Il ne s’agit plus des simples agissements d’une entreprise privée, mais d’une censure apparemment encouragée par le FBI, y compris pour faire élire le « bon » candidat aux élections présidentielles, ceci en violant allègrement la constitution américaine et en particulier son premier amendement, garant de la liberté d’expression.
Twitter files et les frasques de Hunter Biden
Les « Twitter files », ou « dossiers Twitter », publiés par le nouveau propriétaire de Twitter, le milliardaire américain Elon Musk, concernent notamment la censure par les médias sociaux et les grands médias traditionnels – à l’approche de la dernière élection présidentielle qui a vu Joe Biden l’emporter contre le président sortant Donald Trump – de l’affaire de l’ordinateur portable de Hunter Biden, le fils du candidat démocrate empêtré dans de nombreuses affaires de corruption, de drogues et de mœurs. Ils concernent aussi la pratique du shadow banning à l’encontre des conservateurs et même des scientifiques qui ne s’alignaient pas sur la narration officielle concernant le Covid (avec une liste noire secrète des comptes dont les messages devaient être rendus le moins visibles possible) et le rôle joué par certains personnages clés au sein de la compagnie à l’oiseau bleu. Et ils concernent enfin la suppression du compte Twitter du président des États-Unis en exercice, Donald Trump, et la manifestation au Capitol qui a dégénéré quand les manifestants sont entrés de force dans le bâtiment du Congrès le 6 janvier 2021. Il y avait ainsi eu, au 12 décembre dernier, quatre lots de documents internes envoyés par le nouveau propriétaire de Twitter Elon Musk à des journalistes, et d’autres devaient sans doute suivre.
Musk et les réseaux sociaux
Face au discrédit jeté sur le nouveau propriétaire de Twitter par les grands médias français, rappelons que celui-ci n’est pas forcément un conservateur ou même un ennemi des démocrates. Voici ce qu’il écrivait lui-même le 10 décembre 2022 dans un tweet : « Est-ce que je pense que Trump aurait perdu de toute façon ? Oui. Et, pour rappel, j’ai soutenu Biden, Hilary et Obama. Néanmoins, il est évident que l’interférence des entreprises de médias sociaux dans les élections sape la foi des gens dans la démocratie et est mauvaise.
» Le milliardaire avait toutefois tweeté en juin qu’il avait voté pour un représentant républicain aux dernières élections pour le Congrès et qu’il « penchait » en faveur du gouverneur conservateur de Floride, Ron DeSantis, pour les primaires républicaines de 2024, ce qui avait suscité la rage de la gauche libérale américaine.
L’ingérence dans l’élection présidentielle de 2020 (en faveur de Joe Biden)
La première série de documents internes de Twitter – celle concernant la censure de l’affaire Hunter Biden à l’approche de l’élection présidentielle de 2020 – a été envoyée par Elon Musk au journaliste freelance Matt Taibbi, qui les a rendus publics dans un fil Twitter, avec la conclusion suivante sur les méthodes en vigueur à l’époque au sein de ce média social :
« Certains des premiers outils de contrôle de la parole avaient été conçus pour lutter contre les spams et les fraudeurs financiers et autres problèmes de ce type. Lentement, au fil du temps, le personnel et les dirigeants de Twitter ont commencé à trouver de plus en plus d’utilisations pour ces outils. Des personnes extérieures ont commencé à demander aussi à l’entreprise de manipuler la parole : d’abord un peu, puis plus souvent, puis constamment. En 2020, les demandes des acteurs connectés pour supprimer les tweets étaient une routine. Un cadre écrivait à un autre : “D’autres tweets à revoir remontés par l’équipe Biden.” La réponse revenait : “Traité.” » Taibbi nuance malgré tout un peu : « Les deux partis avaient accès à ces outils. Par exemple, en 2020, des demandes de la Maison Blanche de Trump et de la campagne de Biden ont été reçues et honorées. Cependant… ce système n’était pas équilibré. Il était basé sur les contacts. Et comme Twitter était et est très majoritairement composé de personnes d’une même orientation politique, il y avait plus de canaux, plus de moyens de se plaindre, ouverts à la gauche (c’est-à-dire aux démocrates) qu’à la droite. »
La responsable des affaires juridiques de Twitter en première ligne
En ce qui concerne la décision de ne pas parler du contenu compromettant de l’ordinateur de Hunter Biden, révélé par le New York Post à trois semaines de l’élection présidentielle en octobre 2020, Taibbi a écrit, sur la base des documents internes remis par Elon Musk que le journaliste a publié à l’appui de ses conclusions : « la décision a été prise au plus haut niveau de l’entreprise, mais à l’insu du PDG Jack Dorsey, l’ancienne responsable des affaires juridiques, de la politique et de la confiance Vijaya Gadde ayant joué un rôle clé » (un rôle que l’Observatoire du Journalisme a déjà mentionné en janvier 2021).
