Le scandale des écoutes téléphoniques des News of the World, c’est lui. Les révélations de WikiLeaks, c’est encore lui. Les accusations de pédophilie contre l’animateur de la BBC, Jimmy Saville, c’est toujours lui… Ainsi que les révélations sur l’évasion fiscale légale des multinationales, rappelle, admiratif, Le Monde ce 23 août.
Le voilà même menacé par le Gouvernement britannique depuis qu’il projette de révéler au grand public le contenu de documents confidentiels des services britanniques d’écoute ! Mais malgré ces gros “coups”, une mondialisation du lectorat en ligne, une offre qui évolue et une indépendance reconnue (du fait de son appartenance à la fondation Scott Trust), les ventes du Guardian, le célèbre quotidien anglais de centre-gauche, ne cessent de baisser : en juillet, il s’en écoulait chaque jour en moyenne 191 182 exemplaires contre 240 000 à l’automne 2011.
Il ne lui sera plus longtemps possible de garder ses quelques 600 journalistes à plein temps. En effet, en 2012–2013, le quotidien, son édition internet et The Observer ont perdu 36 millions d’euros. L’année précédente, c’était 88 millions. Certes, en 2012–2013, le groupe a affiché un bénéfice, mais seulement grâce à la vente de titres régionaux et de sa radio. Si le numérique représente aujourd’hui 28% des revenus de l’entreprise, sa difficulté à monnayer les 40 millions de visiteurs uniques (dont un tiers vient des États-Unis) qui se rendent chaque mois sur son site et le refus assumé de mettre en place un paywall, la perte des petites annonces d’emplois de la fonction publique ainsi que les difficultés de The Observer pourraient le pousser à réduire ses effectifs (déjà 60 départs volontaires ont été enregistrés), à quitter un siège londonien devenu trop grand voire à passer au tout numérique et à réserver le papier à un hebdomadaire.
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