L’OJIM a disséqué le 11 novembre dernier la stratégie médiatique de Donald Trump (Trump et les médias, le futur Berlusconi américain ?), pouvant lui servir de contre-feu à un potentiel Maidan à la sauce américaine (Victoire de Trump, Soros et ses alliés se rebiffent).
Dernière illustration : Trump a « convoqué » dans l’après-midi du 21 novembre les principaux patrons de la presse télévisée, accompagnés de leurs journalistes fétiches, à la « Maison Blanche du Nord-Est » : la Trump Tower. Accourant et croyant que cette réunion « off the record » porterait sur des questions de « business » devant permettre de structurer avec profit l’accès des journalistes au futur président, et alléchée par les futurs indices d’écoute, l’élite américaine des médias en deuil s’est retrouvée dans une salle de réunion devenue tribunal révolutionnaire.
Les accusés
Au banc des accusés se trouvaient :
- Pour CNN : Jeff Zucker, le président (et peut-être futur président de Fox News), suivi des célèbres Wolf Blitzer et Erin Burnett ;
- Pour Fox News : les dirigeants par intérim Bill Shine, Jack Abernethy, Jay Wallace, Suzanne Scott et Brian Jones ;
- Pour NBC : la présidente Deborah Turness ainsi que les stars Lester Holt et Chuck Todd, accompagnés du président de MSNBC, Phil Griffin ;
- Pour ABC : James Goldstone, George Stephanopoulos, Davis Muir, et Martha Raddatz ;
- Pour CBS : Norah O’Donnell, John Dickerson, Charlie Rose, Christpher Isham, et Gayle King.
Kellyanne Conway, la présidente de campagne de Trump avait organisé cette réunion juste au moment où les sondages de popularité de Trump sont au sommet, en déconnexion totale avec les attaques quotidiennes de la grande presse… cependant que la bourse grimpe depuis l’élection.
À voir le visage crispé de Wolf Blitzer sur les écrans du soir, ou celui de Chris Cuomo sur ceux du petit matin le jour suivant, et à entendre la litanie de leurs attaques anti-Trump, on pouvait se douter que c’était allé mal pour le matricule des médias et de CNN en particulier au moment où son actionnaire Time Warner est en cours de rachat par AT&T, après le malvenu scandale des débats truqués.
Il y a eu naturellement des fuites qui ont décrit un Trump « en rage ». Le site The Hill mentionnait lundi soir que le New York Post (donc Murdoch) avait reçu l’information de deux sources. L’une d’elle, peu habituée de ce genre de situation, déplorait que les invités se fussent retrouvés devant un «f–king Firing Squad », autrement dit un [p….n] de peloton d’exécution. Le Post précisait que Trump s’en est pris particulièrement à Jeff Zucker, reprochant à sa chaine de ne compter que des menteurs, concluant : « vous devriez avoir honte ! ».
Répétant à l’envi « nous sommes dans une salle emplie de médias mensongers, trompeurs, et malhonnêtes». Ne mentionnant pas par son nom Katy Tur, la journaliste de NBC, il a toutefois relevé ses « erreurs ». Passant ensuite au cas de Martha Raddatz, elle assise à la table, lui rappelant ses larmes à l’écran et en direct, lorsque la défaite de Clinton fut connue le soir de l’élection. Peu étonnant donc qu’elle eut croisé le fer avec lui lors du 2e débat présidentiel, plutôt que d’arbitrer la session.
Médias au régime sec
Les affaires étant les affaires, les dirigeants de presse ont tenté de négocier leur « accès » à la nouvelle administration Trump. Gayle King et Chuck Todd (CBS et NBC) ont ainsi déblayé le terrain, mais sans garantie pour l’avenir, la réunion terminée.
Ajoutant à l’outrage, l’équipe de Trump a qualifié d’excellente et de cordiale la réunion, avant de diffuser une mise à jour sur le travail de l’équipe de transition (qui met en place les nominations des ministres et hauts-fonctionnaires), un rappel du plan à cent jour, et la liste des décisions que Trump compte mettre en vigueur dès le premier jour… le tout sur Facebook ! Il semble clair que Trump, plutôt que de se battre « sur le terrain » de la presse, a choisi de leur imposer des « sanctions économiques » comme à de simples Irano-Russes : pas de conférence de presse depuis le 27 juillet, et aucune de prévue pour l’instant, a précisé Kellyanne Conway. Elle ajoute : « … au fait, cette réunion était confidentielle. Ceux qui organisent des fuites devraient y regarder à deux fois… »
Crédit photo : Gage Skidmore via Flickr (cc)