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Ultra-gauche : deux médias dans le collimateur de la justice

25 mai 2015

Temps de lecture : 3 minutes
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Ultra-gauche : deux médias dans le collimateur de la justice

Temps de lecture : 3 minutes

Deux médias d’« ultra-gauche », dits aussi médias libertaires ou auto-médias, sont actuellement dans le collimateur de la justice. L’un d’eux est situé à Toulouse et l’autre dans le Jura.

À Toulouse, l’au­teur pré­sumé d’un arti­cle faisant le compte-ren­du de la man­i­fes­ta­tion du 21 févri­er 2015 sur le site IAATA.info a été inter­pel­lé le 6 mai, placé en garde à vue et mis en exa­m­en pour “provo­ca­tion publique à la com­mis­sion d’un délit ou d’un crime”. Il sera jugé le 29 juin. L’in­di­vidu est soupçon­né par les policiers d’être un admin­is­tra­teur du site IAATA.info (infor­ma­tion anti-autori­taire Toulouse et alen­tours), un média proche de l’ex­trême-gauche toulousaine.

Dans son arti­cle plein de ressen­ti­ment envers les “bakeux qui ont rapi­de­ment trans­for­mé la man­i­fes­ta­tion en désor­dre inté­gral, l’au­teur donne quelques con­seils pour que les man­i­fes­ta­tions soient plus réussies à l’avenir. Par exem­ple, “il est inutile de pani­quer lorsque les lacry­mos tombent à prox­im­ité; on peut plutôt les relancer vers les flics”. Ou, un peu plus loin : “il est pos­si­ble de dés-arrêter une per­son­ne qui s’est fait chop­er. Une arresta­tion aurait pu être évitée si tous-tes ensem­ble on était retourné chercher la per­son­ne”. Un para­graphe plus loin, il donne des con­seils pour retenir la police avec des ban­deroles, tan­dis que “d’autres s’at­taque­nt à des cibles, dépavent la rue, mon­tent des bar­ri­cades etc.” Dernier petit con­seil fumant : “à plusieurs, on peut rapi­de­ment met­tre une voiture en tra­vers de la route, voire l’enflammer”.

Bien que les faits soient étab­lis, IAATA.info crie à la cen­sure et à la répres­sion poli­cière dans un com­mu­niqué qui a été con­tre­signé par le ban et l’ar­rière-ban des sites d’in­for­ma­tions de l’ul­tra-gauche. Le mis en cause, âgé de 40 ans, clame son inno­cence en affir­mant que près de 150 con­tribu­teurs ali­mentent le site participatif.

Dans le même temps, un autre média d’ultra-gauche est dans le col­li­ma­teur de la jus­tice, pour des faits qui datent de… 2010. A l’époque, Le Jura Lib­er­taire, et son annexe Indy­media Greno­ble pub­lient une enquête met­tant en cause la BAC qui avait abat­tu un braque­ur, Karim Boudou­da dans une cité sen­si­ble de Greno­ble. Ce qui avait don­né lieu à plusieurs nuits d’émeutes où les policiers avaient notam­ment essuyé des tirs à balle réelles. Suite à la pub­li­ca­tion de cet arti­cle, le min­istre de l’In­térieur — alors Brice Hort­e­feux — avait annon­cé le 26 juil­let qu’il por­tait plainte con­tre les deux sites pour “injure et diffama­tion publiques envers une admin­is­tra­tion publique”.

Du fait de l’im­pos­si­bil­ité de repér­er les auteurs d’Indy­media Greno­ble, dont l’héberge­ment est dis­per­sé à tra­vers le monde, c’est le seul respon­s­able légal du Jura Lib­er­taire, un chômeur déjà con­damné en 2008 pour out­rage, qui passe cinq ans après les faits devant la 17ème cham­bre cor­rec­tion­nelle du tri­bunal de grande instance de Paris. Le procès du “blog qui nique la police” est d’une cer­taine façon aus­si celui des forces de l’or­dre puisque y témoignent par exem­ple le chercheur en sci­ences sociales et « mil­i­tant anti-sécu­ri­taire » Matthieu Rigouste ou encore la sœur d’un homme tué par la police, Amal Ben­toun­si, elle-même pour­suiv­ie par Manuel Valls pour diffama­tion con­tre la police et relaxée.

Tran­chant avec la lour­deur de la machine judi­ci­aire, qui tourne depuis bien­tôt cinq ans, le pro­cureur a req­uis une amende de… 200 euros dont la mod­estie cadre cepen­dant avec les revenus du prévenu. Le ver­dict sera ren­du le 16 juin. En revanche Le Jura Lib­er­taire a déjà annon­cé qu’il met­tra fin aux pub­li­ca­tions une fois le juge­ment rendu.

Crédit pho­to : DR

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