Rediffusion estivale 2020. Première diffusion le 16 juin 2020
Qui aurait pu imaginer il y a quelques années que des Ministres allaient plier un genou face à des revendications portées par des communautaristes extra-européens et que des médias de grand chemin allaient servir de porte-voix à des manifestations jetant l’opprobre sur toute une profession, en l’occurrence la Police ? Et même contre tous les Européens de souche ? C’est pourtant ce qu’ont observé avec effarement les français en ce mois de juin.
Le discours indigéniste et repentant : un terrain favorable
Les événements qui se sont produits durant la première quinzaine de juin ne sont pas le fruit du hasard. Depuis quelques années, des personnalités, parfois aux plus éminentes responsabilités, travaillent le terrain de la repentance par médias interposés. Il s’agit essentiellement de déboulonner le « mâle blanc » de son piédestal usurpé et de lui arracher ses privilèges indus.
En juillet 2018, nous relations déjà que les « mâles blancs » n’avaient pas bonne presse. La Présidente de France Télévision, suivie par la Ministre de la culture et même par le Président Macron, n’avaient de cesse de fustiger l’omnipotence et l’omniprésence du mâle blanc. Leurs différentes déclarations ont grandement facilité la banalisation du discours indigéniste dans les médias.
La situation ne s’est non seulement pas améliorée, elle a empiré. La culpabilité des français semble une obsession du Président de la République. Comme le rappelle notamment Le Figaro, en février 2017 puis en janvier 2020, le Président Macron a à deux reprises comparé la colonisation de l’Algérie à un « crime contre l’humanité ». Il a même rapproché la guerre d’Algérie à la Shoah.
La concurrence victimaire a ceci de particulier qu’elle n’a pas de limites. Quiconque peut se présenter comme une victime. L’écho que rencontrent les complaintes victimaires dépend grandement de l’importance que leur donnent les médias. En ce mois de juin, les médias de grand chemin rivalisent d’efforts pour relayer les discours les plus radicaux voire les plus délirants d’une poignée de militants communautaristes voire racialistes qui disposent ainsi d’une tribune inespérée.
La mort de George Floyd : une formidable opportunité pour relancer la fabrique de victimes
L’histoire se répète parfois. En 2017, le New York Times avait raccroché la mort d’Adama Traoré au mouvement « Black lifes matter » (les vies des noirs comptent aussi) né au États-Unis, en réaction à des violences policières et notamment à la mort d’un dénommé Rodney King. Comme nous le signalions récemment, c’était déjà « haro sur les flics ». La mécanique bien huilée de fabrique de victimes ne demandait qu’à être relancée. En 2020, la chaîne américaine CNN tire des circonstances similaires des morts de George Floyd et d’Adama Traoré des enseignements : « Ils sont devenus des éléments fédérateurs de la lutte contre le racisme ».
La mort d’un noir appelé George Floyd à Minneapolis, à plusieurs milliers de kilomètres de la France, a été pour le comité Adama, du nom d’un jeune délinquant, décédé lors d’une interpellation par la Police, une formidable opportunité pour relancer la mise en accusation de la Police française. Après les manifestations organisées début juin dans plusieurs villes de France, amplement relayées dans les médias au regard de leur importance numérique, ce sont des Ministres qui ont indiqué l’importance qu’il convenait de donner aux revendications de militants réclamant la relance de la procédure judiciaire suite au décès d’un jeune délinquant habitant Beaumont sur Oise.
Le 8 juin, BFMTV nous informe que selon l’AFP, « le Président a enjoint à la Garde des Sceaux de “se pencher” sur le dossier de la mort d’Adama Traoré, en 2016 ».
Le 10 juin, au micro de RTL, la Ministre de la justice semble confirmer cette information en affirmant :
« Il me semble qu’il n’est pas absurde d’entendre l’émotion mais aussi d’entendre la justice que demandent ces personnes ».
