Après l’échec de la fusion TF1/M6, chacun graissait son fusil et préparait ses cartouches pour récupérer la chaîne. Et il fallait des cartouches bien lourdes pour y prétendre, un milliard d’euros au minimum, plutôt entre un milliard deux et un milliard et demi selon les spécialistes. Mais l’allemand Bertelsmann ne veut plus vendre.
Sur le ring, les champions se préparaient
Il y avait du beau monde, parfois l’alliance de la carpe et du lapin. Quelques prétendants avaient déjà approché Bertelsmann. Parmi ceux-ci, le couple franco-italien formé par Xavier Niel (Free, Le Monde, Nice Matin etc) et Silvio Berlusconi de Mediaset. Berlusconi âgé de 86 ans gâtouille sérieusement mais son empire est maintenant dirigé par ses enfants et il garde une réelle influence politique via son mouvement Forza Italia qui vient encore de recueillir 8% des voix aux élections législatives de septembre 2022 et qui comptera des ministres dans le futur gouvernement de Georgia Meloni.
Mais le Tchèque Daniel Křetínský qui se fait des bourses en vermeil (pardonnez l’expression) en exploitant à prix d’or des mines de charbon et de lignite, devenues des ressources rares et prisées, aurait pu aussi être sur les rangs. Après avoir racheté Marianne, Elle, Télé 7 jours, lancé Franc-tireur, pris une participation minoritaire dans Le Monde ou TF1, après avoir pris à distance le contrôle de fait de Libération, ses bénéfices lui permettent de plus hautes ambitions.
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Mais ce n’est pas fini. Il aurait fallu compter avec un trio de poids. Rodolphe Saadé (l’armateur CMA CGM) qui vient de racheter de haute lutte La Provence, associé à Stéphane Courbit le producteur audiovisuel qui contrôle également des sociétés de paris sportifs et à et à Marc Ladreit de Lacharrière (fondateur de Fimalac).
Bertelsmann ne veut plus vendre
C’est peu dire que Bertelsmann a été échaudé par l’échec de la fusion. La maison mère de RTL Group contrôle 49% de M6 Groupe qui comprend les chaînes de télévision M6, W9, 6ter, Gulli, Paris Première, mais aussi les radios RTL, RTL2, Fun Radio, et avait décidé de se retirer du marché télévisuel français. Le niet des autorités de contrôle les a pris à froid. Après ce refus, l’horloge jouait contre la vente : l’Arcom doit renouveler l’autorisation de diffusion de M6 sur la TNT en mai 2023, sept petits mois pour mener à bien une vente complexe où de nouveau l’autorité de la concurrence aurait eu son mot à dire. Son président Thomas Rabe a annoncé jeter l’éponge, laissant les salariés du groupe dans l’incertitude. RTL Group demeure convaincu que la consolidation du marché télévisuel en Europe est inéluctable, mais ce ne sera pas dans l’immédiat. Niel, Saadé, Křetínský, Bolloré peut-être resteront à l’affût sans compter des groupes étrangers qui pourraient s’intéresser à M6 qui reste très rentable.
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