Le Berliner Zeitung est l’un des 3 principaux quotidiens régionaux de Berlin, fondé en 1945, à Berlin-est, idéologiquement de centre gauche. Il s’est illustré fin août 2022 en prenant un ton à revers de la majorité de la presse allemande sur le président ukrainien Zelensky, quasiment sanctifié de son vivant par les médias.
Berlin. Longtemps, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a su rallier son peuple derrière lui. Pendant les 6 premiers mois, il était un héros, un leader, solide comme le roc.
Mais aujourd’hui, de sérieuses accusations s’élèvent à son encontre. Le président aurait menti à la population et caché les avertissements de guerre des services secrets américains avant l’invasion russe.
Le silence de Zelensky est « un crime »
La célèbre dramaturge Kateryna Babkina accuse Zelensky de ne pas avoir préparé les Ukrainiens à la guerre imminente. « Ce n’est pas un oubli, ce n’est pas une erreur, ce n’est pas un malheureux malentendu, ce n’est pas une erreur de jugement stratégique — c’est un crime », a‑t-elle déclaré comme le cite un article du journal allemand Handelsblatt.
Sevgil Musayeva, rédactrice en chef du journal Ukrainska Pravda, accuse Zelensky de désinformation ciblée. Avant la guerre, le président aurait caché l’ampleur de la menace et n’aurait pas pris la population au sérieux. Il aurait presque « soulevé des doutes sur les capacités intellectuelles de millions d’Ukrainiens ».
Zelensky responsable de « pertes humaines »
Musaeva va même plus loin : parce que Zelensky aurait négligé les préparatifs de guerre, il serait responsable de « pertes humaines concrètes ». Son comportement soulèverait des questions pressantes auxquelles tôt ou tard « il faudra répondre honnêtement ».
La députée Iryna Geraschenko accuse le gouvernement de Zelensky d’avoir fixé de fausses priorités. Au lieu de préparer le pays à l’invasion russe et de « trier les collaborateurs », les services secrets du SBU (Service de sécurité d’Ukraine, n.d.t.) auraient « chassé » l’ex-président Petro Porochenko.
Voir aussi : L’Express, parfait exemple de propagande de guerre
Zelensky se justifie : nous voulions éviter la panique
Zelensky en personne a récemment justifié (donc admis) la décision de ne pas préparer ouvertement la guerre en disant qu’il ne voulait pas paniquer son pays. Les États-Unis l’auraient averti d’une invasion russe à partir de l’automne 2021, a‑t-il déclaré au Washington Post. Il aurait voulu éviter un effondrement économique et garder la population dans le pays.
S’il avait dit à ses compatriotes de faire des réserves d’argent et de nourriture, il déclare que : « j’aurais perdu 7 milliards de dollars chaque mois depuis octobre dernier ». S’il avait publiquement partagé les avertissements de Washington — plutôt que de répandre de prétendues conclusions de ses propres agences de renseignement à effet contraire — les investisseurs seraient partis et les usines auraient déménagé. « Et la Russie attaquant ensuite, nous aurait vaincus en trois jours. » Maintenir le peuple en Ukraine aurait été essentiel pour la défense nationale.
L’Ukraine en hiver : les Russes détruisent-ils tous les conduits de chauffage de ville ?
À l’approche de l’automne et de l’hiver, l’Ukraine déchirée par la guerre sera confrontée à des défis considérables. Les experts parlent de crise du chauffage, de crise économique, de crise politique. L’armée russe pourrait (?) détruire toutes les centrales électriques et les conduites de chauffage de ville avant le début de l’hiver – afin que la population ukrainienne subisse le froid, soit démoralisée et s’enfuie.
De son côté, face à la gravité de la situation, Oleksandr Danylyuk, coordinateur du mouvement des droits civiques Cause commune, appelle à mettre fin aux critiques de Zelensky. Le conflit interne et les « chamailleries politiques qui ont à nouveau éclaté » ne profiteraient qu’à la Russie ennemie. L’Ukraine aurait remporté (?) de bons succès militaires et devrait continuer dans cette voie.
Source : Berliner Zeitung, 28/08/2022. Traduction : AC