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Ukraine : le Guardian revient sur ses erreurs

9 juin 2022

Temps de lecture : 3 minutes
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Ukraine : le Guardian revient sur ses erreurs

Temps de lecture : 3 minutes

Tardive lueur de lucidité. Avec trois mois de retard, certains médias de grand chemin commencent à reconnaître l’ampleur des erreurs commises par les Occidentaux face à la Russie et à la crise ukrainienne. Nous ne résistons pas au plaisir, en dernière minute, de publier la traduction (avec l’aide d’Antipresse) d’un large extrait de l’éditorial du rédacteur en chef économie du britannique Guardian, Larry Elliott, paru dans l’édition du 2 juin 2022.

Catastrophe humanitaire mondiale

Les effets per­vers des sanc­tions se traduisent par une hausse des coûts du car­bu­rant et des den­rées ali­men­taires pour le reste du monde — et l’on craint de plus en plus une cat­a­stro­phe human­i­taire. Tôt ou tard, un accord doit être con­clu. Le Krem­lin pense que le seuil de tolérance de la Russie à la douleur économique est plus élevé que celui de l’Occident, et il a prob­a­ble­ment rai­son sur ce point. Cela fait main­tenant trois mois que l’Occident a lancé sa guerre économique con­tre la Russie, et cela ne se passe pas comme prévu. Au con­traire, les choses vont même très mal.

Les sanctions par défaut

Les sanc­tions ont été imposées à Vladimir Pou­tine non pas parce qu’elles étaient con­sid­érées comme la meilleure option, mais parce qu’elles étaient meilleures que les deux autres plans d’action disponibles : ne rien faire ou s’impliquer mil­i­taire­ment. (…) Il n’y a cepen­dant aucun signe immé­di­at de retrait de la Russie de l’Ukraine et ce n’est guère sur­prenant, car les sanc­tions ont eu l’effet per­vers de faire grimper le coût des expor­ta­tions de pét­role et de gaz de la Russie, aug­men­tant mas­sive­ment sa bal­ance com­mer­ciale et finançant son effort de guerre. Au cours des qua­tre pre­miers mois de 2022, Pou­tine pour­rait se tar­guer d’un excé­dent de la bal­ance courante de 96 mil­liards de dol­lars (76 mil­liards de livres ster­ling), soit plus du triple du chiffre de la même péri­ode en 2021.

Le gaz sans doute mis de côté

Le Pre­mier min­istre estonien, Kaja Kallas, a déclaré que la prochaine série de sanc­tions sera “poli­tique­ment dif­fi­cile à adopter”. Les dirigeants de l’UE affir­ment que le gaz ne fera prob­a­ble­ment pas par­tie de la nou­velle série de sanc­tions con­tre la Russie. Lorsque l’UE a annon­cé son inter­dic­tion par­tielle des expor­ta­tions de pét­role russe en début de semaine, le coût du pét­role brut sur les marchés mon­di­aux a aug­men­té, offrant au Krem­lin une nou­velle manne financière.
La Russie n’éprouve aucune dif­fi­culté à trou­ver des marchés alter­nat­ifs pour son énergie, les expor­ta­tions de pét­role et de gaz vers la Chine en avril ayant aug­men­té de plus de 50 % par rap­port à l’année précédente.

L’activisme moral comme impératif idéologique

Il faut relever dans cet arti­cle un argu­ment inso­lite : on y affirme en effet que ces sanc­tions absur­des et sui­cidaires n’étaient pas «la meilleure option », mais qu’elles valaient quand même mieux que les deux autres « plans d’action disponibles » : A) ne rien faire, B) s’impliquer mil­i­taire­ment. Evidem­ment, il n’existe aucune option plus mau­vaise, dans l’absolu, que de déclencher l’extinction de l’humanité avec le plan B. Mais il est intéres­sant que dans la men­tal­ité actuelle des Occi­den­taux, l’option A (ne rien faire) est con­sid­érée « pire » qu’un acte autode­struc­teur. En d’autres ter­mes, la stu­pid­ité désor­mais sys­témique des com­porte­ments occi­den­taux appa­raît comme la con­séquence d’un activisme moral devenu un impératif idéologique absolu. Le sui­cide est au bout du chemin, avec ou sans l’aide des russes.

Source : L’An­tipresse du 5 juin 2022. Les inter­titres sont de notre rédaction.

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