L’invitation de la Ministre de la justice à la famille Traoré est sèchement refusée par leur avocat qui rappelle au Président Macron le principe de séparation des pouvoirs, nous informe Paris Match le 9 juin. La fébrilité gagne également le Ministre de l’intérieur qui multiplie dans les médias les déclarations pour le moins troublantes (soyons gentils) :
Au micro de BFMTV, Christophe Castaner annonce non seulement la fin de la méthode d’interpellation dite d’étranglement mais également son souhait qu’« une suspension soit systématiquement envisagée pour chaque soupçon avéré d’actes ou de propos racistes »
Le Ministre de l’intérieur annonce également qu’en dépit de l’interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes pour raisons sanitaires, « les manifestants (lors des prochaines manifestations contre le racisme dans la Police NDLR) ne seront pas sanctionnés (…), et les forces de l’ordre ne dresseront pas de procès-verbaux », nous informe Ouest-France. Après la mort de George Floyd, « je crois que l’émotion mondiale, qui est une émotion saine, dépasse au fond les règles juridiques qui s’appliquent », ajoute-t-il. Pas un média de grand chemin ne relèvera qu’à l’occasion d’une autre manifestation organisée le même jour, des manifestants pour le Frexit devant le siège de la Commission européenne à Paris ont tous été verbalisés, les manifestants ne bénéficiant pas de l’émotion de Castaner…
La couverture médiatique : entre soutien affiché et critiques isolées
Le mouvement contre les violences policières mené en France par la famille Traoré est une nébuleuse agrégeant notamment des racialistes noirs, l’extrême gauche et des communautaristes. Pas de quoi enthousiasmer les foules. Dans les médias de grand chemin, la couverture des événements oscille entre un franc soutien au mouvement organisé par les communautaristes et quelques critiques formulées par des francs-tireurs qui s’expriment dans des tribunes.
Au rang de ces derniers, on peut mentionner Nicolas Poincaré qui rappelle lors de l’émission Bourdin Direct sur RMC le 11 juin le palmarès de membres de la famille Traoré. Ce rappel des faits n’a pas l’heur de plaire à celle qui semble dicter non seulement la conduite du calendrier au gouvernement, mais également ce qu’il convient de dire et de ne pas dire. Nous apprenons en effet qu’Assa Traoré a porté plainte contre Nicolas Poincaré et Jean-Jacques Bourdin pour avoir diffusé le lourd casier judiciaire de membres de la famille Traoré. L’Obs nous apprend qu’Assa Traoré a déposé d’autre plaintes à l’encontre de personnalités politiques qui ont tenu des propos qui l’ont contrarié.
Parmi les commentateurs critiques de ce mouvement, on peut mentionner Guillaume Bigot qui dans un éditorial du 6 juin dénonce le parallélisme forcé entre George Floyd et Adama Traoré et la présomption de racisme qui s’impose peu à peu dans la société. D’autres éditorialistes viennent émettre de fortes réserves sur le mouvement importé des États-Unis : Céline Pina, Stéphane Rozés, Amine El Khatmi, Kevin Bossuet, Barbara Lefebvre, Laeticia Strauch-Bonart, Michel Onfray, etc.
Mais du côté des journalistes de grand chemin, c’est plutôt le franc soutien pour les manifestations dites « anti racistes ». Le 13 juin, 20 minutes nous informe que « Black lifes matter est devenu universel, c’est le me too des jeunes ». On aura compris que se tenir à l’écart d’un mouvement « universel » va être difficile…
Le zapping quotidien sur France 5 (« Vu ») est souvent un grand exercice de camouflage de journalisme d’opinion. Sous couvert de présenter les images révélatrices des dernières 24 heures, il s’agit en fait par le simple choix d’images d’émissions juxtaposées d’éduquer les masses. Ainsi le 10 juin, lorsque dans Vu on voit Pascal Praud dire que l’Etat ne se fait pas respecter, comme à la ZAD de Nantes et que cela a influencé des comportements lors de manifestations, ses propos sont immédiatement suivis d’un bébé qui vomit devant la caméra. La classe, non ? Nous avons évidemment droit lors de cette séquence de zapping aux propos poétiques et consolateurs de Christiane Taubira à l’égard d’Assa Traoré. Ce qui inspire ce commentaire à Éric Naulleau :
« Des statues sont jetées bas un peu partout, Christiane Taubira vient de déboulonner toute seule la sienne avec ce délire poético-kitch dédié à Assa Traoré et sa mère. Chute d’une icône ».
