[Première diffusion le 27 février 2020]
Le 24 février 2020, Laurent Solly, directeur général de Facebook France depuis 2013 et ancien collaborateur ministériel de Sarkozy ainsi que directeur adjoint de sa campagne présidentielle en 2007, était au micro de France Info. Il était interrogé sur les moyens mis en oeuvre par la plateforme aux 37 millions d’utilisateurs en France, pour contrôler toujours plus ce qui y est publié par les internautes.
Traquer les “fausses informations”
Solly a rappelé sa farouche volonté de “lutter contre les fausses informations”, en particulier dans le contexte du coronavirus. Facebook, grâce à ses équipes de “fact checking” (sic), met tout en œuvre pour supprimer les fausses informations pouvant mettre en danger ses utilisateurs comme cela a par exemple été le cas avec des publications relayant l’idée que boire un verre de javel permettait de lutter contre le virus (sic). L’idée est aussi d’aider “la bonne information à circuler” comme en relayant sur le réseau, les gestes de prévention utiles face au virus.
Solly est aussi revenu sur le sujet plus épineux des accusations américaines faites aux russes d’avoir manipulé le réseau social. Nouvelle obsession, que ce soit dans le cadre des élections ou désormais par rapport au coronavirus. Le directeur général est resté modéré sur le sujet en expliquant simplement que “L’an dernier, au cours des neuf premiers mois, nous avons supprimé 5,4 milliards de tentatives de créations de fausses pages et de faux profils.”. Était-ce des pages russes, ou peut être américaines, ou peut être même pas “fausses” comme celle de l’OJIM ? On ne le saura pas.
Réguler internet contre la « haine » par plus de censure
Interrogé par la suite sur l’affaire Griveaux, il a rappelé que la vidéo “n’a pas été vue, ni sur Facebook, ni sur Instagram” et que le “le blocage [des liens renvoyant vers la vidéo] a été extrêmement rapide”. “Beaucoup de progrès ont été faits pour lutter contre ces contenus nuisibles, de haine, nous avons investi considérablement au cours des deux dernières années, plusieurs milliards de dollars.” Ajoute‑t’il, ce qui n’a tout de même pas empêché leur algorithme de censurer une une de Télérama très récemment. On apprend aussi par la même occasion qu’il y a 35 000 personnes dans le monde, travaillant 24h sur 24, à la “modération” de Facebook. 35000 personnes physiques aidées par l’intelligence artificielle, un peu moins que la NSA américaine à laquelle Facebook fournit régulièrement des informations.
Interrogé sur la loi Avia et le délai de 24h accordé au plateformes pour retirer des contenus illicites, il est allé jusqu’à évoquer que cette durée n’était pas “le meilleur indicateur” et espérer plus de rapidité pour faire disparaître ces vilains contenus. Il s’est tout de même inquiété du risque “de supprimer trop de messages, mettant en cause la liberté d’expression ». Au, vu les actions de son entreprise, cela ressemble surtout à de belles paroles lénifiantes, comme disait Jacques Chirac, les promesses n’engagent que ceux qui les entendent.
Finalement, il semble espérer encore d’autres lois dans la suite d’Avia. “Il est nécessaire de moderniser et d’améliorer la régulation d’internet et des grandes plateformes. Nous faisons des efforts mais nous ne pouvons pas être seuls (…) Nous avons besoin du législateur. Seul, Facebook ne peut pas édicter toutes les règles.” Un avenir radieux s’annonce pour la censure privée comme pour la censure étatique. Merci Laurent Solly, merci Facebook, merci la loi Avia. Et merci au lecteur qui nous a signalé cette intervention.