Le site d’investigation Mediapart consacre ces jours-ci une enquête en deux volets sur les dérives du PS en Seine-Maritime, le « fief » de Laurent Fabius. Le second volet traite plus particulièrement des nombreux militants et amis du PS salariés par le parti, ainsi que des collectivités que celui-ci contrôle, ou contrôlait. Une professionnalisation poussée de la vie politique qui faisait confortablement vivre de la politique des militants déconnectés du « monde réel ».
Au cours de l’enquête, l’on apprend ainsi qu’Alain Gerbi, ancien rédacteur en chef de France 3 Normandie, “ami de longue date de Laurent Fabius”, a lui-même été embauché par le PS. Ayant pris sa retraite de journaliste en 2002, il a été salarié à mi-temps de 2008 à janvier 2015 par la fédération, pour un salaire plutôt généreux de 2300 euros.
Selon ses propres déclarations à Mediapart, monsieur Gerbi faisait du « media-training » – c’est à dire qu’il préparait les élus aux interviews – ainsi que des vidéos pour le site internet. Mais une élue PS citée par Mediapart voit les choses autrement : « Ça n’allait pas loin son media-training. C’était : “Posez votre voix et mettez un foulard.” (…) Mais la deuxième fois que tu le vois pour préparer une interview sur France 3, tu comprends vite que son rôle, c’est surtout de récupérer les questions à l’avance…» ce que s’est empressé de réfuter l’intéressé.
Reste une question de déontologie qui jette immanquablement un voile de suspicion sur la carrière d’Alain Gerbi : un journaliste ayant suivi l’homme fort du PS local (et ténor national) sans complaisance aurait-il été embauché par ce même parti ? Il est permis d’en douter.