Avis de grand frais sur la presse LGBTQIA+ etc. Financé dès le départ en 1995 et longtemps à fonds perdus par Pierre Bergé, racheté en 2018 à la barre du tribunal de commerce après deux redressements judiciaires par Albin Serviant, un proche d’Emmanuel Macron, le titre phare gay se retrouve une fois de plus au tribunal de commerce.
Albin Serviant, dans l’entourage d’Emmanuel Macron
D’après la Lettre A du 29 novembre 2018, Albin Serviant a servi de poisson pilote pour lever des fonds en faveur d’Emmanuel Macron lors de l’élection présidentielle de 2017. Plutôt lobbyiste et financier, il a longtemps travaillé à Londres au service de jeunes entreprises innovantes.
ENCADRE https://www.ojim.fr/albin-serviant-proche-demmanuel-macron-investit-dans-tetu/
Son réseau lui a permis de réaliser une jolie levée de fonds en faveur de Têtu en 2018, rassemblant un million d’euros. On y retrouve des fonds de placement anglais, SOS participations dirigé par Jean-Marc Borello (source Lettre A 05/2020), membre du bureau exécutif de La République En Marche, le producteur de contenus télévisuels de Stéphane Courbit (Banijay Group), mais aussi à titre personnel des anciens d’Hermés ou de L’Oréal, soucieux de servir la cause ou désireux de faire un bon placement. Marc-Olivier Fogiel fait aussi partie du tour de table.
Une croissance trop rapide
En 2021, l’entregent d’Albin Serviant lui permet de lever 1,4M€ de plus et d’intégrer de nouveaux magazines. Tout d’abord Opéra Magazine racheté à Centre Presse. Têtu Ventures devient I/O Média et intègre également en 2022 le bimestriel de design Ideat, le bimestriel masculin The Good Life et le féminin Dim Dam Dom. Le groupe compte alors une cinquantaine de collaborateurs pour une dizaine de millions d’euros de chiffre d’affaires.
Qui trop embrasse mal étreint dit le proverbe. Le dirigeant annonce que « Têtu va bien » mais que le reste des titres va mal et qu’il ne peut rembourser le « prêt Covid » de 2M€ obtenu lors de la pandémie. En 2021, Têtu revendiquait (source interne) 4 000 abonnés et 25 000 ventes en kiosque. Il n’est pas certain que ces chiffres se retrouvent deux ans plus tard. Vente au détail par titre ou vente en vrac à un grand groupe de presse ? Un troisième redressement judiciaire n’incite pas forcément les candidats à la reprise à se presser au portillon, ou alors à leurs conditions.
Voir aussi : Têtu, BBC et la censure par omission