Le Parisien, à l’instar de nombreux autres médias, relaie largement l’initiative d’Omar Sy qui, des Etats-Unis où il réside, appelle dans une tribune publiée par L’Obs à dénoncer les violences policières en France. Le quotidien rappelle que l’acteur est un soutien de la famille Traoré depuis 2016.
Ces soutiens de people amènent selon Voici le réalisateur Olivier Marchal, un ancien policier, à « tacler » Omar Sy :
« J’en ai marre que des espèces d’acteurs de deuxième zone continuent à chier sur les flics alors que ce sont des gens qui vivent dans des quartiers privilégiés et qui font des métiers de privilégiés et qui surtout amènent ce discours de haine qui n’est pas acceptable pour moi ».
Les manifestations du 13 juin 2020 surexposées médiatiquement
En ce mois de juin, les manifestations se succèdent dans plusieurs grandes villes françaises pour faire plier le gouvernement et attiser les sentiments victimaires. Le 13 juin, de nouvelles manifestations « contre les violences policières et le racisme », bien qu’illégales, bénéficient d’une exposition médiatique maximale, en particulier grâce à France Info. La chaîne d’État rappelle avant le rassemblement lors de différents bulletins l’heure et l’itinéraire de la manifestation organisée à Paris, au cas où cela nous aurait échappé.
Antoine Chudzig reprend dans un tweet différents messages et émissions de la radio publique au sujet de la manifestation et du mouvement animé par la famille Traoré. C’est un véritable festival :
- des conseils sont donnés pour manifester malgré l’interdiction sanitaire,
- des témoignages de noirs et d’arabes « qui ont appris à éviter tout contact avec les forces de l’ordre par peur qu’ils se fassent arrêter, blesser voire tuer »,
- « Les propos racistes, c’est tout le temps, tous les jours. Chez les policiers, la prise de parole est rare. Mais certains ont accepté de témoigner ».
Tout est à l’avenant dans le registre victimaire. C’est ce que l’on appelle faire mousser la baignoire avec deux copeaux de savon. On aura compris que rien n’est exagéré sur le service public de l’information pour susciter des vocations de victimes jusqu’ici non révélées.
Comme Patrick Edery le souligne images à l’appui, ne comptons pas sur les médias de grand chemin pour nous éclairer sur les moyens dont dispose la famille Traoré lors des manifestations parisiennes. Ni sur les violences contre les policiers commises notamment lors des manifestations du 13 juin à Paris, Marseille, et Lyon. Pas davantage de commentaires sur des slogans parfois violemment anti policiers. Et quand des manifestants, voyant une banderole de militants identitaires dénonçant le racisme anti blancs, profèrent des insultes antisémites, c’est en mode vibreur que les médias de grand chemin en font état. Des militants identitaires encore une fois très critiqués sur France Info par un spécialiste qui évoque le 13 juin à 19h40 leur violence potentielle.
Fatiha Agag-Boudjahla commente pour sa part sur Twitter :
« Il faut m’expliquer pourquoi génération identitaire n’aurait pas le droit de s’exprimer, alors que c’est open bar, open ville pour les indigénistes (…). »
On aura compris que le 13 juin, le sujet du jour était de dénoncer le comportement et la violence de la Police, pas ceux des manifestants… Il aurait été dommage de ternir ce grand moment de communion. L’avenir nous dira combien de temps durera le cirque médiatique autour d’un mouvement qui peut poser des vraies questions mais qui est utilisé par une arrière-cour peu reluisante qui transpire l’esprit de revanche, le communautarisme et en ce qui concerne la gauche, la recherche d’un prolétariat de substitution.