On peut voir dans les échanges entre Vijaya Gadde et l’ancien responsable de la confiance et de la sécurité, Yoel Roth, ainsi que le porte-parole de Twitter, Trenton Kennedy et Jim Baker, ancien conseiller général adjoint de cette compagnie, que les responsables de la firme américaine avaient du mal à trouver la justification de la décision qu’ils avaient prise, cette décision semblant avoir précédé la recherche des motifs. Finalement, il a été décidé de considérer qu’il s’agissait de documents piratés.
Il ne s’agit pas que de Twitter, les médias de grand chemin aussi
Et Twitter n’a pas été isolé dans ce choix. L’ensemble des médias sociaux, dont bien sûr Facebook, mais aussi des médias traditionnels penchant du côté libéral libertaire, largement majoritaires aux États-Unis, ont à l’époque décidé d’ignorer ou, s’il fallait en parler, de discréditer le scoop du New York Post sur le contenu de l’ordinateur de Hunter Biden qui était compromettant aussi bien pour le fils que pour le père. Ce contenu, dont notamment les échanges par e‑mail du fils, dévoilait en effet (ou confirmait, pour ce qui était déjà plus ou moins connu, notamment du fait des enquêtes dont il avait déjà fait l’objet) des éléments cruciaux sur la manière dont le fils Biden avait pu développer ses affaires dans les traces de son vice-président de père à l’époque de la présidence de Barack Obama. Des affaires juteuses réalisées, entre autres, en Ukraine et aussi en Chine, avec des entreprises chinoises sous le contrôle du régime communiste de Pékin.
Si certains de ces grands médias libéraux (tels les journaux New York Times et Washington Post ou les télévisions CNN, NBC et CBS) ont depuis reconnu l’authenticité des révélations du New York Post, ce sont les mêmes qui, aujourd’hui, relativisent très fortement les révélations d’Elon Musk sur la censure politique qui était pratiquée par Twitter et sur l’interférence de cette compagnie dans les dernières élections présidentielles (notamment par la censure et le shadow banning).
Le rôle étrange du FBI
Il n’a en fait jamais existé aucune preuve indiquant que l’ordinateur portable de Hunter Biden aurait été piraté. Au contraire, comme l’avait rapporté le New York Post en octobre 2020, c’est Hunter Biden lui-même qui est à l’origine de la fuite : il avait remis son ordinateur à un atelier de réparation du Delaware et l’avait ensuite oublié. L’entreprise de réparation en question, s’étant rendu compte que l’ordinateur abandonné par son propriétaire semblait contenir des éléments de nature délictueuse ou criminelle, l’avait ensuite remis à la police. Le FBI avait cet ordinateur entre ses mains depuis 2019 et avait donc tous les moyens de savoir que son contenu était authentique, d’autant que les dates et le contenu des messages de courriel compromettants pour Hunter Biden semblaient correspondre parfaitement à ce qui avait déjà été établi par les enquêtes dont il avait fait l’objet. Pourtant, en 2020, le FBI a clairement préparé le terrain auprès des médias pour déminer le terrain avant de possibles fuites sur ce contenu compromettant.
Les liens étroits FBI-Twitter
En effet, dans une déclaration sous serment, l’ancien responsable de l’intégrité du site de Twitter, Yoel Roth, a déclaré que les représentants de Twitter avaient des réunions « hebdomadaires » avec le FBI avant l’élection de 2020. « On m’a dit lors de ces réunions que la communauté du renseignement s’attendait à ce que les personnes associées aux campagnes politiques fassent l’objet d’attaques de piratage et que le contenu obtenu par ces attaques de piratage serait probablement diffusé sur les plateformes de médias sociaux, y compris Twitter », a déclaré Roth dans une déclaration faite en décembre 2020 à la Commission électorale fédérale. « J’ai également appris lors de ces réunions qu’il y avait des rumeurs selon lesquelles une opération de piratage et de fuite impliquerait Hunter Biden. »
Le 10 décembre 2022, le président du groupe républicain désormais majoritaire à la Chambre des représentants, a assuré dans l’émission « One Nation » de la chaîne FNC qu’il avait l’intention de convoquer devant une commission parlementaire consacrée à ce scandale 51 agents du renseignement américain qui avaient signé une lettre affirmant que les informations sur le contenu de l’ordinateur de Hunter Biden étaient une opération d’intoxication de la Russie.
Le même jour, le nouveau patron de Twitter prenait toutefois la défense du FBI qui « à de rares exception près, semble vouloir faire ce qu’il faut ». Le véritable problème, a assuré Elon Musk dans la suite de son tweet, c’est qu’« il ne fait aucun doute que Twitter a fonctionné comme une machine militante du Parti démocrate ».
D’autres révélations pourraient suivre, supportées par la publication de documents internes du géant de la Big Tech passé sous le contrôle d’Elon Musk, ce dernier ayant notamment évoqué des ingérences de Twitter dans les élections d’autres pays, comme par exemple lors des dernières élections au Brésil. A suivre.