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Ukraine : le nécessaire « tri » entre migrants, la question que les médias de grand chemin ne veulent pas poser

21 mars 2022

Temps de lecture : 5 minutes
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Ukraine : le nécessaire « tri » entre migrants, la question que les médias de grand chemin ne veulent pas poser

Temps de lecture : 5 minutes

La guerre en Ukraine qui a débuté le 24 février dernier entraine d’importants mouvements de population. Le gouvernement français a rapidement annoncé que notre pays allait accueillir des réfugiés ukrainiens. Parmi les “migrants” qui arrivent en France, nombre d’entre eux n’ont pourtant pas la nationalité ukrainienne. Ceux qui l’ont souligné ont rapidement et vertement été critiqués par des médias de grand chemin. Était-ce justifié ? Revue de presse.

Le tir de barrage au « tri » des migrants

La ques­tion d’un tri entre refugiés ukrainiens et extra-européens a d’abord émergé lors de leur sor­tie du ter­ri­toire ukrainien. Le jour­nal La Croix, suivi par de nom­breux autres médias, souligne ain­si le 1er mars que « les autorités fai­saient le tri à la fron­tière ukraini­enne ». Le jour­nal d’extrême gauche Poli­tis est encore plus explicite et par­le d’un « tri racial » entre réfugiés.

Cette polémique ne s’est pas arrêtée là. Dans son édi­tion du 9 mars, le jour­nal Le Figaro révélait que par­mi les 5 000 pre­miers migrants venant d’Ukraine arrivés en France à cette date, « 30 % sont des migrants d’autres nation­al­ités, dont beau­coup d’Al­gériens », suiv­is par les Ivoiriens, les Maro­cains et les Indiens.

Cette infor­ma­tion allait provo­quer un tir de bar­rage de nom­breux médias de grand chemin français favor­ables à l’accueil incon­di­tion­nel des migrants.

« Ukrainiens, Syriens, Afghans… l’accueil des réfugiés en France est-il à géométrie vari­able ? », s’interroge le Parisien en père la morale le 2 mars.

L’Express se fait la porte-parole des migrants le 3 mars : « Alors que les ini­tia­tives se mul­ti­plient en France pour accueil­lir les réfugiés ukrainiens, une éventuelle hiérar­chi­sa­tion entre deman­deurs d’asile sus­cite la polémique. »

L’Alsace s’empresse le 14 mars de faire une « dés­in­fox » de l’article du Figaro. Le quo­ti­di­en région­al estime que « les chiffres offi­ciels «  ne dis­ent pas que 30% des réfugiés venus d’Ukraine ne sont pas Ukrainiens(…) Ven­dre­di, le min­istère de l’In­térieur a dit à l’AFP que 97,5% des 10 007 per­son­nes en prove­nance d’Ukraine con­trôlées sur le ter­ri­toire nation­al par la police aux fron­tières depuis le 25 févri­er avaient la nation­al­ité ukrainienne ». 

Un faisceau d’indices troublant

Alors, la ques­tion d’un nou­veau coup de bluff à l’occasion de la guerre en Ukraine pour faire accepter tou­jours plus d’immigration extra-européenne était-elle déplacée ?

Sur les réseaux soci­aux, le député Aurélien Taché ex-LREM met en scène son accueil de « réfugiés d’Ukraine ». A voir la pho­to illus­trant cet accueil, nous soulignions le 15 mars que cer­tains arrivent jusqu’en France, plus enfants du soleil que de Kiev.

Bouli Bil­ly relaie un arti­cle de La République du cen­tre inti­t­ulé : « Orléans accueille ses pre­miers réfugiés “ukrainiens” ». Il est illus­tré par la pho­to de Mohamed et de sa famille.

Les Envahis retweete pour sa part un arti­cle de Paris Nor­mandie con­sacré à l’arrivée de Yous­souf à Val-de-Reuil.

Rares sont les jour­nal­istes à être allés sur le ter­rain pour véri­fi­er si l’accueil des réfugiés ukrainiens en France crée un effet d’aubaine. Il est vrai que le sujet est inflammable.

