La Turquie est certes le seul pays musulman dont certains des journaux ont reproduit la une de Charlie Hebdo caricaturant le prophète. Cela ne s’est néanmoins pas fait sans polémique.
Quatre sites internet, qui avaient osé reprendre ces dessins, ont ainsi été contraints par le tribunal de Diyarbakir de censurer leurs pages. Jeudi dernier, le premier ministre turc Ahmet Davutoglu (photo) avait prévenu : « Nous ne pouvons accepter les insultes faites au prophète », tout en estimant que « la publication de cette caricature est une grave provocation (…) [et que] la liberté de la presse ne signifie pas la liberté d’insulter ».
Bravant l’interdit religieux, le journal d’opposition kémaliste Cumhuriyet a choisi de reproduire la dernière une de Charlie dans son édition de mercredi. Après de longs débats à la rédaction, celui-ci a décidé de ne pas en faire sa une mais de la glisser en page 5 et 12. Une descente de police s’était par ailleurs assuré, dans la nuit, que le dessin ne figurait pas en couverture.
Malgré tout, la colère a éclaté. Mercredi, la page Facebook de la « Jeunesse musulmane anatolienne » a appelé ses lecteurs à organiser des « descentes » au siège du quotidien, qui a aussitôt été placé sous protection policière. Yalcin Akodgan, vice-premier ministre, a accusé Cumhuriyet de céder à la provocation en dépeignant « les musulmans comme les agresseurs à l’échelle globale ».
La compagnie aérienne Turkish Airlines a de son côté décidé de se désabonner du journal qui, dit-elle, n’est plus digne de sa clientèle.
Crédit photo : UNHCR Photo unit via Flickr (cc)