportage est un article publicitaire rédigé par ou avec l’annonceur (ici EDF) qui, utilisant parfois les mêmes format, mise en page, police et taille des caractères des autres articles contenus dans le journal, essaie de faire croire au lecteur qu’il est un article d’information alors qu’il s’agit de communication d’entreprise. Si une telle pratique est en soi contestable, un publi-reportage doit pour le moins obligatoirement comporter une mention lisible (communiqué, publicité, publireportage, publi-information, etc.) rappelant son caractère commercial.