Jean Bex­on est de ceux-là. Il a pub­lié sur le site Boule­vard voltaire un reportage vidéo au cen­tre Accueil Ukraine, dans le XVIIIe arrondisse­ment de Paris, près de la porte de la Chapelle. Il con­state la présence de « nom­breux jeunes Africains par­mi les réfugiés d’Ukraine ».

Il relate ses con­stats dans l’article écrit à l’occasion de cette enquête :

« Une autre grande pièce jouxte la salle de récon­fort. Une quar­an­taine de jeunes hommes, étu­di­ants algériens pour cer­tains, orig­i­naires d’Afrique sub­sa­hari­enne pour d’autres, enreg­istrent un pré-dossier d’accueil ».

Un chauf­feur salarié d’une com­pag­nie de trans­port privée témoigne : « « Toute la journée d’hier, j’ai vu des “Blacks” ressem­blant aux migrants que l’on croise habituelle­ment dans Paris ».

Voir aus­si : Réfugiés ukrainiens, vraiment ?

Une initiative pour favoriser l’accueil des étudiants africains en France

La présence de nom­breux Africains par­mi les réfugiés ukrainiens est-elle si étonnante ?

Selon un arti­cle du 3 mars du jour­nal L’Opinion, le Con­seil prési­den­tiel pour l’Afrique créé par Emmanuel Macron effec­tu­ait déjà à cette date avec l’association CAAP Edu­ca­tion un recense­ment des étu­di­ants africains encore présents en Ukraine afin de « pré­par­er leur accueil » en France. Les autorités français­es et les direc­tions d’université auraient ensuite été sol­lic­itées pour accueil­lir les étu­di­ants africains dans notre pays.

Le site d’information Breizh info souligne dans un arti­cle du 10 mars l’importante com­mu­nauté extra-européenne par­mi les étu­di­ants étrangers en Ukraine.

Le tri des migrants est-il illégitime ? Peut-on nier que l’ouverture en grand des fron­tières entraine des effets d’aubaine ?

Selon une source du min­istère de l’intérieur citée par le Figaro, « « la plu­part des per­son­nes qui étaient refoulées à l’époque ( à la fron­tière avec la Biélorussie, suite à son offen­sive migra­toire lancée en juin 2021 NDLR) ont pu pass­er depuis et la guerre a rebat­tu les cartes ». 

Le jour­nal Le Pro­grès nous apprend le 1er mars que les migrants orig­i­naires d’Afrique, d’Asie et de Proche-Ori­ent qui arrivent à pied après plusieurs jours de marche à la fron­tière polon­aise se compteraient d’ores et déjà par mil­liers. Beau­coup se feraient pass­er pour des étu­di­ants pour entr­er dans l’Union européenne.

Et pour tous ceux qui ont abusé de la générosité française à l’occasion de cette mobil­i­sa­tion pour l’accueil des réfugiés ukrainiens ?

Un blog d’avocats nous informe de la paru­tion le 10 mars d’une instruc­tion min­istérielle. La réponse de l’administration à chaque sit­u­a­tion y est claire­ment définie.

La con­duite à tenir vis-à-vis des « per­son­nes ne rel­e­vant pas de la pro­tec­tion tem­po­raire », en par­ti­c­uli­er les «  ressor­tis­sants de pays tiers qui sont en mesure de regag­n­er leur pays d’o­rig­ine dans des con­di­tions sûres et durables » est explic­itée claire­ment : « Vous exam­inerez le droit au séjour de ces per­son­nes ».

Traduit en lan­gage courant, cela veut dire qu’un titre de séjour peut être délivré aux extra-européens qui se présen­tent à l’administration et qui ne fuient pas la guerre. Nous voilà ras­surés. L’extrême gauche, comme cela transparait dans un arti­cle de Libéra­tion du 11 mars, jubile. L’accueil tou­jours plus mas­sif et « incon­di­tion­nel » d’étrangers extra-européens est en bonne voie. La sub­mer­sion migra­toire tranquille.

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