La taqiya ou takiya ou takia c’est, au sein de l’Islam, la pratique de la dissimulation en territoire ennemi ou à conquérir. Nous avons déjà parlé des pudeurs des médias de grand chemin pour parler de Didier Lemaire, ce professeur de philosophie menacé à Trappes. Nous reprenons un article de la Fondation Polemia sur un reportage récent sur le même sujet.
Par Pierre Boisguilbert, journaliste spécialiste des médias et chroniqueur de politique étrangère ♦ Chaque matin, sur CNews, Jean-Marc Morandini présente son émission comme étant « contre les idées reçues et le politiquement correct ». C’est pour le moins abusif. Morandini est si peu Zemmour que, très souvent, il prend le contre-pied des sujets traités par l’éditorialiste ou par Pascal Praud. Il est plus dans le « pas d’amalgame » que dans la contestation du médiatiquement correct.
Un maire en sursis
C’est pourquoi, avec la tempête médiatique causée par les descriptions de l’islamisation de Trappes par le professeur de philosophie Didier Lemaire – qui, menacé pour racisme et islamophobie, va renoncer à enseigner –, l’animateur s’est rendu sur place. La démarche sur le principe est louable. Mais on est loin d’un vrai reportage. Dès le début, on a bien senti que l’idée était de relativiser et d’amener le téléspectateur à la conclusion : certes, il y a des problèmes à Trappes mais pas plus qu’ailleurs où, si la « diversité » est majoritaire, le territoire reste français et républicain. C’est d’ailleurs la position du maire de la ville, Ali Rabeh, membre du parti groupusculaire Générations.s créé par le socialiste Benoît Hamon, qui a eu tout loisir de la développer sur tous les plateaux de télévision.
Un maire tout de même plus près de l’annulation de son élection, voire de sa révocation, que des palmes académiques. En effet, le tribunal administratif de Versailles a annulé l’élection municipale de 2020 à Trappes, qui avait vu la victoire au premier tour d’Ali Rabeh, à la suite d’un recours d’une liste d’opposition, Engagement Trappes Citoyens, et de l’élu Othman Nasrou, par ailleurs premier vice-président de la région Île-de-France. Le maire a fait appel devant le Conseil d’État. De cela Morandini n’a pas parlé. Il aura fallu également des intervenants pour évoquer le sujet d’actualité à Trappes. Il s’agit en fait de la distribution de tracts à l’intérieur même du lycée du professeur de philosophie pour le décrédibiliser. Blanquer a condamné. Valérie Pécresse et Renaud Muselier, présidant respectivement les conseils régionaux d’Île-de-France et de Provence-Alpes-Côte d’Azur, ont quant à eux demandé le 12 février la « révocation » du maire de Trappes, qui aurait, selon eux, distribué un tract « attaquant frontalement » le professeur Lemaire dans le lycée même où cet enseignant s’estime menacé après avoir défendu son malheureux collègue assassiné, Samuel Paty.
« Cette intrusion dans un lycée, pour attaquer un peu plus encore un professeur déjà pris pour cible et sous protection policière, est inacceptable », s’indignent dans un communiqué les présidents des régions Île-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur, respectivement ex-LR et LR.
Morandini complice ?
Quand la question a été évoquée, le maire de Trappes a piqué une colère qui a en fait révélé qu’il avait obtenu de Morandini l’engagement de ne pas évoquer le sujet qui fâche. C’est gênant si c’est vrai. Ali Rabeh a ensuite montré qu’il n’acceptait pas la contradiction et qu’il avait du mal à se maîtriser quand tout n’allait pas dans son sens.
La dissimulation si chère aux islamistes a ses limites. Mais elle s’est révélée à ceux qui veulent voir. On a eu droit à la clientèle du maire, des femmes intégrées, mais fières de leurs origines, au salon de coiffure mixte avec deux clients et une cliente, au café inclusif en passant par des jeunes filles musulmanes aussi blondes et cheveux au vent pour certaines que libérées. Morandini a bien senti la sélection et la mise en scène, il les a évoquées mais jamais il n’a osé les dénoncer. Il a accepté que son cheminement dans le quartier autour du marché soit encadré par des curieux très attentifs… Il était certes en liberté, mais en liberté sinon surveillée, au moins encadrée.
Il y avait dans ce reportage instructif, souvent malgré lui, quelques vérités mais aussi beaucoup de dissimulation – la fameuse taqiya recommandée aux activistes musulmans –, et pas mal de soumission – islam en arabe.
Faire un reportage à Trappes avec le maire comme metteur en scène, cela limite l’intérêt de la chose, même s’il se trouva des opposants pour s’exprimer avec courage, dont un élu du RN habitué cependant de CNews. Quant au prêtre, on serait chrétien à Trappes qu’avec un tel pasteur on ne se sentirait pas forcément rassuré.
À quand une visite de Trappes avec le professeur Lemaire sous protection dans les « territoires occupés » islamisés, puisque tout le monde reconnaît désormais qu’ils existent ? Ça, Jean-Marc, ce serait vraiment hors du politiquement correct et des idées reçues.
Pierre Boisguilbert
16/02/2021